Où va l’argent des riches ?

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Par Daniel Moinier Publié le 22 octobre 2018 à 6h01
France Etat Redistribution Richesses Impots
640 000Les 1% de revenus avec un seuil à 159 300 euros, sont 640 000

Depuis plusieurs présidentielles, les riches sont souvent vilipendés, décriés, tant par certains présidents que par nos concitoyens.

Les riches perçus différemment en fonction du temps et du président

Cela a vraiment commencé avec la vignette automobile créée par le gouvernement socialiste du Front républicain de Guy Mollet parce qu’il y avait 2 millions de « vieux à aider » et d’un autre côté 2 millions de « riches » qui possédaient une voiture, signe de richesse ! A la même date, autre invective de la part d’André Lajoinie membre du PCF, reprenant les paroles de Pierre Joxe, annonce comme une menace : « Nous ferons tout pour faire rendre gorge aux Willot » qui venaient de reprendre l’empire Boussac.

Autre « mésaventure » du président Nicolas Sarkozy, dénommé Président « blingbling » des riches surtout après son escapade sur le Yacht de Vincent Bolloré suite à son élection. Ce sont surtout les membres du parti socialiste dont en premier François Hollande, qui ont mis le feu aux poudres en dénonçant une forme d’arrogance, d’insulte, de faute de goût, de loisirs sponsorisés, de vacances de milliardaires.

François Hollande, lui qui s’en est encore pris aux riches, en annonçant : « Je n’aime pas les riches ». Pétri de culture-démocrate, il s’est conduit une trajectoire politique en se faisant passer comme l’ennemi des riches. Il a même été beaucoup plus loin en annonçant que l’on était riche à partir de 4 000 euros par mois !

Qui sont les hauts revenus en France ?

Le Président en exercice, Emmanuel Macron n’a pas échappé à la règle, dénommé rapidement comme le Président des riches à la suite de certaines mesures en direction des entreprises ou plutôt du patronat et des riches.

Avant de savoir comment ils dépensent leur argent, il est intéressant de découvrir qui sont les hauts revenus et comment sont-ils classés.

Ils sont classés en trois catégories inclues dans ceux qui gagnent 1% des plus hauts revenus.

Les 1% de revenus avec un seuil à 159 300 euros, sont 640 000 ; activité libérale, dirigeants de PME financières et assurances, avocats, médecins spécialistes, chirurgiens... Les 0,1% des revenus avec un seuil de 390 000 euros, sont 64 000 ; cadres grandes entreprises, banquiers d’affaires, traders, gestionnaires de fonds, entrepreneurs du Web...

Les 0,01% des revenus avec un seuil à 1 million d’euros, sont 6 400 ; dont Kylian Mbappé 10,6 millions d’euros, Dany Boom 8,4 millions, acteurs, sportifs, PDG, DG, financiers... En France, les deux tiers sont des héritiers, comme d’ailleurs en Allemagne, contrairement aux Etats-Unis et en Grande Bretagne où les trois-quarts sont des créateurs d’entreprise.

On peut actuellement distinguer deux catégories de riches :

  • Les héritiers et riches qui ne donnent pas dans le faste tapageur des Wonders Bys américains ou oligarques russes. Ceux-ci peuvent être encore divisés en deux :

Les actifs et inactifs, ces derniers ne gérant pas d’affaire sont anxieux avant tout de maintenir le patrimoine qu’ils ont reçu.

  • Les selfs-made-men qui ne doivent leur richesse qu’en eux-mêmes se sentant libre d’en faire ce bon leur semble.

Alors où va donc l’argent des riches ?

En premier, ils le dépensent et font généralement « tourner la machine ».

Selon Statista.com, au plan mondial, les quelques 2325 milliardaires ont dépensé plus de 438 milliards de dollars pour se « payer » des voitures de luxe, des bolides de prestige, 278 milliards de dollars pour des bijoux, parfums de marque, habillement…Leurs nombre augmentant, leurs dépenses aussi à plus 1 200 milliards de dollars. Soit l’équivalent de 53 millions de dollars par tête d’ultra-riches !

Avec le tableau ci-dessus, vous avez un aperçu plus précis des dépenses effectuées par les plus riches. Toutes celles-ci alimentant le développement de l’économie. Certains secteurs et entreprises étant principalement dépendant de ces achats. Le groupe LVMH dirigé par Bernard Arnault emploie plus de 30.000 personnes en France. Le Groupe Kering dirigé par François Pinault emploie 13.000 personnes en Europe.

En dehors de ces dépenses, ils créent des sociétés d’investissement, tel Téthys Invest par Françoise Bettencourt pour accompagner des entreprises en fort développement, y compris grandes écoles, cliniques privées…et bien sûr dans des œuvres caritatives et de développement humain.

Ils misent aussi sur le private equity (François Pinault), tel Red River West ; fonds pour soutenir La French Tech française aux Etats-Unis. Ainsi que les Mulliez (Groupe Auchan…) avec son capital investissement Creadev. Autre fortune pionnière du Web, Xavier Niel patron de Free est activiste de la cause entrepreneuriale arrosant des milliers d’entreprises, en versant près de 1 milliard pour donner un coup de pouce aux jeunes entrepreneurs français, avec son Ecole 42 gratuite et accessible sans bac, pour former des milliers de développeurs informatiques et aussi avec son incubateur Station F qui soutient un nombre considérable de start-up.

Tout un autre pan de dirigeants d’anciennes start-up, grandies et revendues, utilisent leurs millions pour donner des coups de pouce aux jeunes : Marc Simoncini (Jaïna Capital), Jacques-Antoine Grangeon (Ventes Privées)…

D’autres après la revente peuvent devenir invisibles en continuant de s’enrichir grâce à la méthode du cash, tel Fabrice Grinda (Aucland), Pierre Kosciusko-Moriset (Price Minister), Jean-David Blanc (Allociné), Pierre-Edouard Stérin (SmartBox), Nicolas Chartier (AramisAuto), Geoffroy de Becdelièvre (Voyages Marco Vasco), Stéphane Boukris (Ametix), Céline Lazorthes Leetchi), Ptrick Dalsace (La Fourchette), Rachel Delacour (Bime Analytics). D’autres encore ont fait de la redistribution, tel le fondateur de Criteo, Jean-Baptiste Rudelle voulant donner un sens à leur rapide fortune, lors de l’introduction en bourse de son entreprise de reciblage publicitaire personnalisé sur internet, a fait plus de 50 millionnaires chez ses employés fondateurs et premiers employés. Chez Talend, c’est 180 millions qui ont été redistribués à 30 collaborateurs. Pierre-Edouard Stérin quant à lui, a reversé 160 millions à 50 collaborateurs devenus dans ces deux cas, millionnaires.

Ceux qui connaissent le succès, en général évitent de frimer s’attachant à ne pas provoquer de jalousie ou de se faire remarquer par le fisc.

D’autres se reconvertissent dans les business angels de la tech nationale.

Autre direction prise par les plus riches ; la philanthropie.

Après les Etats-Unis, le give back a touché la France, question de noblesse et d’éthique : Rendre à la collectivité ce qu’elle lui a donné. Cela commence par exemple par les diners de charité, céder une part de sa fortune, créer des fondations. Aux Etats-Unis, le fondateur de Microsoft ; Bill Gates avec Warren Buffet et 38 ultrariches, ont pris l’engagement de verser de leur vivant ou à leur mort au minimum 50% de leur patrimoine pour servir des causes d’intérêt général. Tim Cook, directeur général d’Apple a fait don de toute sa fortune à des œuvres caritatives.

En France, les freins sont plus philosophiques et culturels avec un rôle donné à l’état, garant de l’intérêt général. Le mécénat a pourtant fortement augmenté depuis quelques décennies. Cela permet de souder la famille autour de valeurs. Axelle Davezac directrice de la Fondation de France, a pu constater l’engouement pour les dons aux bonnes œuvres. Geoffroy Roux de Brezieux, le nouveau Président du Medef a créé sa fondation Araok en 2005 après avoir vendu Phone House. Gérard Brémont fondateur de Pierre et Vacances a décidé de léguer à sa mort une grande partie de sa fortune à sa fondation « Ensemble ». Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) en 1991, a créé la Fondation Agir contre l’exclusion, puis en 2006, la Fondation Culture & Diversité pour favoriser l’accès à la culture à des jeunes issus de milieux modestes. Il a aussi légué sa collection personnelle d’art évaluée à 50 millions d’euros au musée du Quai Branly, tout en refusant les ristournes fiscales.

En France les ultrariches ne sont pas en reste :

Bernard Arnault (LVMH) avec sa fondation Louis Vuitton a souhaité offrir à Paris un lieu d’exception pour l’art et la culture, en confiant à Frank Gehry la réalisation d’un bâtiment emblématique du XXIe siècle. La fondation contribue aussi à la mise en place de très nombreuses expositions internationales.

A cela s’ajoute « Les journées particulières » visibles dans 13 pays, « la Maison LVMH », dédiée aux arts et artistes, « L’Académie de l’Environnement » pour un nouveau référentiel HQE (Haute Qualité Energétique). On peut citer encore : « Life in Store », « Diner des maisons engagées », « We Car For Modeles », « ELLES VMH », et la toute dernière : « Prize 2018 » pour les espoirs de la mode.

François Pinault n’est pas en reste non plus avec la collection d’arts contemporains, installée dans l’ancienne bourse de commerce entièrement rénovée, une résidence d’artistes près du Louvre-Lens, des expositions Pinault en France et dans le monde, la restauration de la maison de Victor Hugo « Hautevelle House » de Guernesey pour 3 millions d’euros…

D’autres comme la Fondation Total qui s’est associée à la Fondation du patrimoine et La fondation Bettancourt Schueller qui s’attache à développer des projets dans les sciences de la vie, la culture et en actions sociales.

Citer toutes les œuvres, fondations, etc… seraient démentiel tant il en existe, simplement en France !

Pourquoi donnent-ils ?

  • Se faire du bien, rendre heureux

  • Changer le monde

  • Ouvrir la voie à la croissance économique

  • Continuer d’embaucher des talents

  • Conserver des clients

  • Faire partie d’une communauté

  • Changer le monde

  • Lutter contre les inégalités

  • Ouvrir la voie à la croissance par ricochets

  • C’est le seul moyen de retarder ou éviter une révolution pouvant emporter tout le système

  • C’est un acte de justice

  • Un confort personnel et celui de la famille

  • Des impôts importants comme acte de citoyenneté

Comte Sponville disait lors d’une de ses conférences, « si l’on supprime les riches, il ne restera que des pauvres, un peu moins mais pauvres tout de même ».

En France le patrimoine des plus riches fortement touché par la dernière crise de 2008, avait reculé d’un tiers en deux ans. Puis il a repris sa marche en avant avec la reprise économique sur laquelle ont surfé les entreprises internationales qui sont en général, les plus dynamiques et les plus exportatrices.

Je n’ai pas abordé les exilés fiscaux, argent en partie perdu momentanément pour la France côté économie. La pression exercée par le gouvernement Philippe a fortement freiné les envies de départs, mais a eu peu de succès pour les retours !

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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