Panne d’Orange : les conséquences inattendues sur les services publics

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 3 juin 2021 à 9h22
Panne Reseau Orange
99,999999 %La panne du réseau téléphonique d?Orange, un évènement rarissime, mais qui peut arriver : avec une fiabilité de 99,99999 %, il reste 0,000001 % de risque.

La panne du réseau téléphonique d'Orange, mercredi 3 juin dans la soirée, pourrait avoir des conséquences totalement innatendues en raison de l'extrême dépendance des "utilities" aux télécoms. Ce ne sont pas en effet que les seuls appels vers les numéros d'urgence qui ont été impactés, mais aussi les communicatiosn téléphoniques transitant par le réseau fixe d'Orange, ex France Télécom. Des conséquences qui ne seront découvertes qu'au fur et à mesure de la journée.

Parmi les victimes d'une telle panne on trouve les "utilities" soit l'ensemble des services comme l'eau, l'électricité, mais aussi les transports par exemple, qui ont besoin de lignes téléphoniques pour faire passer certaines commandes automatiques.

Panne du réseau téléphonique d'Orange : un risque de pénurie d'eau ?

Prenez l'exemple d'un château d'eau : celui-ci est informé en temps réel de la consommation d'eau dans la ville qu'il dessert par une liaison téléphonique. Si la plupart ont été équipés de connexions téléphoniques filaires lors de leur construction, afin de télécommander les pompes destinées à faire monter l'eau dans le château d'eau, lors du remplacement des pompes et des équipements gérant le stockage, la ligne fixe a parfois été remplacée par une ligne mobile. Or, on le sait, dans la soirée du mercredi 3 juin, tant le réseau fixe que le réseau mobile d'Orange ont été perturbés, ainsi que les réseaux mobiles des opérateurs concurrents de l'ancien monopole d'Etat, Orange, ex France Télécom.

Dans tous les cas, lorsqu'une commande binaire est envoyée via une ligne téléphonique, (arrêt/marche) et que la ligne ne fonctionne pas, la pompe ne démarre pas ou ne s'arrête pas, c'est aussi simple que cela ! Il faut que le système soit capable de détecter que l'ordre n'est pas passé, et relance l'appel, jusqu'à ce que la commande soit prise en compte. Une fonction qui n'a pas toujours été implémentée, tant les lignes téléphioniques, et en particulier fixes, sont considérées comme étant d'une fiabilité extrême (équivalente au fameux six nine cher aux ingénieurs autrement dit un taux de 99,999999 % de fiabilité).

Autrement dit, bien des process n'ont tout simplement pas envisagé que la communication ne puisse pas passer, ou alors, n'ont prévu qu'un nombre limité de relances de la tentative. Cela signifie donc que le process automatique s'est mis en erreur hier soir, et doit être relancé par une intervention humaine aujourd'hui jeudi 3 juin.

Les châteaux d'eau disposent heureusement d'une réserve d'eau 12 à 24 heures.

La panne du réseau téléphonique d'Orange peut aussi impacter les transports

Normalement, la SNCF dispose de son propre réseau de télécommunications pour gérer toute la signalétique des trains et les aiguillages, tous automatisés. A tel point que la SNCF loue justement son réseau de fibres optiques, qui longent les voies, à des opérateurs Internet, fixes, et mobiles, et en tire une redevance confortable. Néammoins, un transporteur comme la SNCF, mais aussi les compagnies aériennes, les bus, les taxis aussi, sont très fortement dépendants des télécoms "civiles". Ainsi, les terminaux mobiles des contrôleurs dans le train ne sont-ils pas connectés en permanence pour pouvoir valider les titres de transport des passagers en les scannant, et en les comparant à une base de données ? Depuis des années, la SNCF a confié cette tâche à SFR, mais en réalité, SFR est totalement interconnecté avec le réseau d'Orange, et la panne de l'un provoque des dysfonctionnements chez l'autre.

Electricité et Gaz : la panne du réseau téléphonique d'Orange peut-elle avoir eu des conséquences ?

La encore, EDF, Enedis, Engie, disposent normalement aussi de leurs équipements de télécommunication propres pour gérer et administrer le réseau. Les commandes à distance ne devraient donc normalement pas passer par le réseau téléphonique fixe, mais par des réseaux dédiés.. Mais toutes les équipes d'astreinte et de maintenance, notamment ceux qui se trouvent à leur domicile, sont dépendants du réseau téléphonique classique autant que mobile pour être joints.

Panne d'Orange : les pompiers et les hopîtaux coupés du monde ?

La panne du réseau téléphonique d'Orange a particuliérement impacté semble-t-il l'acheminement des appels téléphoniques vers les numéros d'urgence. le 15, le 17, le 18 et le 112 étaient totalement injoingnables une partie de la soirée de mercredi 2 juin. Des numéros de substitution à dix chiffres ont été communiqués aux Français via les réseaux sociaux, mais quand on est en situation de panique, appelant le numéro court d'urgence, et que celui-ci est indisponible, on n'a pas vraiemnt la tête à chercher un autre numéro sur Internet et la panique s'installe. A noter que ces numéros ne sont pas sortis du chapeau par magie. En réalité, tous les services d'urgence ont des numéros téléphoniques classiques, sur lesquels s'ajoutent, comme une "sur-couche", les numéros courts ! C'est manifestement au niveau de l'aiguillage de ces numéros courts, vers les numéros classiques, que la panne s'est manifestée.

En revanche, au niveau de l'organisation des secours, le cas d'une rupture ou d'une perturbation des moyens de communication est prévu. Par exemple, les pompiers volontaires, normalement joints par téléphone mobile (le plus souvent par SMS, ou par un serveur vocal interactif), peuvent être mobilisés grâce... à la sirène ! Quand cette sirène n'est pas déclenchée par une commande téléphonique à distance....

Les systèmes d'alarme impactés par la panne du réseau fixe d'Orange

Vous avez une maison de campagne ou un appartement en ville auxquels vous tenez, avec quelques objets de valeur à l'intérieur ? Pas de souci, votre alarme veille, et appellera un centre de télésurveillance en cas de problème... Sauf que bien souvent, ces équipements sont connectés au réseau téléphonique. Pendant longtemps, cette connexion était fixe, mais ces dernières années, les fournisseurs de services de télésurveillance les ont remplacées par des connexions mobiles. Notamment pour éviter que les cambrioleurs ne sectionnent les fils du téléphone, mais aussi parce que le réseau fixe d'Orange est appelé à disparaître.

Même chose pour les dizaines de milliers de grandes surfaces et entrepôts sous surveillance éléctronique dont les alarmes (effraction, incendie, eau) sont elles aussi quasi systématiquement connectées au monde extérieur par le réseau fixe, mais avec une redondance sur le réseau mobile, et de plus en plus souvent connectés également via Internet (triple redondance).

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Notre article a été mis en images par nos confrères de I-Télévision. Pour le voir, cliquez ici.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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