Fini le calcul du PIB pour l’Irlande, bienvenue au RNBa !!

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Par Charles Sannat Publié le 6 février 2017 à 9h53
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13 MILLIARDS €Apple doit rendre 13 milliards d'euros au fisc irlandais.

L’Irlande va abandonner le PIB comme étalon de son économie… Sous ce titre, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle qui se cache ?

S’agit-il d’une avancée pour l’humanité, dont l’un des pays tenterait d’explorer une nouvelle voie pour tenter de calculer la richesse d’un pays tant ce calcul, qui pourrait sembler simple, est en réalité particulièrement complexe.

Pour illustrer le débat qui agite le microcosme des passionnés d’économie, je vous prendrai l’exemple de la maman au foyer, au risque de passer pour un incorrigible vieux qui n’a rien compris à la modernité, alors qu’évidemment cela fonctionne aussi pour les papas au foyer, histoire de sacrifier à la bien-pensance actuelle et ne pas être immédiatement crucifié par la police de la pensée.

Bref, quelle richesse produit un parent au foyer ? Un instant, on me glisse dans l’oreille que même le mot « parent » pourrait être dérangeant pour certains et qu’il vaut mieux privilégier le terme « d’éducateur ».

Bon, reprenons, cela ne change rien à la question économique de base. Quelle est donc la richesse produite annuellement par un éducateur au foyer ?

Si on se réfère au PIB ? Aucune. 0. Rien du tout. Évidemment, toute personne qui élève des enfants sait à quel point c’est un métier à plein temps, surtout les mamans qui, généralement, enchaînent 3 métiers, à savoir leur travail quotidien, le boulot d’épouse et évidemment, celui de maman !! Élever un enfant, c’est évidemment un investissement sur l’avenir, un enfant et toutes les promesses qu’il porte, c’est bien sûr des richesses futures.

Chaque enfant est un trésor en devenir, je précise bien « en devenir », car certains diamants bruts ne seront, hélas, jamais taillés.

Alors oui, la mesure de la richesse d’un pays a des limites évidentes. Il en va de même du coût par exemple des soins ou encore de l’enseignement. Imaginez que l’on sauve ou pas, que l’on soigne ou pas, un individu qui finira par créer une entreprise, qui créera des centaines de milliers d’emplois ? Tout cela ne peut pas se calculer.

Alors forcément, le PIB, c’est restrictif.

En Irlande, on introduit le RBNa… mais uniquement parce que le PIB irlandais est totalement faux !!

« L’Irlande a décidé de modifier l’outil statistique qui mesure la santé et la taille de son économie, abandonnant le traditionnel produit intérieur brut (PIB) pour un «revenu national brut ajusté».

Abritant les sièges européens de multinationales comme Google ou Apple en raison d’une fiscalité avantageuse, l’Irlande a révisé l’an passé la croissance de son PIB de 7,8 % à plus de 26 % après la réévaluation des actifs financiers de ces entreprises. »

Certains « âne-alystes » avaient vu, dans de tels chiffres, un « miracle » irlandais et le dénoncer suffisait encore une fois à vous faire passer pour un horrible « -oble » de tout, ou un terrible « -iste ». Pourtant, c’était une évidence. Une augmentation de 26 % du PIB d’une nation européenne, c’est juste une grosse blague tout juste bonne à faire pouffer de rire un étudiant de 1re année d’éco… Enfin, non, peut-être de 2e !

Comme toutes les entreprises qui défiscalisent en Irlande étaient 26 % plus riches, alors l’Irlande était 26 % plus riche, même si chacun de ses habitants était plus pauvre…

Il n’y a pas à dire, la mesure du PIB a ses limites !!

Du coup, les Irlandais, qui sont moins des « bachibouzouks » que certains de nos cucul-gnangnans, se sont dits que gérer un pays sur des données aussi fausses c’était un poil compliqué. Logiquement, ils ont créé un autre instrument.

« Le RNB, nouvel outil statistique mesurant la santé et la taille de son économie, ne prendra pas en compte les effets liés à la re-domiciliation de ces sociétés ou au transfert et à la dépréciation de leurs actifs financiers, a indiqué l’institut central de la statistique irlandais (CSO).

«Il est d’une grande importance de fournir des évaluations fiables de la taille cumulée de l’économie», estime un groupe d’économistes et d’universitaires présidé par le gouverneur de la Banque centrale irlandaise, Philip Lane, dans une série de recommandations. «Cela fait longtemps qu’on sait que le PIB est un indicateur inadapté pour l’Irlande», ajoute le groupe d’experts. »

Logique imparable évidemment, mais lorsqu’on le disait l’année dernière… que n’entendait-on pas !!

L’Irlande : un pays surendetté en vrai, et officiellement gros miracle économique !

Comme moi on ne me croit pas quand je le dis, je cite cet article de Ouest-France qui vient de découvrir le pot aux roses !

« Grâce à ces transferts, la dette irlandaise est tombée à 79 % de son PIB, soit un ratio inférieur à ceux de la Belgique, de la France ou de l’Autriche et quasiment équivalent à celui de l’Allemagne, contre 94 % en première estimation.

Mesurée suivant d’autres critères, cette dette qui s’est envolée sous l’effet de la crise financière de 2008 reste parmi les plus élevées de l’Union européenne. Elle représente ainsi 286 % des revenus fiscaux contre 195 % en moyenne dans l’UE. »

Ooooh… Le miraculé irlandais serait donc endetté à hauteur de 286 % de ses revenus fiscaux… Ah ah ah ah ah ah ! Bon, ne faites pas le calcul pour la France, vous iriez immédiatement clore votre assurance vie en bons vieux fonds euros (comprendre que tous vos sous financent un État totalement insolvable) et vous videriez votre compte en banque pour acheter de l’or et une maison à la campagne… Ah ah ah ah ah, mais je ne vous ai rien dit !

Allez, c’est lundi, il faut bien rire un peu !!

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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