Piloter son entreprise en temps de crise : un exercice exigeant et riche d’enseignements

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Par Aurore Jaugin Publié le 11 juin 2020 à 6h35
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75%75% des consommateurs estiment que les entreprises ne doivent pas profiter d'une crise pour promouvoir leur marque.

Une crise est un moment charnière pour une entreprise – mais aussi pour son dirigeant. Se remettre en question quotidiennement, prendre des décisions fortes et observer la mobilisation inédite de ses équipes génère un mélange de crainte, de gratitude et d’excitation.

Dans le contexte actuel, resserrer son pilotage d’entreprise est capital pour assurer la pérennité de son activité. Comment relever le défi en jonglant entre efficacité opérationnelle, maintien de la culture d’entreprise et gestion accrue de l’humain ? Voici quelques clés autour de quatre piliers qui méritent une attention particulière en cette période de mutation : les équipes, la trésorerie, les méthodes de travail et la communication externe.

Assurer la cohésion des équipes en les impliquant dans la stratégie

L’inquiétude et le stress sont souvent les premières réactions face à un changement de situation. Il s’agit précisément d’un moment où l’adhésion de tous est essentielle ; aussi faut-il très rapidement rassurer, préserver et guider. Une fois le cadre fixé, tous les collaborateurs sont en première ligne pour faire remonter l’information terrain et diffuser les messages clé aux clients. Ils doivent impérativement être impliquées dans l’élaboration puis l’exécution du plan de gestion de crise. En effet, le plan peut être robuste et performant, s'il n'est pas connu ou maîtrisé il perd de sa force et de son intérêt.

Pour ce faire, il est nécessaire de les projeter sur l’impact des actions prioritaires et d’expliquer les critères de choix des projets maintenus ou suspendus. Cette pédagogie créé une prise de conscience collective qui les amène à se serrer les coudes. Une communication étroite sur les décisions prises par la cellule de pilotage de crise est à privilégier : par exemple, des points hebdomadaires de redescente d’information, une newsletter régulière de la part des dirigeants ou encore la responsabilisation des managers pour répondre aux premières questions de chacun.

Transparence et bienveillance sont primordiales pour traverser la tempête. Nos équipes, plus que jamais, sont sur le front et mettent toute leur énergie, leur proactivité et leur créativité au service de l’entreprise. C’est le rôle du dirigeant de veiller à leur bien-être et de leur éviter le surmenage : cette crise est un marathon, pas un sprint, à nous de le leur rappeler.

Resserrer son pilotage financier autour de la trésorerie

L’économie mondiale est bouleversée et la sortie de crise incertaine : comme dans toute crise, la gestion de la trésorerie va être centrale. Un pilotage rapproché, déjà nécessaire en temps habituel, devient indispensable en période tumultueuse. Les rebondissements incertains et imprévisibles d’une crise (fluctuation des marchés financiers, annonces gouvernementales) sont autant d’événements qui influent sur les projections de trésorerie : ajuster ses prévisions en permanence est donc un prérequis.

Les nombreuses inconnues de l’équation incitent plus que jamais à prendre des mesures simples, efficaces, sur des sujets que l’on maîtrise : mesures d'économies en interne (frais de réceptions, séminaires…), gel des recrutements, revue des conditions de facturation, relances clients, emprunts bancaires. Une fois ces mesures prises, il faut prioriser entre profitabilité à court et moyen terme : identifier les sources génératrices de trésorerie pour redéfinir les priorités opérationnelles, puis monitorer les résultats. A l’appui, des indicateurs clé à suivre durant toute la période de crise et propres à chaque secteur : par exemple, en modèle SaaS, le taux d’attrition (« churn rate »).

Ces indicateurs sont à suivre au jour le jour ou à la semaine afin d’ajuster sa stratégie en temps réel. D’où l’importance d’avoir les bons outils à disposition pour une prévision de trésorerie précise. Des tableaux de bord interactifs et solutions de data visualisation comme PowerBI sont particulièrement adaptés.

Gagner en agilité pour pouvoir s’adapter aux aléas

Faire face à un contexte économique aléatoire et menaçant requiert flexibilité et rapidité d’exécution. Il faut sans cesse adapter ses opérations mais aussi sa stratégie – les rebondissements non maîtrisables de la crise faisant immanquablement fluctuer l’ordre des priorités. En un mot : agilité !

En contexte de crise, l’équilibre entre les actions « défensives », comme les réductions de coûts, et « offensives », comme la création d’une nouvelle offre, est clé. Pour anticiper les tendances, les analyser et les transformer en opportunités, il est essentiel de prendre la température sur le terrain mais aussi de nourrir sa réflexion : par exemple en participant à des webinaires avec des pairs, en capitalisant sur les remontées des clients ou en s’inspirant d’ouvrages d’experts. En gardant toujours en tête qu’une approche ROIste est, elle, primordiale : prioriser les projets rentables à court et moyen terme, générateurs de valeur ajoutée pour l’entreprise, en s’appuyant justement sur ces analyses terrain.

Pour continuer à avancer et se projeter dans les succès à venir, construire une vision à plus long terme est salvateur. Pour le faire sur des bases saines et en gardant de la flexibilité, plusieurs scenarii de prévision peuvent être construits : l’optimiste, le pessimiste, et le catastrophiste, par exemple. Ces différentes options forcent réflexion et anticipation, et permettent d’estimer en particulier le bon moment pour la prise de décision – comme par exemple, la recherche d’une solution de financement si le churn passe au-dessus d’un certain niveau. Vu le caractère très incertain du contexte actuel, ces scenarii permettent de rester lucides et préparés au meilleur comme au pire.

Soigner sa communication externe

Les périodes de tensions amènent inévitablement des questionnements : « Vais-je être payé ? » côté salariés, « Vont-ils pouvoir me livrer à temps ? » côté clients... Le doute plane. Pour juguler ces incertitudes, il est capital d’adapter sa communication et d’en maîtriser la fréquence, les formats et les messages. L’objectif est de rassurer le plus rapidement possible en informant des difficultés à prévoir suffisamment en amont, pour éviter des situations malheureuses de rupture de confiance qui affecteront grandement la crédibilité de l’entreprise en externe et en interne.

La communication publicitaire doit évidemment être adaptée, et maîtrisée. D’après une récente étude[1], 75% des consommateurs estiment que les entreprises ne doivent pas profiter d’une crise pour promouvoir leur marque. Pas d’opportunisme, donc, et les principes clés de la communication de crise – empathie, honnêteté, transparence et respect de ses engagements – sont les gages d’une collaboration solide et pérenne.

La bonne nouvelle ? Nos manières de travailler et de collaborer promettent d’être durablement transformées. Au-delà de la flexibilité gagnée sur le travail à distance, on peut s’attendre à un impact sur nos vies de manière globale : la façon d’envisager son équilibre professionnel et personnel, le rapport au temps et aux relations humaines. La transformation sociétale en cours est réelle et fascinante. Gardons le cap, prenons soin de nos collaborateurs et de nos clients, et restons alertes et curieux : notre ouverture d’esprit nous permettra de sentir le vent tourner, d’anticiper et d’assurer « l’après ».

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CEO France d’UpSlide

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