Covid-19 : Édouard Philippe et Agnès Buzyn attaqués en justice

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 20 mars 2020 à 12h31
France Crise Prisons Ministere Justice
7%7% des cas de coronavirus considérés comme résolus se sont soldés par un décès.

La gestion catastrophique de la crise du coronavirus Covid-19 par le gouvernement français, qui n’a pas pris la mesure de la situation ni appris des erreurs de l’Italie, allait se solder par une ou plusieurs plaintes. C’était logique : les Français veulent des réponses. Étonnamment, la plainte est arrivée bien plus vite que prévu puisque la première a déjà été déposée.

Le personnel soignant attaque les hautes sphères de l’État

Le personnel soignant est au front, sur tous les fronts : hôpitaux, identification des cas, personnes âgées… à bout, il continue de tenir parce qu’il n’y a pas autre chose à faire que tenir. Mais il paraît légitime de sa part d’essayer de comprendre comment l’État français en est arrivé à cette situation.

C’est essentiellement le but de cette plainte déposée par Philippe Naccache, Emmanuel Sarrazin et Ludovic Toro, représentants d’un collectif de soignants, auprès de la Cour de Justice de la République (CJR). La CJR est en effet la seule instance qui puisse recevoir les plaintes visant des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.

La plainte, outre être justifiée par la situation, est liée à la bombe médiatique qu’Agnès Buzyn a lâchée dans le journal Le Monde où elle a déclaré avoir prévenu que la crise arrivait… ce qui signifierait que le gouvernement savait et qu’il n’a rien fait.

Le gouvernement devait-il agir ?

La plainte, que l’AFP a pu consulter, accuse le Premier ministre et l’ancienne ministre de la Santé, médecin de profession donc ayant potentiellement les connaissances pour comprendre la situation, de s’être abstenus « volontairement de prendre ou de provoquer les mesures permettant […] de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes ». Notamment, la tenue du premier tour des élections municipales, qui s’est soldée par une abstention record, reste sujette à débat.

Les médecins plaignants estiment, de leur côté, que des mesures plus drastiques, peut-être localisées, prises avant le 13 mars 2020, date à laquelle le gouvernement a finalement commencé à agir, auraient été efficaces pour éviter que le virus ne se répande dans toute la France.

Le Premier ministre et l’ancienne ministre de la Santé, si la plainte est acceptée par la CJR et que l’enquête prouve qu’ils n’ont effectivement et volontairement rien fait, risquent jusqu’à 2 ans de prison et 30.000 euros d’amende.

Vers un scandale d’État ?

Il y a néanmoins fort à parier que, quelle que soit l’issue de cette première plainte, ce ne sera pas la seule. Plusieurs dysfonctionnements ont été identifiés : absence de masques, pénurie de gel hydroalcoolique, mesures prises tardivement, gestion de la crise…

Les Français voudront des réponses : le personnel soignant, les travailleurs, les industriels, les familles des victimes…

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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