Pourquoi la France est en déficit depuis 1975 ?

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Par Daniel Moinier Publié le 21 avril 2017 à 5h00
France Dette Publique Niveau Pib
97,6 %La dette publique cumulée de la France atteint 97,6 % de son PIB.

Les budgets de l’Etat sont en constante augmentation depuis des décennies, alors que le PIB (Produit intérieur Brut) augmente certes, mais beaucoup moins vite.

Ce qui produit des déficits depuis 1975, une dette qui enfle considérablement au point d’atteindre prochainement le niveau du PIB. Les deux graphiques et tableaux ci-dessous en sont l’illustration.

Pourquoi en est-on arrivé là ?

La règle est pourtant simple : Tout ménage qui dépense plus qu’il ne gagne, voit son compte en banque dans le rouge. Ce rouge devient tellement rouge qu’il arrive en état de surendettement. Que faire avec cette dette monstrueuse ? Certains candidats à la présidentielle proposent même de la faire racheter par l’Europe ? Elle a bon dos ! Alors que certains prétendants à la présidentielle veulent moins d’Europe et même pas d’Europe du tout. Comme souvent chacun voulant se décharger veut faire porter le chapeau à l’Europe, alors que c’est chaque état qui a créé ses déficits et sa propre dette et non elle. La France est comme une entreprise qui verrait son chiffre d’affaire baisser (le PIB) sans arrêt, alors que ses charges continuent d’augmenter. Qu’arrive t-il ? Le résultat baisse, arrive à zéro et devient même négatif ? La marge devient inexistante. Et même si les charges n’augmentaient pas en pourcentage, elles atteindraient des niveaux inacceptables pour que cette entreprise puisse survivre ; c’est le dépôt de bilan assuré et même la liquidation.

La France se trouve dans cette configuration depuis longtemps. Mais c’est un état. Le seul candidat qui a eu le courage de l’annoncer depuis longtemps, c’est François Fillon. Tous nos autres dirigeants n’en ont jamais eu le courage, pour préserver le moral des français et leur élection ou réélection future. Cela n’a pas empêché nos chers français d’être les plus pessimistes du monde, bien au contraire. Ils ne sont pas tous nés de la dernière pluie. Ils voient bien que tout se dégrade, le niveau de vie, le chômage, la pauvreté, l’influence de la France dans le monde, les banlieues, l’insécurité… Heureusement que les taux d’emprunts d’état ont été les plus bas jamais enregistrés sous le quinquennat Hollande, sinon nos déficits auraient été bien plus importants et bien sûr la dette par contrecoup.

Ci-dessous, un tableau des taux des emprunts d’état qui montre les différences énormes de taux en fonction des années

Alors pourquoi cette situation ? Plusieurs raisons

La première, une gestion calamiteuse : Chaque année le gouvernement programme son prochain budget. Pour faire simple, chaque ministre veut un budget en hausse, supérieur au coût de la vie pour contenter ses troupes et ses électeurs. En totalisant le montant de chaque ministère on obtient le prochain Budget de l’Etat. Mais depuis 1975, il est constaté que les rentrées ne suivent plus. Que faire ? Plusieurs solutions s’offrent à notre gouvernement : La première, en bon gestionnaire, comme tout ménage le ferait ; diminuer le budget. Impossible ! Comment fera t’on avec nos électeurs ! Ce sont des revendications, des grèves qui se profilent en filigrane. Alors on maintient le budget. On arrive ainsi à une deuxième solution plus facile et plus simple : augmenter les impôts, les charges, les prélèvements. Et en cette matière nos députés, ministres savent être très inventifs. Pour les énumérer, il faudrait un livre complet tellement il y en a eu. La plus importante avec plus de 90 milliards de recettes, la CSG/RDS, est devenue au fil des années, après les différentes hausses et extensions (Sur les retraites, l’Assedic des chômeurs, le patrimoine, les placements, bourse, etc…), la deuxième rentrée pour l’état devant l’impôt sur le revenu.

La deuxième mesure serait de booster le revenu des ménages par l’augmentation de la masse salariale. Pour l’état cela passe obligatoirement par la croissance. Qui dit augmentation de croissance dit hausse du PIB (du CA, pour les entreprises ) Comment faire : C’est pourtant simple : Le PIB étant proportionnel aux heures travaillées, il suffit de les augmenter : Comment ? Puisque le marché, compte tenu du niveau trop élevé des charges et prélèvements n’y arrive plus seul. Alors il faut un coup de pousse du gouvernement, c'est-à-dire augmenter le temps de travail. Le seul à priori qui est en phase avec cela, c’est François Fillon : Déblocage des 35 heures, retraite vers 65 ans. D’autres vont complètement à l’envers : Jean-Luc Mélenchon qui va à contre sens avec ses 32 heures, Benoit Hamon qui veut les réduire ainsi que Philippe Poutou et Nathalie Arthaud alors que Marine Le Pen veut revenir à 60 ans.

Que préconise chaque candidat(e) par rapport au temps de travail de base.

Pour que les comptes de l’Etat redeviennent positifs, il manquait déjà en 2016, 25% de PIB par rapport aux dépenses de l’état. Ce qui représente bien 25% d’heures travaillées en moins, soit sur la durée de vie : Un manque de 11.500 heures par salarié. Rêvons un peu : Si tous les chômeurs de catégorie A, environ 3,5 millions avaient retrouvé un emploi à 35 heures semaine, le PIB serait supérieur de 830 milliards d’Euros, ce qui remettrait les comptes largement positifs à plus de 40 mds d’euros. Soit un apport de près de 2 % de croissance ! En dehors d’un budget non maîtrisé quels sont les éléments qui ont contribué à faire chuter l’économie ? L’augmentation de la durée de vie (jamais prise en compte par aucun gouvernement ou si peu, sauf par les deux augmentations de la durée d’activité par François Fillon en 2003 et 2010).

Effectivement, la durée de vie a augmenté de 23 années depuis 1945. Il manque 4 années de cotisations pour que les caisses de retraites soient en parfait équilibre. Il serait même possible de supprimer le blocage des pensions mis en place par le gouvernement Hollande depuis 4 années et de revenir au calcul des pensions sur 10 années au lieu des 25 actuellement. Tout cela ayant été instauré pour restreindre les montants versés ! Tenez vous bien ; les cotisations sur salaire depuis les années 60, sont passées de 6,5% à 22%, soit multipliées par plus de 3 pour les cotisations salariées et de 2 pour celles des employeurs. Et en plus de cela, les salariés ont vu leurs remboursements fortement baissés, avec des déremboursements de plus en plus importants, une mutuelle qui n’existait pas et dont les cotisations augmentent sans cesse, des taxes, des consultations, des boites de médicaments, des forfaits hospitaliers,… n’en jetez plus la coupe est pleine…

Les diminutions du temps de travail

Depuis 1945, nous avons perdu 13 heures de travail par semaine et 5 années sur la durée de vie. La catégorie employés et ouvriers base 35 heures, ne totalise que 36,2 heures en moyenne par semaine, le plus bas niveau d’Europe. La seule solution qui relancerait immédiatement la croissance, c’est d’augmenter immédiatement les temps de travail et d’activité : 40 heures parce que c’est un temps de travail idéal sur 5 jours, pour toutes les professions qui travaillent en 3 x 8 et plus (Y compris ensuite chez les fonctionnaires : police, hôpitaux, etc…). La deuxième, des départs en retraite à 65 ans, programmés dans un délai le plus court possible (la durée de vie continue d’augmenter pendant ce temps de plus de 7 heures par jour). Et surtout, ensuite lorsque tout est mis en place, prévoir une durée d’activité proportionnelle à la durée de vie des retraités. Cette dernière mesure permettrait une fois pour toute de régler le problème des retraites et de ne pas remettre cela sans arrêt sur le tapis avec chaque fois des conflits, grèves, revendications qui n’en finissent plus, avec toutes les pertes qui s’en suivent pour chacun et toute l’économie.

Le titre de cet article sera aussi celui de mon 6ème livre qui va sortir (dommage, avec retard) tout prochainement chez Edilivre. www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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