Prendre le parti des jeunes (extrait)

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Par Apprentis d'Auteuil Modifié le 26 février 2017 à 14h39
Service Civique Francois Hollande Jeunes
1,9 millionLa France compte 1,9 million de personnes « neet » (« not in education, employment or training »).

Entrer dans la vie active

« J’ai arrêté l'école parce que ça ne servait à rien d’avoir des diplômes pour rien avoir derrière. » Bryan, 16 ans

C’est une priorité pour les jeunes : trouver du travail. Mais comment ? Et pour quoi ? Les jeunes de la concertation expriment leur envie d’indépendance. Ils veulent réussir et se montrer dignes de la confiance des adultes en général et de leur employeur en particulier.

ILS L'ONT DIT

Leur enthousiasme se heurte bien vite à la difficulté de s’insérer sur le marché du travail : décalage entre leur qualification et les profils recherchés, accès aux stages limité, barrières administratives, problèmes de mobilité etc.

Entreprise : cette terre inconnue

« Il faut adapter les études au marché de l’emploi. Dans certaines formations on apprend des choses différentes de ce qu’il y a au boulot. » Mathieu, 18 ans

Voici au moins un point sur lequel jeunes et chefs d’entreprise sont d’accord : il existe un fossé entre l’école et l’entreprise. Les jeunes se disent insuffisamment préparés aux codes et aux normes du marché du travail, quand 75 % des dirigeants estiment que le monde de l’école n’est pas adapté au monde du travail. Les entreprises ne savent pas toujours comment communiquer avec des stagiaires et des apprentis, ni quelles missions et quel accompagnement proposer. Les tâches confiées au jeunes sont pas toujours à la hauteur de ses attentes et de ses connaissances : « Les patrons peuvent abuser. On peut être pris pour un larbin ! J’ai passé le balai dehors toute la matinée pendant quatre heures quand j’étais en formation transport logistique ! » Ce décalage peut entraîner une forte démotivation : « On n’est pas là pour faire le café, il faut remettre tout le système en question ! »

Un diplôme qui ne protège plus

« Bientôt, pour travailler chez McDo, il faudra avoir un grand Bac. » Morgane, 17 ans

Les jeunes ont une relation ambivalente au diplôme. Si son obtention est clairement un atout pour accéder à l’emploi, les jeunes ont le sentiment que le diplôme ne les protège plus du chômage. Les jeunes pensent que demain, les entreprises demanderont toujours plus, car les nouvelles technologies, les
nouvelles façons de travailler ne sont plus celles que leurs parents ont connues, ni même leurs grands frères. « Il y a des lois qui passent, genre la retraite. C’est la crise. Tout le monde répète qu’on ne trouvera pas de travail. Avant, il n’y avait pas besoin de diplôme pour trouver un travail. On se faisait virer le
matin, on retrouvait un travail le lendemain. C’était dans les années 1970.
 »

Jeune isolé cherche tuteur

« J’aimerais que quelqu’un m’accompagne dans mes démarches. » Ophélie, 19 ans

Les jeunes se sentent souvent délaissés, et demandent à être accompagnés dans la réalisation de leurs projets. Parrainage, tutorat, mentorat, adultes référents... La terminologie est riche pour désigner la diversité des modes d’accompagnement, de « compagnonnage » auxquels les jeunes se disent favorables. Ils estiment en effet avoir besoin d’appui et de soutien pour cheminer dans leurs parcours tant du point de vue social que professionnel : « Si on n’a pas nos parents à côté, on a du mal à s’y retrouver avec les paperasses et tout. »

Le taux de chômage des 15-24 ans atteignait 23,7 % de la population active au deuxième trimestre 2016.

Apprendre en « faisant »

« Je passe trois semaines sur quatre chez mon employeuse, gérante d’une boutique de fleurs, qui a déjà un salarié. Du coup, j’intègre plus facilement les notions demandés pour l’examen. » Justine, 17 ans

Les jeunes apprécient la pratique, les mises en situation qui leur permettent de mettre un pied dans le monde du travail et d’être rapidement « employables », même si contrairement aux idées reçues, la voie de l’alternance est plus exigeante que ne l’est la formation traditionnelle. Il faut s’adapter au cadre de l’entreprise, dont beaucoup ne maîtrisent pas les codes. Mais pour des jeunes bien épaulés et qui s’accrochent, c’est un véritable atout pour s’insérer dans la vie active.

Créer ma boîte : pourquoi pas moi ?

« Nous avions l’idée de monter une boîte, mais on se dit toujours que ce n’est pas possible, pas pour nous. Trop compliqué financièrement, trop de responsabilité, de freins à lever. » Élodie, 27 ans

La création d’entreprise est considérée comme un parcours du combattant, y compris par des jeunes des meilleures écoles. Imaginons alors ce qu’il en est pour les moins qualifiés... Sans diplôme, sans réseau et avec une connaissance limitée des rouages administratifs, ils ont tendance à baisser les bras. Pourtant l’envie est là et, pour peu que leur idée soit solide, certains auraient uniquement besoin d’un coup de pouce pour tracer leur propre chemin.

Expérimenté à Apprentis d'Auteuil

Lancé en 2015 par Apprentis d’Auteuil à Marseille (Bouches-du-Rhône), l’Ouvre-Boîte accompagne dans la durée les jeunes faiblement qualifiés qui souhaitent se lancer dans la création d’entreprise.

Structure par filières (restauration, bâtiment, export, etc.), l’Ouvre-Boîte propose une formation sur douze semaines au management d’entreprise, suivi d’une période d’essai en conditions réelles : boutique éphémère ou restaurant pour un test grandeur nature durant quelques mois par exemple.

L’objectif est de rendre accessible aux jeunes femmes et hommes de moins de moins de 25 ans, le vocabulaire et les concepts économiques. Chaque entrepreneur est également accompagné par un chef d’entreprise ou un cadre dirigeant bénévole.

Nous y croyons

Entrer dans la vie active, c’est entrer de plain-pied dans la société, en devenir un rouage et contribuer à sa richesse. C’est pourquoi l’insertion ne peut rester la seule préoccupation des jeunes mais bien celle de la collectivité.

Revaloriser la voie professionnelle

La voie professionnelle est une école de toutes les intelligences, et notamment l’intelligence du geste. Elle est encore trop souvent dévalorisée, alors même que les modalités d’apprentissage exigent des jeunes une importante maturité psychique et intellectuelle (pratique en entreprise, prise de recul lors de la formation théorique, adaptation aux contraintes liées au statut de salarié etc.).

Encourager les jeunes entrepreneurs

L’entreprenariat n’est pas réservé à ceux qui ont eu la chance d’avoir un diplôme ou de bénéficier du bon réseau. De nombreux jeunes sont capables d’entreprendre, même s’ils sont peu qualifiés, peu expérimentés ou au chômage. Pépinière d’entreprises, jeunes pousses, Fab’Lab, start-up, entreprenariat... L’émergence d’initiatives montre l’actualité et la pertinence du modèle.

Un mot d'ordre : décloisonner !

Il est indispensable d’aborder les problématiques d’insertion professionnelle du point de vue de recruteur. Certaines entreprises peinent à recruter sur des métiers en tension et cherchent à développer leur politique RSE. Elles font preuve d’un engagement sans faille aupre`s des jeunes éloignés de l’emploi.

Embaucher un jeune sorti précocement du systèeme scolaire suppose une implication de la part des salariés pour qu’il puisse se sentir en confiance dans l’entreprise et y assimiler les codes. La création sur mesure de formations qui offrent de réelles perspectives d’emploi et proposent un accompagnement personnalisé des jeunes pour garantir leur maintien dans l’activite est un enjeu d’avenir.

Sur 1,9 million de « neet » (« not in education, employment or training »), 85 % n'ont pas dépassé le lycée, 42 % n'ont pas dépassé le collège.

Expérimenté à Apprentis d'Auteuil

En 2014, Apprentis d’Auteuil et le groupe Monnoyeur ont conçu ensemble une formation aux métiers de la mécanique industrielle, le dispositif Turbo, répondant aux besoins en main d’oeuvre de l’entreprise. Dix-neuf jeunes jusqu’ici NEET ont suivi un premier module de préformation, avant de poursuivre, pour 16 d’entre eux, en contrat de professionnalisation. Un an et demi plus tard, sept d’entre eux ont été embauchés par le groupe Monnoyeur et deux autres poursuivent leurs études en BTS en alternance dans le groupe.

Pleinement impliqués, les salariés de l’entreprise ont accompagné les jeunes à toutes les étapes de leur formation pour leur donner les moyens et l’envie de décrocher leur diplôme.

Nous proposons

- La création d’un nouveau système, plus clair et plus souple, école/employeurs/familles/jeunes afin de reconstruire des parcours d’insertion professionnelle possibles pour les jeunes les plus en difficulté d’apprentissage scolaire. Un système où l’« apprenant » évolue soit dans le système scolaire, soit dans
l’entreprise, avec des passerelles facilitées entre les deux milieux.

Cela permettrait de simplifier le système de financement de l’alternance et le statut des apprenants.

- La promotion des dispositifs d’insertion professionnelle coconstruits en jouant sur les complémentarités entre les acteurs publics, les entreprises et les acteurs associatifs : des formations ajustées aux réalités du marché du travail, au plus près des besoins des entreprises et répondant à un enjeu social.

Le 2 mars 2017 paraîtra en librairie le livre blanc des Apprentis d’Auteuil « Prendre le parti des jeunes » (Éditions de l'Atelier). Un ouvrage construit avec les jeunes et les familles pour interpeller les candidats politiques sur les questions de la jeunesse : famille, école, entrée dans la vie active, engagement et citoyenneté. Apprentis d’Auteuil invite les citoyens à voter pour ses propositions et interpeller en ligne les candidats politiques sur le site Jeunesse 2017.

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La fondation Apprentis d’Auteuil accompagne 25 000 jeunes en difficulté, à travers des programmes d’éducation, de formation et d’insertion ainsi que 6 000 familles fragilisés dans leurs missions éducatives.  

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