Présidentielle US : c’est parti ! (2/2)

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Par Jim Rickards Publié le 16 septembre 2020 à 6h25
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135%La dette des USA a atteint 135% du PIB.

Jusqu'à… 30 ans avant la prochaine reprise économique ?! Les candidats à la présidentielle US ont du pain sur la planche pour relancer le pays…

Nous avons commencé à examiner hier la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus . Sa gravité - et un plongeon de 35% des actions, de fin février à fin mars - ont déclenché en réponse des mesures du gouvernement américain d'une ampleur sans précédent. Le Congrès a ajouté 4 000 Mds$ de dépenses financées par le déficit à un déficit de 1 000 Mds$ déjà prévu sur l'exercice 2020.

Ce déficit prévisionnel de 5 000 Mds$ va porter la dette nationale à 27 000 Mds$, soit 135% du PIB, une fois prise en compte la baisse du PIB pour 2020. Il s'agit du montant le plus élevé de toute l'histoire des Etats-Unis (plus élevé encore qu'à la fin de la Deuxième guerre mondiale) et l'un des ratios dette/PIB les plus élevés au monde, après le Japon, la Grèce, le Liban et l'Italie.

Bien évidemment, les Etats-Unis ne feront pas défaut sur cette dette, dans la mesure où ils peuvent imprimer les dollars nécessaires à son remboursement, mais ce niveau d'endettement élevé a d'énormes conséquences en termes de ralentissement de la croissance et d'inflation potentielle.

Alors que le Congrès s'empressait de dépenser 5 000 Mds$, la Fed imprimait 4 000 Mds$ d'argent frais en urgence. Fin 2019, le bilan de la Fed avait baissé aux alentours des 3 600 Mds$, après un record d'environ 4 500 Mds$ début 2015. Aujourd'hui, le bilan de la Fed dépasse les 7 000 Mds$, soit près de 4 000 Mds$ de plus que fin 2019, et le niveau le plus élevé jamais enregistré.

Garanties tous azimuts

La Fed a également garanti le marché des papiers commerciaux, des obligations d'entreprises, des obligations municipales, les prêts accordés au titre du Payroll Protection Plan (plan de sauvegarde des emplois) et bien d'autres choses, et s'est lancée dans des milliers de milliards de swaps de devises avec des banques centrales étrangères, notamment la Banque centrale européenne, la Banque du Japon, la Banque d'Angleterre et beaucoup d'autres.

Ces 9 000 Mds$ de dépenses financées par le déficit et d'argent frais imprimé ont atteint leur but. Aucune grande institution financière n'a fait faillite. Le marché actions a opéré un rally fin mars et les principaux indices ont atteint de nouveaux plus hauts historiques ces derniers jours.

Le chômage a enregistré un pic en mai avant de retomber en juin et juillet. Les pertes d'emploi ont été énormes, mais moins intenses que bon nombre de gens ne le pensaient.

La logique fallacieuse de la « demande refoulée »

En ce qui concerne l'avenir, la question économique qui se pose est la suivante : ces 9 000 Mds$ de stimulus à la fois monétaire et budgétaire ont-ils jeté les bases d'une reprise soutenable, ou bien n'était-ce qu'un prêt-relais, destiné à aider les entreprises et travailleurs en difficulté jusqu'à ce que la pandémie s'achève, en août, et que l'économie puisse « rouvrir » pour répondre à une « demande refoulée » pendant le confinement ?

Malheureusement, le mois d'août s'est achevé et la pandémie est toujours là. La soi-disant « demande refoulée » n'est visible nulle part : beaucoup de pertes d'emploi survenues pendant le pic de la pandémie, de mars à juin, semblent permanentes et non temporaires. Beaucoup d'entreprises ont mis la clé sous la porte à jamais. Il semblerait que ce prêt-relais de 9 000 Mds$ ne mène nulle part.

L'impact économique des mesures prises face à la pandémie se ressentira pendant des années, et non des mois. Certaines études montrent qu'il faut 30 ans, voire plus, pour que l'économie se normalise, après une pandémie de cette ampleur. Ces études se basent sur 15 pandémies majeures à commencer par la celle de la peste noire.

Cette période de normalisation de 30 ans correspond également à l'impact de la Grande dépression, de 1929 à 1940, qui a continué à influencer fortement l'économie et les comportements jusqu'à la fin des années 1960.

En d'autres termes, la normalisation n'est pas pour demain…

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Jim Rickards est rédacteur en chef d’Intelligence Stratégique et d’Alerte guerre des devises

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