Prêtez-nous un million de dollars

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Par Bill Bonner Publié le 6 octobre 2019 à 6h14
Iphone
60Bien que deux fois plus cher, la vraie valeur pour le consommateur de l'iPhone est 60 fois plus élevée qu'elle l'était autrefois.

Les économistes modernes prétendent que l’être humain moyen s’enrichit. Vraiment ? Selon quels critères exactement ?

Comme nous le voyons depuis quelques jours, les économistes Gale Pooley et Marian Tupy ont déterminé que les prix de 50 « biens fondateurs » sont généralement en baisse – du moins en termes de temps et de travail nécessaires, pour qu’une personne moyenne, au niveau mondial, puisse les acheter. Ils ont poursuivi cette découverte par quelques idées proprement saisissantes.

Par exemple, comme nous l’avons mentionné hier, ils considèrent que l’iPhone dernier modèle est 120 fois plus puissant que le tout premier modèle.

Même s’il est deux fois plus cher… la vraie valeur pour le consommateur, affirment-ils, est 60 fois plus élevée qu’elle l’était autrefois (500 dollars à l’époque, contre un « prix comparable » de 8,33 dollars aujourd’hui). Ou, en termes de « prix/temps », il est tellement moins cher que « le temps exigé pour acheter un seul iPhone en 2007 vous permettrait d’en acheter près de 75 aujourd’hui ».

À partir de ces faits, M. Pooley et d’autres concluent que le propriétaire d’un iPhone est 75 fois plus riche qu’il l’était 2007. En tout cas, il est certainement plus « riche » en termes de puissance de calcul portable.

Il est peut-être aussi plus riche selon d’autres critères. Ses loisirs, par exemple. Jusqu’à récemment, il n’y avait rien qui ressemble à Game of Thrones à la télévision. Aujourd’hui, on peut parler à un robot – Siri – et lui demander d’allumer la lumière.

Malheureusement, ce n’est pas le genre de richesse qu’on peut déposer à la banque. Elle ne permet pas non plus de rembourser facilement ses dettes… ou de justifier des taux d’intérêt ultra-bas.

Pooley n’est pas de cet avis. Selon lui, nous nous enrichissons à un rythme si rapide que nous devrions être ravis de prêter notre épargne à des taux négatifs… parce que l’argent vaudra bien plus – en termes de boisseaux de blé ou de puissance de calcul d’iPhone – lorsque nous le récupérerons.

« Les taux négatifs », dit-il, « pourraient être rationnels ».

Nous pourrions mettre à l’épreuve la confiance de M. Pooley en lui demandant directement : « prêtez-nous un million de dollars. Nous vous rendrons 900 000 dollars dans 20 ans. Promis, juré, craché. En plus, imaginez à quel point l’iPhone sera puissant à ce moment-là ! »

Nous doutons qu’il soit d’accord.

Philosophes moraux

Fut un temps – croyez-le ou non – où les économistes ne se seraient pas permis de dicter le niveau des taux d’intérêts. Ils étaient des « philosophes moraux » qui se contentaient simplement d’observer et d’essayer de comprendre.

Ensuite, ils ont découvert les sottises de « l’économie moderne », avec sa gloire, sa fortune, ses fortunes, ses données, ses statistiques, ses calculs et sa science fumeuse. À présent, ils touchent de gros salaires en conseillant, dirigeant, sermonnant et – dans le cas de la Réserve fédérale – manipulant une économie à 20.000 milliards de dollars.

John Maynard Keynes était probablement le plus célèbre de cette nouvelle race. Il affirmait que les autorités pouvaient utiliser une « politique contracyclique » pour compenser les hauts et bas naturels d’une économie de marché.

Il s’est avéré que les autorités ne rechignaient pas à compenser les bas… mais hésitaient à contrarier les hauts, encourageant un biais en faveur de politiques monétaires et budgétaires souples.

Depuis l’administration Carter, par exemple, le budget US (politique budgétaire) n’a pas une seule fois été véritablement excédentaire (si l’on ne compte pas les contributions à la Sécurité sociale). C’était à prévoir : les hauts et les bas qui s’en sont suivis sont plus dramatiques que jamais.

Paul A. Samuelson, que nous avons également mentionné, a tenté de rendre la profession plus crédible en ajoutant des chiffres et de la rigueur.

Il a gagné un Prix Nobel grâce à son approche scientifique et l’a utilisée pour prédire que l’Union soviétique dépasserait les États-Unis « d’ici 1997 au plus tard ».

Bien entendu, les Soviétiques eux-mêmes étaient de grands raisonneurs. Ils ont décidé que la publicité, la concurrence entre marques et les prix du marché étaient « irrationnels », et qu’ils pouvaient mieux faire en laissant des groupes de bureaucrates prendre les décisions importantes.

Vous savez comment cela a tourné : ils ont raisonné… tout le long d’une catastrophe qui a duré 70 ans.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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