Privatisation des routes nationales, torchons rouges pour Gilets Jaunes

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Par Charles Sannat Modifié le 2 avril 2019 à 10h23
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Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Si l’on a tous compris que le président Bouteflika n’était plus totalement en capacité d’assurer ses fonctions en raison de son état de santé dégradé depuis son AVC et de son grand âge, coté français, ce qui peut commencer à inquiéter c’est la santé mentale de ceux qui nous dirigent.

On pense ce que l’on veut des Gilets Jaunes, mais ils soulèvent un véritable sujet sur la fiscalité, qui ne doit pas aller jusqu’au point de vider les gamelles. J’appelle cela les problèmes d’équilibre « gamelle/gabelle ». Le carburant trop cher ne permet plus d’aller travailler… Les péages trop chers ne permettent plus de prendre l’autoroute.

Les salaires eux, stagnent désespérément. Le SMIC ne bénéficie plus de « coup de pouce », productivité et compétitivité de notre pays oblige.

L’électricité va augmenter de presque 6% dès le 1er juin et une fois l’hiver passé.

Le grand débat n’a encore strictement rien donné.

Enfin, et sans que cette liste ne soit exhaustive, nos mamamouchis veulent se persuader que la mobilisation est en baisse.

Nous allons vers le 21ème acte. Le 21ème samedi. Chaque samedi la mobilisation est annoncée en nette baisse par rapport au samedi précédent.

Nous sommes donc le seul pays à revendiquer 15 000 contrôles à Paris ou 4 000 manifestants négatifs en moins ont été décomptés.

Chez ces gens là Monsieur, on ne compte pas… on décompte !

D’ailleurs, certains en appellent désormais à Christine Lagarde, grande prêtresse de la croissance négative…. Nous pourrions donc mettre en place des manifestations avec nombres négatifs de participants, ce qui serait logique, vu que franchement, chaque samedi, encore une fois, la « mobilisation est en très nette baisse », et qu’en plus elle « marque nettement le pas »…

Torchons rouges pour Gilets Jaunes

La dernière idée brillante lancée sous forme de ballon d’essai aussi grossier que grotesque est cette histoire de privatisation des routes nationales.

Franchement les gars, allez-y. Faites-le que l’on se marre un bon coup. Non, vraiment, allez-y. Fermez les nationales en les rendant payantes.

Moi je vais aller m’acheter une bouteille de Dom Papa, un Rhum qui n’a pas encore été rebaptisé Dom Parent1. Je vais sortir mon siège pliant du camping-car. Je vais m’installer au bord de la route avec mon rhum (moteur éteint évidemment) et je vais me siroter et siffler cette bouteille en contemplant la France mise à feu et à sang…

Je crois que là-haut, ils n’ont toujours pas compris. La grogne est terrible. La grogne est profonde. La grogne est ancrée. Il faut avoir à perdre pour que la peur soit plus forte que les tentations révolutionnaires.

Cette histoire de privatisation des nationales est un acte d’incendiaire politique.

Notre gouvernement de fous furieux se cache donc essentiellement derrière les « vilaines sociétés d’autoroutes » qui volent déjà consciencieusement la population françaises en leur faisant payer l’usage d’autoroutes payées par l’argent public et vendues à vil prix.

Oui les sociétés d’autoroute font le « forcing » pour obtenir des privatisations de routes nationales.

Je vais être sympa avec notre Manu (c’est une formule qui se veut sympathique, pour ne pas fermer le dialogue voyez-vous) qui aurait une fâcheuse tendance à perdre ses conseillers ces derniers temps.

Franchement, Manu, c’est une bonne chose, ils te conseillaient que des conneries, donc laisse les partir. En attendant, je vais te filer un conseil gratuit. Cadeau, et franchement ça me fait plaisir.

Surtout, le ballon d’essai, faut le reprendre, très vite.
Ensuite faut le ranger à la cave, pour très, très longtemps.
Enfin, il faut dire que le gouvernement dans son immense sagesse ne souhaite en aucun cas privatiser les routes nationales.

Après, si le gouvernement veut vraiment punir les Français en privatisant les routes, alors, là, comment dire… Dom Papa deux ou trois bonne lampée, parce que je pourrais dire…. « j’ai vu la révolution ».

Les Gaulois sont très gentils, très aimables, et très polis et pour beaucoup ils attendent. Patiemment. Laissent le temps au temps.

Mieux vaudrait cesser les provocations. Vraiment.

Pour que là-haut, ils comprennent bien, voici une petite anecdote.

Par chez moi, dans mon petit coin de Normandie, nous sommes à 70 kilomètres de Rouen. 35 minutes en payant 5 euros ou 1 heure au moins par la nationale. Les gueux en gilets jaunes sans-dent qui ne sont rien, qui font l’aller-retour économisent pour 95% d’entre-eux les frais de péage en passant par la nationale parce que 10 euros par jour c’est 200 euros par mois en plus de l’essence. Carburant dont le prix monte.

Pour Paris, c’est l’A13, et tous ou presque prennent la nationale. Pourquoi ? Parce que c’est cher et qu’en plus sur autoroute on roule plus vite donc on consomme plus donc c’est encore plus cher.

Vous savez pourquoi on va à Paris ou à Rouen, ou à Caen ? Parce que l’on y a trouvé un travail, ou parce qu’il faut emmener un enfant malade dans l’un des CHU de ces trois villes. En dehors de quelques bourgeois de province, on n’y va point pour voir un spectacle !

Privatiser les routes nationales c’est forcer les gens à payer en leur supprimant l’alternative gratuite, même plus longue, même plus inconfortable , et même plus dangereuse (on meurt à 80% sur les nationales et à 20% sur les autoroutes).

Privatiser les routes nationales c’est vider les gamelles et retirer la liberté de circuler aux gens.

Privatiser les routes nationales maintenant c’est une folie politique ahurissante. D’une bêtise insondable.

La « stratégie de la confrontation » n’est pas une stratégie, c’est un suicide collectif !

Mon cher Manu, les gens sont très gentils, très aimables et très polis. Mais quand ils auront été poussés à bout, ce n’est même pas les fusils qu’ils sortiront, mais quelques tracteurs et des fourches en nombre, suffisamment piquantes pour titiller quelques postérieurs de mamamouchis qui devront courir vite, très vite.

La stratégie de la confrontation d’un pouvoir quel qu’il soit et d’un peuple quel qu’il soit, n’est jamais la bonne solution ni pour les uns, ni pour les autres. L’idée sous-jacente est que pour réformer le pays il faudra passer en force et faire avaler de force les réformes sinon on ne réformera pas.

C’est une façon de voir. Elle est brutale et violente et ne peut qu’aboutir à une réponse violente et brutale.

Je reste persuadé que l’on peut adapter notre pays aux exigences du monde, que l’on peut même demander beaucoup d’efforts et de courage, mais certainement pas en imposant et en considérant le peuple comme LE problème. C’est une bien mauvaise pente que prend notre pays et ses dirigeants qui ne cachent presque plus leur haine et affichent ostensiblement leur mépris des petits et des sans grades qui forment les 98% de la masse de ce grand peuple.

Nous allons vers des semaines mémorables.

Je vais aller acheter une bouteille de Dom papa. Même Sarkozy a dit que tout ça « allait mal finir »… Il n’a pas idée à quel point cela va mal finir.

Ils n’ont pas idée de ce qu’ils font, mais cette fois, il n’y aura personne pour dire de leur pardonner, ils ont en plus tué dieu, alors la justice humaine risque d’être moins miséricordieuse… alors…

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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