Tout le monde a ses problèmes et l’important est de les résoudre !

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 1 mars 2019 à 11h12
Chine Donald Trump Commerce 1

Après un T4 2018 honorable, quel profil pour la croissance américaine en 2019 ? Quelle est la volonté des pays européens connaissant des difficultés économiques à les résoudre ? Peut-on deviner ce que sera la nouvelle stratégie économique de la Chine ?

Rendez-vous manqué entre Trump et Kim

Dans le sillage d’une rencontre non-conclusive entre le Président Trump et le dirigeant nord-coréen, Kim Jung Un, les officiels américains ont paru désireux d’envoyer des messages positifs sur les discussions économiques et commerciales avec la Chine. Même si aucun élément matériel nouveau n’est apparu. Pour ce qui est des éléments de langage, notons les propos de Mnuchin, le secrétaire au Trésor. La Maison Blanche et le Cabinet sont « complètement » sur la même ligne dans ces négociations : « moi-même, Lightizer, Ross, Kudlow et Navarro (les « plus hauts gradés » en matière de politiques économique et commerciale) partageons une vision commune sur la façon d’obtenir et de mettre en œuvre un vrai accord ». L’expression n’a probablement rien de spontané et il se peut que le sens du message envoyé soit le suivant : un échec au sortir d’une séquence de dialogue avec la Corée du Nord ne doit pas être lu comme un présage néfaste pour ce qui est de la conclusion du dialogue sino-américain en cours. Cet effort de gestion des anticipations positives paraît être perçu par les marchés. Ce matin, l’orientation des bourses asiatiques est haussière.

Revenons une minute sur l’ambiance du quatrième trimestre 2018, avec la baisse marquée du prix des actifs financiers risqués sur fond de tensions politiques et de craintes d’une inflexion, peut-être brutale, de la croissance économique. Au nombre des trois « poids lourds » de l’économie mondiale, si les chiffres du PIB de T4 étaient déjà connus pour la Chine et la Zone Euro (des performances dans le sillage de celles de T3), celui pour les Etats-Unis ne l’était pas encore. A cause du shutdown de l’administration fédérale, il n’a été publié qu’hier, avec donc un mois de retard. Les résultats ne sont pas mauvais ; en fait plutôt meilleurs qu’attendus. La croissance (en rythme annuel et d’un trimestre à l’autre) a atteint 2,6% après 3,4%. La ligne de crête des 3% l’an est donc préservé, avec une demande intérieure finale qui en est le socle.

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Quid de demain ? Un moindre soutien budgétaire est acquis et à ce titre un ralentissement de la croissance doit être envisagé. Son ampleur précise dépendra sans doute et avant tout du profil de l’investissement des entreprises. Si les anticipations sont au ralentissement, force est d’observer que la performance en fin d’année dernière a été meilleure que prévue. Tout ceci pour dire que pour le moment la trajectoire de l’économie américaine n’inquiète pas. Ce qui implique que les implications en termes de réglage de la politique monétaire seront principalement intermédiées par le profil des prix. Sans oublier évidemment les performances enregistrées sur les marchés de capitaux. A aujourd’hui l’alternative pour la Fed est entre poursuite à un rythme ralentie de la hausse du taux directeur ou attentisme. L’hypothèse de la baisse est davantage à remiser.

Disons deux mots du « semestre européen 2019 » que la Commission de Bruxelles vient de publier. Comme à chaque fois, il pointe les progrès concernant les réformes structurelles et tant la prévention que la correction des déséquilibres macroéconomiques. Il y a un côté distribution des mauvais points, voire des très mauvais points. Ainsi l’Allemagne et la France se voient attribués des mauvais points (trop important excédent extérieur pour le premier pays et positionnement trop « au milieu du gué » pour le second) et l’Italie un très mauvais. Son « déséquilibre macroéconomique excessif », selon la terminologie en usage, s’explique sans surprise par la dégradation des perspectives budgétaires et par des réformes « au point mort ». Au-delà du constat, le plus important est assurément la capacité et la volonté des pays-membres à mettre en œuvre les recommandations de la Commission. Eh bien, une vraie fatigue est observée. Et c’est une vraie préoccupation. Comment renforcer l’économie européenne, sans amélioration de la situation là où elle est la plus fragile ?

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En Chine, vers un cadrage macoéconomique

C’est ce week-end que s’ouvrent à Pékin le cycle des rendez-vous annuels de la Conférence consultative politique du peuple chinois et de l’Assemblée nationale populaire. L’exercice est évidemment très formel. Mais il permet de faire passer quelques messages. Ainsi un cadrage macroéconomique devrait être proposé (un peu de ralentissement de croissance et plus de politique de relance) et une emphase particulière devrait être mise sur la volonté d’améliorer le « sort » des entreprises étrangères présentes en Chine.

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Pour autant, aura-t-on une compréhension complète de la nouvelle stratégie économique chinoise, suite aux coups de boutoir en provenance des Etats-Unis ? Sans doute pas. Il nous reste alors à la deviner. Elle aurait quatre dimensions : trouver les conditions d’un compromis sino-américain le moins défavorable à Pékin, forger des alliances avec les autres pays qui comptent autour du globe (l’Europe et certains acteurs asiatiques), assurer le niveau de croissance économique qui assure durablement la stabilité intérieure et monter en autonomie en matière de technologies d’avenir.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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