La propriété privée disparaîtra-t-elle de notre vivant ?

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Par Bill Bonner Publié le 28 septembre 2019 à 3h03
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Les banques centrales et les fonds souverains rachètent des actions et des obligations : prochaine étape, des maisons et des voitures ?

[NDLR : Bill a retrouvé l’usage de sa main gauche… mais il a attrapé une pneumonie et n’est donc pas en mesure d’écrire ses notes habituelles. Nous vous proposons donc un « classique » de la Chronique, diffusé à l’origine en février 2017. Retour au cours normal des choses dès lundi !]

Nous rentrons de Miami, où nous avons rencontré certaines des meilleures têtes pensantes de notre domaine d’activité, réputées pour leur vision d’ensemble.

L’une des idées provocatrices qui ont été lancées est venue de notre vieil ami Doug Casey, fondateur de Casey Research :

« Aux États-Unis, la propriété privée disparaîtra de notre vivant », a-t-il annoncé de but en blanc.

Étudions la question. Les marxistes entendaient placer tous les biens sous le contrôle du gouvernement. Les principaux actifs devaient être détenus par l’Etat, ce qui signifiait qu’ils seraient utilisés et contrôlés par les gens qui dirigeaient le gouvernement.

C’était une situation si bizarre et si peu naturelle qu’il a fallu de sanglantes révolutions et guerres civiles pour l’imposer. Le résultat fut désastreux. Privés de leurs biens, les citoyens sont devenus esclaves de l’élite dirigeante. Ils ne pouvaient choisir leurs activités, l’endroit où ils vivaient ou leurs possessions. Ils étaient piégés.

L’attrait du communisme

L’attrait du communisme, c’était de pouvoir améliorer la situation matérielle des gens. En l’absence de coûts de publicité, de concurrence, d’erreurs, de luxes inutiles et de caprices individuels… l’économie était censée pouvoir produire des biens et services de façon plus efficace.

C’était comme une machine, pensaient ses promoteurs. Des technocrates vigilants, experts, et dotés d’un esprit civique, rationaliseraient la production, et amélioreraient son fonctionnement.

Cela n’a pas marché. Sans d’honnêtes prix pour guider les consommateurs… et sans aucune nécessité de les satisfaire en offrant des biens et services corrects… les artisans de la planification centrale ont créé une série de gâchis. Tous les accords étaient de type gagnant-perdant. Ils bénéficiaient à l’élite et appauvrissaient le citoyen ordinaire.

Au bout de quelques dizaines d’années, l’économie tout entière est devenue de type perdant-perdant : la production réelle était si faible et si médiocre que l’élite est arrivée à court de choses à voler. Au bout de 70 ans de ce régime en Union Soviétique, et 30 ans en Chine, les gouvernements ont décidé d’abandonner ce fantasme et de rétablir la propriété privée.

On reproduit sans cesse d’anciennes erreurs

Ces expérimentations se sont déroulées sous le regard du monde entier. On est en droit de penser que personne ne serait assez abruti pour les renouveler. Mais si le progrès est cumulatif dans les domaines scientifiques et technologiques, il est cyclique dans ceux de la politique et de l’économie.

Une génération tire des leçons. La suivante les oublie. On reproduit sans cesse d’anciennes erreurs.

Quelles sont les principales catégories de propriété privée ? Les familles possèdent des maisons, des voitures, quelques appareils… des bijoux… et quelques actifs financiers. Même en Chine et en Union soviétique, les familles conservaient quelques biens personnels. Les actifs financiers et immobiliers avaient été confisqués.

Cela pourrait-il se produire en Occident ? Peut-être est-ce déjà en cours. Nous avons vu de quelle façon l’argent falsifié est utilisé par l’élite, comme un braqueur utilise une arme : pour s’emparer des biens d’autrui.

Parking et confiscation

Nous avons expliqué à ce groupe, en Floride, notre analogie du ticket de parking :

« Vous laissez votre voiture dans un parking. On vous remet un ticket. C’est une forme de monnaie. Ce n’est pas de la richesse réelle, mais il la représente : en l’occurrence, votre voiture.

À présent, imaginez que le parking imprime des tickets supplémentaires. Il augmente la ‘masse monétaire’. Il se peut même que cela dope temporairement l’économie, car les gens pensent qu’ils sont plus riches et peuvent dépenser davantage. Il se peut que plusieurs personnes pensent être propriétaires de votre voiture.

Bien entendu, il n’y a toujours qu’une seule voiture. Mais les gens du secteur financier qui impriment les tickets peuvent les utiliser pour s’emparer de votre voiture. »

Ils peuvent utiliser le même système pour vous prendre votre maison… vos actions… et vos obligations. Ce serait une révolution cachée. La propriété privée disparaîtrait globalement. Elle deviendrait la propriété de l’élite du Deep State, qui contrôle le système.

Qui se plaindrait ? L’État paierait ces biens au prix fort.

Les banques centrales et les fonds souverains achètent déjà des milliers de milliards d’obligations. Mais saviez-vous qu’ils achetaient des actions, également ?

D’après Bloomberg, la banque centrale du Japon fait désormais partie des 10 entités détenant 90% des actions de l’Indice Nikkei 225 (l’équivalent japonais du S&P500). Selon son programme de QE, la Banque du Japon achète 6 000 milliards de yens (53 milliards de dollars) par an de fonds négociables adossés à des actions (ETF).

Peu importe les risques !

Comme les élites conduisent les voitures des autres… elles peuvent aller aussi loin qu’elles le souhaitent. Inutile de se préoccuper des cours. Ou du retour sur investissement. Ou de gestion des risques.

Une action est-elle trop chère ? Une société est-elle mal gérée ? Le marché actions grimpe-t-il ou baisse-t-il ? Quelle importance, si vous achetez avec de l’argent qui ne vous a rien coûté ?

Voici une prédiction personnelle : lors de la prochaine crise financière, les achats d’actions et obligations effectués par les banques centrales, y compris la Fed, seront d’encore plus grande envergure. Inutile de passer une loi au Congrès, ou que cela fasse l’objet d’un débat au Sénat ou même d’un tweet présidentiel.

Les élites affirmeront qu’elles « protègent l’économie ». Elles diront qu’elles « sauvent des emplois ». Mais l’effet exercé détournera la richesse des particuliers vers les mains sales de l’Etat et de ses compères.

Et quid de l’immobilier ?

Une bonne partie est déjà détenue par les REIT, des foncières cotées, qui pourraient se faire racheter également.

Il se peut que les compères du secteur financier aient déjà des prétentions sur votre maison. Mais la plupart des maisons sont financées par des prêts immobiliers. Les banques vous prêtent le même argent falsifié que celui que la Fed utilise pour acheter des actions.

Lorsque les banques accordent un prêt, elles créent des dépôts sortis de nulle part, à l’aide des touches d’un clavier d’ordinateur et de rien d’autre. Elles n’ont jamais gagné cet argent.

Mais vous le leur empruntez… achetez la maison… et remboursez la banque. Si vous ne payez pas, la banque saisit la maison et la revend à quelqu’un d’autre.

Il y a des années, les gens fêtaient la fin du remboursement de leur maison. Au moins, ils en étaient propriétaire une bonne fois pour toutes. À présent, on leur apprend à « gérer » leur crédit… et à refinancer. Pourquoi pas ? Les taux d’emprunt sont si bas…

La plupart des propriétaires de maison ne la possèdent jamais. Ils acquittent simplement un loyer aux banques… en payant un crédit toute leur vie pour avoir un toit au-dessus de leur tête et un écran plat dans le salon.

Mais attendez… Ils payent également des taxes foncières. À Baltimore, les taxes nous coûtent désormais aussi cher qu’un loyer il y a quelques années. Même nos voitures sont souvent louées ou financées [à crédit], désormais. Nous parlons de « nos » maisons et voitures. Mais bon nombre ne nous appartiennent pas plus qu’un vélo de location.

Elles aussi, elles appartiennent aux banques : le bras armé financier du Deep State.

Pour plus d'informations et de conseils de ce genre, c'est ici et c'est gratuit

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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