Quand Ségolène Royal cherche à recaser ses amis à la tête de la RATP

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Par Pierre Delville Modifié le 29 novembre 2022 à 10h09

Une entreprise qui se porte bien, voire très bien, en France, c'est suffisamment rare pour qu'on prenne le temps de s'y intéresser et de s'accorder un petit rayon d'optimisme. Surtout quand il s'agit d'une entreprise publique. C'est le cas de la RATP, dont la réussite est internationale. Seulement l'avenir de cette pépite est menacé. Pierre Mongin, son directeur depuis 2006, serait sur un siège éjectable et avec lui la vision stratégique qui a fait le succès de la RATP jusqu'ici. Ségolène Royal chercherait en effet à imposer son conseiller chargé de l'énergie, Francis Rol-Tanguy, à la présidence.

Depuis son arrivée à la tête de l'entreprise en 2006, Pierre Mongin a déroulé une stratégie ambitieuse lui permettant d'engranger des résultats plus qu'encourageants et d'engager des investissements massifs : plan de modernisation du RER A en 2008 ; développement de l'entreprise à l'étranger et lancement de Métrophérique en 2010, ceci dans le but de faire de la RATP l'une des cinq plus grandes entreprises mondiales de transport ; ou encore signature d'un contrat d'exploitation avec le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF), corollaire d'une série d'investissements notamment destinés à rénover les infrastructures et à prolonger les lignes de métro et de tramways.

Le triple succès de la RATP : Bons résultats, investissements en hausse et meilleure qualité du service

« Ces 5 dernières années (2009-2013), le montant cumulé des investissements atteint 7,14 milliards d'euros, en hausse de +65 % par rapport aux 5 années précédentes. Tirant profit de la dynamique des filiales, deuxième pilier du groupe, et notamment à l'international, ainsi que des efforts d'optimisation opérationnelle des équipes, le Groupe atteint un niveau record en Europe de profitabilité avec un EBIT à 10,3 % du chiffre d'affaires, tout en améliorant constamment la qualité du service délivré à ses clients », déclarait le Président-directeur général de la RATP après la tenue du Conseil d'Administration le 14 mars 2014.

Au fil des ans, l'entreprise s'est aussi imposée comme le plus grand employeur en France. En 2013, 2000 postes étaient à pourvoir, ce qui représentait une progression d'environ 200 recrutements par rapport à 2012. Un gisement d'emplois plus qu'appréciable pour la France, qui rencontre toujours autant de difficultés à faire repartir la machine économique.

L'année dernière encore se confirmait la volonté du dirigeant d'accompagner la filière ferroviaire française dans son développement à l'international via la signature d'un convention avec Ubifrance. Surtout, la signature d'un accord avec Orange a consacré l'arrivée de la 3G et de la 4G dans le métro et dans le RER. Une nouvelle très bien accueillie par les usagers.

Après 8 ans de bons et loyaux services, Pierre Mongin menacé par l'arrivée de Francis Rol-Tanguy

Si la RATP peut se réjouir de cette santé économique détonante en ces temps moroses, c'est en partie grâce à une gouvernance de long terme menée par un homme familier de l'entreprise ainsi que des enjeux de la filière et fort d'une vision déroulée d'année en année. Malheureusement, l'année 2014 paraît beaucoup plus incertaine. Il semblerait, d'après une information d'Atlantico, que la présidence de Pierre Mongin soit menacée. Il aurait été convoqué chez le secrétaire général de l'Elysée Jean-Pierre Jouyet le 26 juin 2014. La raison ? Ségolène Royal agirait en coulisse pour le remplacer par son conseiller chargé de l'énergie, du mix énergétique, des transports et de la mer, Francis Rol-Tanguy.

À part ses accointances avec la ministre de l'Écologie, Francis Rol-Tanguy ne peut pas compter sur bien autre chose pour prétendre au poste. Il ne s'est guère illustré dans le transport ferroviaire du temps où il était directeur du fret SNCF en 2000. Ses promesses de doubler la part du fret ferroviaire sont restées lettre morte, en revanche les plans de redressement ratés se sont succédé et des milliers de cheminots se sont retrouvés au chômage. Pire, le favori de Ségolène Royal a déjà été condamné par la justice pour avoir enfreint la législation du travail alors qu'il dirigeait l'Atelier parisien d'urbanisme. Motif de la condamnation : travail dissimulé et non-paiement des heures supplémentaires.

Le Gouvernement ne cesse de clamer son soutien aux entreprises afin de relancer une économie toujours vacillante. La RATP est une fierté nationale, l'une des rares dont le succès est éclatant et s'exporte au-delà de nos frontières. Il serait intelligent de ne pas torpiller l'espoir qu'elle constitue pour l'économie nationale pour une banale histoire de pistonnage.

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Titulaire d'un BTS Commerce international, il travaille en tant que chargé de mission à l'international et s'est spécialisé sur un travail de prospection et de veille, afin de détecter les nouvelles opportunités en France et sur les marchés étrangers.

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