Comment réformer la retraite des parlementaires ?

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Par Jacques Bichot Publié le 5 août 2017 à 4h19
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1376 EUROSLa retraite moyenne en France est de 1 376 euros par mois.

Il y a longtemps que les systèmes de retraite des députés, sénateurs et membres du Conseil économique, social et environnemental sont montrés du doigt par divers organismes, en particulier l’association Sauvegarde Retraites. Ces critiques sont, dans leurs grandes lignes, assez fondées : ces trois régimes, qui possèdent des points communs mais aussi des différences, ne donnent pas le bon exemple. Mais comment les réformer ? Deux possibilités existent.

La première, semble-t-il soutenue par l’Élysée et par Matignon, consisterait à faire rentrer dans le rang sénateurs, députés et conseillers, en leur appliquant la formule en vigueur pour les salariés du secteur privé. Mais le régime général et les régimes complémentaires ARRCO et AGIRC sont destinés à être réformés et fusionnés avec trois douzaines d’autres régimes catégoriels, conformément au projet présidentiel, pour former un unique régime par points : leur rattacher parlementaires et conseillers serait manquer une belle occasion de faire expérimenter par ceux qui conseillent et qui légifèrent la nouvelle formule destinée à l’ensemble des citoyens.

C’est vers cette seconde possibilité qu’il faut se tourner. Les représentants des citoyens et de leurs organisations professionnelles ont vocation à prendre la tête du mouvement de réforme. Demandons-leur donc d’étudier1 et, s’agissant des parlementaires, de voter, la création d’un régime de belle facture, pour eux-mêmes dans un premier temps, mais propre à être ensuite étendu à l’ensemble de la population. Faire absorber par ce nouveau régime, dûment testé par nos représentants, les trois douzaines de régimes par répartition actuels, aurait une toute autre signification que l’application aux dits représentants d’une formule dont chacun sait qu’elle est obsolète.

Le poisson pourrit par la tête, dit le proverbe. Eh bien, inversons la formule, lançons une régénération par la tête du système français de retraites par répartition !

Et allons encore un peu plus loin : chacun sait qu’il y a besoin, en sus de la répartition, d’une certaine dose de retraite par capitalisation. Le ou les fonds de pension que créeraient députés, sénateurs et conseillers économiques, adaptés aux spécificités de ces fonctions atypiques, donneraient l’exemple pour que se créent ou se développent des fonds de pension divers et variés, apportant aux Français le « sur mesure » dont chacun a besoin, parce que si tout le monde n’est pas député, tout le monde n’est pas non plus plombier, ou horticulteur, ou policier, ou PDG, ou salarié d’une start-up.

1 Notre ouvrage La retraite en liberté (Le Cherche-midi, 2017), qui fournit en 128 pages la substantifique moelle de vingt années de recherches sur la réforme des retraites, donnerait à cette étude une bonne base de départ.

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Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres, de "La retraite en liberté" au Cherche Midi et de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux éditions L'Harmattan.

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