Haïr les riches ne rend pas moins pauvre

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Par Charles Sannat Modifié le 10 octobre 2017 à 10h11
Ultra Riches Progression 2
3 MILLIARDS €La transformation de l'ISF en IFI coûtera 3 milliards d'euros à l'Etat.

Je vais ici tordre le cou à toutes les inepties économiques bien-pensantes aussi bien à l’égard des riches… que des pauvres !

Je tiens à préciser que je ne suis pas “riche” et que je m’en porte fort bien. Je ne suis pas franchement vénal, ni particulièrement ostentatoire, préférant la discrète sobriété et la simplicité volontaire dans un monde où beaucoup souffrent. Ceci étant posé…

Commençons par les « riches ».

Dans ce bas monde, il est de bon ton de vomir les riches et de les taxer encore plus. Si cela peut être techniquement possible à défaut de l’être éthiquement dans un monde fermé, c’est totalement stupide et contre-productif dans un monde ouvert où le méchant riche peut aller se faire tondre où bon lui semble pour moins cher.

Évidemment, c’est exactement ce qu’il se passe et nos « riches » compatriotes partent par milliers se faire plumer vers des cieux au moins plus ensoleillés car quand on est légèrement vêtu, mieux vaut une bonne température ambiante.

Alors, nos riches votent avec leurs pieds. Certes, ce n’est pas très patriote, mais franchement, maintenant tout le monde s’en fiche de la patrie, d’ailleurs tout le monde veut que vous vous en foutiez, vous devez être un citoyen du « monde », un « européen », alors soyons cohérents. Vous ne voulez plus d’appartenance nationale. Dont acte, allons payer nos impôts là où ils sont le moins chers. Je ne dis pas que c’est bien. Je dis que cette attitude est la conséquence logique de la destruction des nations, du patriotisme dans ce qu’il a de positif et donc du pacte social où au sein des pays les gens tentent de prendre soin les uns des autres.

On vous dit aussi que plus il y a de riches mieux c’est car, selon la théorie du ruissellement, plus il y aura de riches plus les miettes seront grosses pour ceux d’en bas. C’est en partie vrai, mais en partie seulement. Soyons honnêtes, si on laisse les gens décider de ce qui va ruisseler, il y aura quelques gouttes, mais parfois, il faut aussi évidemment savoir imposer.

Sauf que tout est question de proportion !

Non les pauvres et les riches ne sont pas plus gentils les uns que les autres

Lorsque je regarde les débats, je vois surtout des pauvres qui cherchent sans vergogne à faire la poche de ceux qu’ils considèrent comme plus riches qu’eux, ce qui est très relatif, en essayant d’avoir le maximum pour le minimum d’effort, tandis qu’objectivement nos riches sont plutôt punis avec constance pour créer de la richesse en subissant des taux d’imposition hallucinants dont les « pauvres » n’ont aucune conscience et de surcroît, leur indifférence est totale.

Être pauvre ne fait pas de vous systématiquement un être sympathique. Être riche ne fait de vous le diable, et inversement ! Chaque catégorie ayant son lot de sombres imbéciles.

Et l’idée et la conclusion de tout cela c’est qu’il est impératif de trouver des solutions fiscales équilibrées et pragmatiques.

Nous avons besoin de nos riches et de nos petits bourgeois. Le débat sur les « yachts » de 30 mètres de long est un débat économiquement crétin et stupide pour la simple et bonne raison que ce n’est tout au plus que quelques centaines de personnes qui achètent ce genre de navire. Leur mettre une taxe ne permettra jamais de financer le RSA de tous nos pauvres. C’est aussi illusoire que bête.

La seule façon de redistribuer c’est de pouvoir collecter suffisamment. Tout le reste, c’est de la littérature.

Pour collecter suffisamment, il faut qu’il y ait beaucoup de moutons à tondre pour avoir beaucoup de laine.

Si vous tondez trop vos moutons et qu’ils meurent tous de froid, vous serez bien avancés.

De la même façon, si vous les laissez choisir le paysan qui les tondra, ils iront chez celui qui leur laissera le plus de laine sur le dos.

Tout cela est d’une logique évidente, et nul n’est besoin d’être un prix Nobel d’économie pour le comprendre.

C’est dans cette optique que l’ISF est un impôt d’une crétinerie insondable dans un monde ouvert et dans un pays où les taxes atteignent déjà 80 % d’une création de richesse réalisée par un entrepreneur.

De surcroît, si l’ISF à 1,8 % peut être supportable avec des taux d’intérêt à 5 % quand les taux sont négatifs ou égaux à zéro, l’ISF est une taxe sur votre patrimoine de 2 % chaque année… c’est sûr qu’en 20 ans vous serez à peu près ruinés.

Alors oui, il faut tordre le coup à l’ISF qui est un impôt injustifié éthiquement parlant, stupide économiquement parlant et contre-productif dans un monde ouvert, et qui est une terrible punition dans un contexte de taux zéro.

Alors oui, il faut dire que les pauvres ne sont pas « que » des braves types, et que les riches ne seront pas forcément plus vertueux si on les laisse choisir le montant de leurs impôts.

Alors oui, il faut dire que l’un et l’autre, le riche et le pauvre, ne doivent pas être opposés car ils font tous partie d’une même communauté de destin, à ceci près que techniquement parlant, ce n’est pas le riche qui a besoin du pauvre, mais bien le pauvre qui a besoin des sous du riche !

Alors les pauvres de tous les pays, et du nôtre en particulier, seraient bien inspirés de se calmer un peu dans leur haine antiriches car il faut dire la réalité.

La réalité est que la France est un pays dans lequel il fait nettement moins bon vivre d’année en année, et je parle de tous nos problèmes sociaux qui s’empilent et qui vont des zones de non-droit, dirons-nous pudiquement, aux actes terroristes quasi quotidiens et réalisés par des « déséquilibrés isolés » mais de plus en plus nombreux…

Alors rajoutez en plus des impôts énormes, et les gens partent, les riches partent, et les pauvres, sans riches, finiront par se rendre compte qu’ils ont tué la poule aux œufs d’or.

Que personne ne veuille le comprendre et le dire me laisse pantois.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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