Le salon Paris Photo est-il en train de se saborder ?

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Par Philippe Herlin Publié le 13 novembre 2015 à 5h00
Grand Palais Salon Paris Photo
144Pour cette édition du salon Paris Photo, 144 galeries ont été retenues pour exposer.

Comme tous les ans on se réjouit de découvrir la nouvelle édition de Paris Photo dans le magnifique cadre du Grand Palais. Mais cette année, en parcourant les allées, on est submergé par l’ennui, rien ne semble attirer notre attention, que se passe-t-il ?

C’est qu’il y a du changement cette année à la tête du prestigieux salon : nouvelle directrice générale (Florence Bourgeois) et nouveau directeur artistique (Christoph Wiesner). Ce dernier possède pour le moins un profil atypique puisqu’au contraire de ses prédécesseurs, il ne vient pas du monde de photo mais de celui de la galerie d’art contemporaine généraliste (Yvon Lambert). La nouvelle directrice générale ne connaît pas non plus la photographie puisqu’elle vient du design (le salon PAD).

"Justement, ce qui m’intéresse c’est qu’ils ne sont pas issus du monde de la photo" comme le précise Jean-Daniel Compain, directeur général du pôle culture de Reed, l’organisateur et le propriétaire du salon (Le Journal des arts n° 444, du 30 octobre au 12 novembre 2015). On voit le résultat ! Sur les 144 galeries retenues, seulement une minorité (40%) sont des galeries photo stricto sensu. Une telle attitude marque surtout un mépris pour la photographie, imagine-t-on nommer à la tête de la Fiac un spécialiste exclusif de ce medium ? Ce serait étonnant… L’incompétence comme principe de gestion, voilà qui est original.

On se retrouve donc avec une majorité de galeries généralistes d’art contemporain pour qui la photo comme art en soi s’efface derrière la photo comme prétexte, signe, objet, "installation", autrement dit des choses souvent très ennuyeuses d’où l’originalité du regard a disparu. Si c’est pour retrouver à peu près les mêmes galeries qu’à la Fiac, qui a lieu un mois plus tôt, quel intérêt ? La Fiac accorde déjà une place importante à la photographie, ne serait-il pas plus judicieux pour Paris Photo de renforcer son identité ? Avec cette politique Paris Photo se saborde, un retour aux sources s’impose urgemment.

L’amateur de photo ira plutôt à Fotofever au Carrousel du Louvre, un salon plus jeune mais en forte croissance, et qui ne se disperse pas. Dans un autre domaine, l’amateur d’art ne manquera pas non plus de passer au magnifique salon de peinture classique, Paris Tableau, au Palais Brongniart. Un beau programme pour ce week-end !

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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