Sécu : l’addiction à la dette et au déficit

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Par Patrick de Casanove Publié le 14 décembre 2016 à 5h01
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3 %Les critères de Maastricht permettent États européeen d'avoir un déficit maximum de 3% du PIB.

« Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager. » Depuis la loi Lagarde de 2011, cet avertissement se retrouve sur toutes les offres de crédit. Les politiciens ne se l’appliquent pas.

Un drôle de système

Ce mode de gouvernement par le déficit et la dette est ancré dans la culture française. Aucun budget n’a été équilibré depuis 1974, aucun politique n’envisage d’y remédier. Les critères de Maastricht, leur 3% de déficit et le ratio dette/PIB de 60% maximum, sont devenus le « gold standard » d’une saine gestion. Pourtant la base d’une bonne gestionest de ne pas dépenser plus que ce l’on gagne.

Si quelqu’un tape à votre porte pour s’emparer par la force de votre argent, au prétexte de le dépenser à votre place pour votre bien, vous allez l’éconduire, voire porter plainte et le traîner en justice. Si cette même personne est élue de la nation, elle utilisera la force légale. Elle vous enverra l’URSSAF ou le Fisc, pour s’emparer de votre argent, au prétexte de le dépenser à votre place pour votre bien. Vous ne pourrez pas l’éconduire. Si vous le faites, vous serez traîné devant les tribunaux qui défendent le système.

C’est la spoliation légale.

L’irresponsabilité collective

Tous les régimes sociaux reposent dessus. Pour financer notre dit « modèle social » l’État utilise un argent qu’il a confisqué aux gens pour le dépenser à leur place. Ces régimes sont en déficit ou le seront. Il faut paraît-il les sauver. Cela évite d’avoir à prendre les décisions courageuses qui consisteraient à mettre à plat notre Sécurité sociale et à revenir sur les sacro saintes ordonnances de 45 en mettant fin au monopole d’État sur la protection sociale.

A cause de ce monopole notre société repose sur l’irresponsabilité collective et non la responsabilité individuelle. À cause de ce monopole l’État a la justification légale pour se mêler de votre vie privée.

L’immense majorité des Français l’acceptent parce que cela fonctionne ainsi depuis bientôt quatre générations. Bien peu se souviennent de ce qui existait avant la Sécu. Beaucoup croient qu’il n’existait rien et que les gens crevaient, faute de pouvoir accéder aux soins pour des raisons financières.

Ces Français croient que leur protection sociale est merveilleuse et que le monde entier la leur envie. Ils croient que le prix à payer est une Sécu en déficit chronique et une dette sociale qui s’alourdit sans cesse. Ils ont fini par être convaincus que la disparition du déficit ne pouvait que se traduire par une diminution de la qualité de leur prise ne charge donc de leurs soins.

La Sécu est un modèle vicieux

Pourtant, la dette et le déficit ne sont absolument pas indispensables à de bons soins. Ils en sont le frein puisqu’ils conduisent à rationner. Comme il n’existe pas de prix libres, ces « économies » sont arbitraires. Dette et déficit n’ont aucune raison d’exister dans une organisation reposant sur la responsabilité individuelle avec mise en concurrence de la Sécu. Une telle réforme fait peur. Les Français n’ont confiance ni en eux pour s’assurer, ni en leurs concitoyens pour en faire de même. La société française est une société de défiance et de peur.

Pour que les Français puissent pleinement profiter de la concurrence, qui est libre choix, il faut leur rendre l’intégralité de ce qu’ils gagnent, soit le salaire complet pour les salariés et le chiffre d’affaire imputé des dépenses nécessaires à l’exercice de leur profession pour les non-salariés. Il faut un seul impôt minimum et proportionnel. Il faut le retour au colloque singulier, qui est cette relation de confiance,qui unit le patient et son médecin, sans intervention d’un tiers. Le système reposerait sur le compte épargne santé, les assurances santé, dont la Sécu, en concurrence, un panier de soin accessible à tous sans sélection à l’entrée, un filet de sécurité sous forme d’un chèque santé pour les personnes en difficulté afin qu’elles aussi aient la liberté de choix.

On en est loin ! Dette, déficit et rationnement des soins ont de beaux jours devant eux !

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Né en 1959, marié, père de 4 enfants, le docteur Patrick de Casanove, diplômé en 1985, exerce comme généraliste dans la ville d'Ondres. Il en a été le Maire de 1995 à 2001. Il écrit des articles pour le journal suisse Le Temps et pour diverses institutions libérales. Il est président du Cercle Frédéric Bastiat. Il est l’auteur de "Sécu comment faire mieux".

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