Les séniors ont beaucoup à nous apprendre, apprenons à les réécouter

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Par Alexandre Ginoyer Modifié le 12 décembre 2013 à 6h22

L’image du senior selon les cultures : vénéré ailleurs, déconsidéré chez nous

Dans certaines cultures (voir notamment en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud…), les personnes âgées sont écoutées et respectées plus que dans la nôtre. Le fondement culturel est qu’elles ont acquis une richesse de savoirs qu’il est bon de transmettre de génération en génération. Les familles sont souvent nombreuses, et tout senior peut transmettre à des juniors. Les oncles et tantes sont écoutés comme les parents. Les plus anciens restent dans les familles jusqu’à la fin de leurs jours, et sont des modèles pour les plus jeunes. Ils sont les livres, les passeurs, les référents.

En Afrique, par exemple, la personne âgée qui transmet des anecdotes sur les anciens de son village est écoutée par les plus jeunes comme un trésor. Idem pour un maître artisan en Afrique du Nord : le maâlem est respecté, ses enseignements sont vénérés. L’apprenti pourra aller plus loin que lui s’il le peut et le veut, mais il commence par acquérir les bases académiques du maître. Il se sent appartenir à une communauté envers laquelle il a des devoirs, entre autres celui d’apprendre et plus tard de transmettre. Chacun a intégré qu’il est un anneau dans une chaîne de transmission. Il n’a pas, comme ici, à tout découvrir par lui-même, comme il peut, et ce qu’il a acquis ne sera pas perdu.

Dans notre civilisation, il en était de même quant au respect dû aux personnes âgées. Mais le présupposé actuel est plutôt que la plupart des acquis des anciens sont obsolètes, les techniques évoluant très vite et les principes moraux constituant des entraves à la liberté.

Ce concept de liberté a glissé, il est devenu synonyme de la recherche de l’exercice maximal des droits et minimal des devoirs. Notre société est devenue individualiste, chacun cherchant à tirer son épingle du jeu.

Nous avons perdu cette conception noble du séniorat.

État des lieux

Nos anciens sont souvent taxés :

°° de non-adaptation à la modernité, avec ses rites et ses outils technologiques,

°° de fermeture sur soi, sur son petit monde,

°° de radotage,

°° d’inutilité…

Souvent, les petits-enfants se forcent à aller voir leurs grands-parents et ne cherchent pas à tirer d’eux des enseignements, ne leur posent pas de questions, mettent leur casque audio au lieu de les écouter. Lorsqu’elles deviennent dépendantes, on arrache souvent les personnes âgées à leur logement pour les mettre dans des maisons spécialisées où elles finiront leurs jours dans l’isolement et la réclusion. Personne n’est responsable de cet état de fait : les logements urbains sont trop petits, les couples se démènent, les familles sont recomposées et géographiquement éclatées…

Notre société perd beaucoup à cette non-transmission.

Les seniors sont privés du besoin et du plaisir de transmettre, les juniors doivent trouver par eux-mêmes la « parole perdue », et cette parole se perd.

Chacun est dans la solitude.

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  Alexandre Ginoyer est un jeune sexagénaire au coeur de l'action et de la réflexion. Consultant indépendant, il accompagne les entreprises dans des projets de changement et l'optimisation de leurs ressources humaines. Il conçoit et anime également des formations pour les salariés et coache des chercheurs d'emploi de tous âges.  

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