La Suède donne une leçon de liberté à la France

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Par Gérard Delépine Modifié le 5 mai 2020 à 13h38
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98%98% des Suédois sont vaccinés bien que la vaccination n'y soit pas obligatoire.

Le 18 mars dernier, France info diffusait un reportage[1] prétendant que la gestion sanitaire suédoise du Covid19 mettait les suédois en danger et que leur nombre de morts était « finalement assez comparable » à celui de la France.

Pourtant la mortalité en France était ce jour-là dix fois plus élevée qu’en Suède avec, d’après l’OMS [2] 175 morts en France contre 3 en Suède, soit un taux par million d’habitants de 3 contre 0,3. Mais pour les avocats du confinement policier, qu’un pays puisse préférer les droits fondamentaux de ses citoyens à l’hystérie du covid19 devait être insupportable et combattu par tous les moyens, y compris la désinformation.

Précautions en Suède sans perte de liberté

Les suédois n’ont pas cru la simulation apocalyptique[3] du mathématicien-prophète Ferguson, pourtant patronné par l’OMS et Bill Gates, qui leur prédisait 70000 morts en cas de non-confinement policier[4].

Leur ministre de la santé, Lena Hallengren, a demandé une simulation à l’agence sanitaire suédoise, dirigée par Anders Tegnell. Celle-ci a récusé le modèle de l’Impérial College de Londres, et estimé qu’en faisant appel à des mesures moins contraignantes, on pourrait faire mieux qu’en suivant Ferguson.

Lors d’une interview pour Nature[5], A. Tegnell a précisé son raisonnement : « cette maladie ne peut pas être stoppée ni éradiquée à moins de disposer d’un traitement efficace ou d’un vaccin. Nous devons donc trouver une solution viable sur le long terme pour la contenir à un niveau tolérable par notre système de santé. Nous avons examiné un certain nombre de pays de l'Union européenne pour voir s'ils avaient publié une analyse des effets de ces mesures avant leur mise en œuvre et nous n'en avons vu pratiquement aucun. »

Johan Norberg[6] précise : « une simulation publiée par Harvard montre qu'empêcher la propagation du virus maintenant (avec un confinement strict) provoquerait un pic plus élevé plus tard, et davantage de morts qu'une politique à la suédoise de mesures de distanciations sociales volontaires où la maladie circule au sein de la population et crée une immunité de groupe protégeant les plus vulnérables ».

La vice-première ministre Isabella Lövin a également déclaré que toute mesure prise devait être tenable dans la durée : « c’est un marathon, pas un sprint »

L’éditorial du Dagens Nyheter souligne dans l’édition du 21 avril 2020 les risques sociaux, économiques, politiques et démocratiques considérables d’un confinement policier prolongé : « bloquer complètement la société pendant des mois est intenable : « si on abandonne une partie de la démocratie maintenant, on ne sait jamais vraiment quand on la récupérera ».

Le premier ministre, Stefan Löfven, a exhorté les suédois à se comporter en adultes et à ne pas paniquer, ni à propager des rumeurs. Il appelé au civisme, demandé à chacun de "prendre ses responsabilités" et à suivre les recommandations sanitaires émises par l'Agence de santé publique.

La ministre des Affaires étrangères, Ann Linde a rappelé : « chacun est responsable de son propre bien-être, de celui de ses voisins et de sa propre communauté locale. Cela s’applique en temps normal comme en temps de crise ».

Seuls les lycées et universités ont été fermés et les visites dans les maisons de retraite et les rassemblements de plus de 50 personne ont été interdits. Mais le gouvernement suédois n'a pas décrété l'état d'urgence, ni aucune mesure coercitive, ni aucun confinement.

Il a seulement encouragé le télétravail, invité les personnes de plus de 70 ans à rester chez elles et déconseillé les voyages. Les Suédois sont restés libres de juger de la pertinence de leurs mouvements. Le 7 avril, la Ministre des affaires sociales a déclaré : « il ne faudrait pas que pendant les vacances de Pâques, certains aient à se sentir inutilement seuls ». Les jardins d’enfants, les écoles, les bureaux, les bars[7], les restaurants, les bibliothèques, les commerces et le métro sont restés ouverts. Les stations de ski restent ouvertes, mais sans utilisation des télécabines.

Pendant ce temps-là en France

Maintenant que les français ont subi plus de 50 jours de confinement aveugle et policier, nous pouvons comparer les résultats des deux politiques.

D’après les chiffres publiés par l’OMS[8], la France comptait au 2 mai 24560 morts contre 2653 en Suède, soit une mortalité par million d’habitants 50% plus élevée (394 vs 263). Du point de vue épidémique, le confinement à la française constitue donc un échec cuisant par rapport à la Suède avec un surplus de morts Covid19 rapporté à notre population d’environ 8200[9].

Certains, pour nier cet échec prétendent que les suédois auraient sous-estimé leur nombre de morts, mais tout indique le contraire. Les Suédois, comme les français, ont un numéro d'immatriculation personnel qui doit être obligatoirement présenté accompagné d'une pièce d'identité à chaque consultation d’un soignant. L’administration enregistre systématiquement les personnes ayant été signalées comme positives au Covid-19, et chaque décès d’une de ces personnes est comptabilisé comme secondaire à l'épidémie, si le décès a eu lieu dans les trente jours suivant le signalement.

La Suède recense ainsi toutes les personnes mortes avec le Covid-19, sans que le Covid-19 n’en soit forcément la cause réelle. On peut en effet mourir d’une crise cardiaque, d’un cancer, d’un suicide ou d’un accident, même après avoir été testé positif au Covid19.

Johan Norberg, estime que la Suède fait « un décompte probablement plus précis que la plupart des autres pays, même si certaines personnes mortes dans des maisons de retraite passent sans doute à la trappe ».

Morts politiques

Au-delà de l’échec sur la prévention de la mortalité directement lié au Covid19, le confinement policier des français a été responsable de « morts collatérales » non comptabilisées par nos responsables, liées aux ruptures de traitement de maladies chroniques, aux retards entraînés par l’interdiction faite aux chirurgiens d’opérer les cancers[10], à l’augmentation des violences domestiques[11], aux retards ou absences de diagnostic d’embolie pulmonaire, d’infarctus du myocarde etc.[12].

Les suédois ont également échappé aux traumatismes psychiques, aux ruptures scolaires, et aux conséquences sociales de l’enfermement imposé aux français telle que la pauvreté engendrée par le chômage[13].

Leur économie souffre aussi de la crise, du fait des ralentissements des échanges internationaux, mais dans une proportion infiniment moindre que ce que nous subissons en France car la catastrophe économique engendrée par le confinement policier s’annonce terrible [14].

Cette série d’épreuves inutilement infligées aux français par leurs gouvernants a augmenté la défiance envers leur personnel politique et les déclarations souvent contradictoires de l’Etat et diminué la confiance dans la science des experts « officiels » trop liés aux entreprises du médicament. Alors qu’en Suède, un sondage publié en avril par le cabinet Novus estime que la confiance des Suédois à l’égard de leur gouvernement a sensiblement augmenté en mars.

Les résultats remarquables[15] de Taiwan ont prouvé que la démocratie et la libre circulation des informations sont essentielles pour combattre efficacement l'épidémie de coronavirus. Ainsi que le rappellent les taiwanais[16] : « dans les pays autoritaires, les responsables locaux cachent la vérité au gouvernement central pour éviter les reproches, et le gouvernement central ment également à son peuple pour détourner les critiques du public au début d'une épidémie. En conséquence, les mesures de contrôle de la maladie sont retardées et finalement inefficaces ».

La Suède, comme Taiwan viennent de nous rappeler que l’exercice démocratique du pouvoir est nécessaire à la sécurité d’un peuple.

Churchill aurait pu tristement constater [17] : « nous avons abandonné la démocratie pour obtenir la sécurité et nous avons obtenu l’insécurité et la dictature »

Espérons que nos politiques sauront tirer des leçons de cet échec cuisant et que le déconfinement ne poursuivra pas dans la voie autoritaire qui nous a déjà coûté si cher sur tous les plans sanitaires, sociaux, économiques et politiques.

Français, souvenez-vous que notre pays a été l’un des berceaux des Droits de l’homme et du citoyen

[1] Jean-Marc Four Coronavirus : la Suède ne fait pas comme tout le monde France Info publié le 18/03/2020

[2] Coronavirus disease 2019 (COVID-19) Situation Report – 58 publié le 18/3/2020 à 00H

[3] Imperial College COVID-19 Response Team Report 9: Impact of non-pharmaceutical interventions (NPIs) to reduce COVID-19 mortality and healthcare demand 16 March 2020

[4] 15 jours plus tard, devant la commission des sciences du parlement britannique N Ferguson reconnaissait que ses prévisions surestimaient le nombre de morts et qu’au lieu de 510000 morts, c’est à environ 20000 victimes que le pays devait s’attendre.

[5] A Tegnell Closing borders is ridiculous Nature 21 avril 2020

www.nature.com/articles/d41586-020-01098-x

[6] Ecrivain et défenseur du modèle suédois

[7] Qui servent seulement à table et non plus aux comptoirs

[8] OMS Covid situation report 103 du 2 mai 2020

[9] Si on extrapole le taux de mortalité suédois à la France nous aurions déploré 8200 victimes du Covid en moins

[10] Consignes des Agences Régionales de Santé de ne pas opérer les cancers mais de les traiter par radiothérapie durant le plan blanc pour ne pas encombrer les cliniques (pourtant restées vides durant cette crise au point qu’elles ont dû mettre leurs infirmières, secrétaires et autres personnels au chômage.

[11] Le nombre de femmes battues ou violentées aurait augmenté de 30% depuis le confinement

[12] https://ripostelaique.com/covid-19-que-de-crimes-commet-on-en-ton-nom.html

[13] Depuis le confinement les files d’attente aux restos du cœur ont considérablement augmenté

[14] L’INSE estime à 10-12% la perte de PIB engendré par ce confinement policier ce qui représente une catastrophe sans équivalent depuis 1945. On peut réellement parler de suicide économique.

[15] La mortalité de Covid 19 est la plus basse du monde dans ce pays qui devance le Japon, la Corée et Singapour

[16] Victor (Lin) Pu : Comment Taiwan démocratique a surpassé la Chine autoritaire. Le Diplomat 27 février 2020

[17] En paraphrasant son résumé des accords de Munich « nous avons abandonné nos alliés pour obtenir la paix et nous avons récolté la guerre et le déshonneur »

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Chirurgien orthopédiste et statisticien

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