La sureté des centrales ukrainiennes mise en cause

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Par Hector Trudel Modifié le 29 novembre 2022 à 10h07

Un incident s’est produit vendredi 28 novembre dans la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia dans le sud-est du pays. Ce qui est très étonnant c’est qu’il n’a été révélé par les autorités que mercredi 3 décembre, soit cinq jours plus tard. Apparemment, cet incident n’est source d’aucune menace, mais il met en lumière la question de la sûreté nucléaire en Ukraine.

Un incident sans gravité

L’incident du 28 novembre serait dû à un court-circuit dans le système électrique du réacteur 3 de la centrale qui n’a pas affecté le réacteur lui-même et n’a, par conséquent, causé aucun rejet radioactif. Ce court-circuit n’est « source d’aucune menace » a affirmé Volodymyr Demtchichine, le ministre ukrainien de l’Énergie. Cette affirmation a été confirmée par Michel Chouha, expert à l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français) qui écarte toute possibilité de contamination radioactive.

Mais c’est la question de la sûreté nucléaire en Ukraine qui est remise sur le tapis avec cet incident. Rappelons qu’à part Tchernobyl, à l’origine de la plus grande catastrophe nucléaire de l’Histoire, le pays possède quatre sites atomiques : deux au nord-ouest, Rovno et Khmelnitski, un au centre, Ukraine-sud et un au sud-est, Zaporijia. L’Ukraine recense un total de 15 réacteurs avec une puissance cumulée de 13 gigawatts qui produisent un peu moins de la moitié de l’électricité nationale.

L’Ukraine dépendante de la Russie

Mais ces installations nucléaires sont actuellement menacées par le conflit actuel entre l’Ukraine et la Russie qui pose une double menace. La première est liée aux tensions avec les séparatistes prorusses, la seconde est quant à elle liée à la très forte dépendance de Kiev vis-à-vis de Moscou. En effet, l’Ukraine est dépendante de la Russie pour ce qui concerne son approvisionnement en combustible et en composants de ses réacteurs qui conditionnent leur bon fonctionnement.

Le risque premier c’est que l’un de ces sites nucléaires soit touché, accidentellement ou non, par un engin militaire. La destruction du réseau électrique extérieur ou d’un des générateurs de secours endommagerait le refroidissement des réacteurs pouvant causer un accident du type de celui de Fukushima au Japon. Ce scénario ne parait pas vraiment vraisemblable, mais ne doit pourtant pas être totalement mis de côté.

Mais le danger principal vient des centrales nucléaires elles-mêmes. « Leurs 15 réacteurs sont de conception soviétique. Leur exploitation reste tributaire du combustible et des pièces que la Russie livre à leur opérateur, Energoatom la compagnie nationale de production d'énergie nucléaire d'Ukraine. Si le conflit venait à se durcir entre les deux pays, les relations entre le constructeur et l'exploitant pourraient être coupées, ce qui serait préjudiciable à la sûreté » explique Michel Chouha. En effet, en cas de défaillance d’un composant, l’exploitant se retrouverait alors en panne de pièces détachées certifiées.

Les réacteurs ukrainiens ont pour la plupart été construits entre 1970 et 1980 et sont aujourd’hui vieillissants et souffrent parfois de faiblesses structurelles. Il est donc fort probable que l’un d’eux tombe en panne incessamment sous peu, et si l’Ukraine ne peut pas se fournir en pièces détachées auprès de la Russie, la situation pourrait alors être dramatique.

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Consultant en immobilier d'entreprise axé développement durable, Hector Trudel réalise des veilles réglementaires et technologiques afin d'optimiser ses conseils en stratégie environnementale et optimisation immobilière auprès de grands groupes internationaux.

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