Quand simplifier le système de redistribution devient un impératif

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Par Jordan Galienne Publié le 2 septembre 2014 à 2h31

Il existe aujourd'hui en France comme dans de nombreux autres Etats providence, un nombre incalculable de mécanismes destinés à redistribuer les richesses. Ces mécanismes ont tous pour point commun d'avoir une portée sociale. Pour autant, ces mécanismes, aussi nombreux soient-ils, ne parviennent pas à mettre fin à la misère, notamment à cause de leur complexité. Cet aveu de faiblesse appelle une réforme pour plus de simplicité.

Une usine à gaz redistributive

Nombreux sont aujourd'hui les systèmes de redistribution. En revanche, peu nombreux sont les gens qui en comprennent le fonctionnement. L'Etat providence français a vu fleurir de très nombreux systèmes comme la prise en charge collective de la santé, des systèmes de retraite, le soutien aux handicaps, les politiques familiales, le revenu minimum, les allocations diverses ou encore le revenu minimum par exemple. Autant dire que ces différents mécanismes constituent un tout que personne ou presque ne maitrise complètement.

Si personne ne comprend le système de redistribution dans son ensemble, cette difficulté touche encore davantage les plus pauvres. Ceux-ci, qui en sont les principaux bénéficiaires, se voient forcés de remplir des questionnaires sans fin pour avoir accès à des aides particulières, si tant est qu'elles soient cumulables avec les aides déjà perçues. Des démarches donc chronophages en plus d'être inutiles et incompréhensibles.

Une solution, la simplification

De nombreux penseurs et économistes ont milité et militent encore aujourd'hui pour réformer ce système de redistribution qui n'est pas viable. Dans la perspective de Milton Friedmann, le philosophe belge Philippe Van Parijs explique par exemple dans son livre Real Freedom for All qu'une allocation universelle et inconditionnelle permettrait de « libérer les chômeurs de la trappe de pauvreté qu'engendrent les systèmes actuels de compensation à l'absence d'emploi ; améliorer les conditions des travailleurs via l'accroissement du pouvoir de négociation des employés face à leurs employeurs ; encourager le travailleur indépendant, l'innovation et la prise de risque ; libérer les femmes au foyer de leur dépendance financière par rapport à leurs maris ».

Venant se substituer aux aides existantes, un revenu de base inconditionnel d'environ 400 euros représenterait une somme d'argent permettant d'éviter les cas extrêmes de misère et serait un système de redistribution plus juste. Le principal point d'achoppement constitue en fait la question de son financement. A ce propos, Warren Buffet déclarait ressentir « que c'est cette société qui m'a enrichi. Je n'aurais pas réussi ainsi si j'étais né au Bangladesh ou dans un endroit comme ça. Ma richesse découle pour une grande part du reste des citoyens de ce pays. Une fois que moi et ma famille avons nos besoins satisfaits, le reste doit retourner à la société ». Une autre manière de dire qu'il serait légitime que l'effort de financement soit général. Financé par cotisation, ce système ne devrait de toute façon pas engendrer des coûts supérieurs puisqu'il viendrait remplacer les systèmes actuels.

Actuellement, c'est le Mouvement Français pour un Revenu de Base qui développe cette idée en France. Régulièrement présentée aux politiques, l'idée fait son chemin et fait heureusement de plus en plus d'adeptes. « L'idée est parfaitement connue du monde politique » affirme même Marc de Basquiat, docteur en économie et auteur d'une thèse sur le financement d'une allocation universelle en France. De bonnes raisons d'espérer davantage de justice pour un système dont c'est le principal objectif.

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Jordan Galienne est auditeur dans un grand cabinet de conseil économique. Souvent en déplacement aux quatre coins de l’Europe, il s’intéresse aux opportunités d’investissement et identifie les risques associés aux pays les plus prometteurs.  

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