TAFTA : l’enfumage français contre la réalité européenne

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 26 septembre 2016 à 10h23
Tafta Traite Ecologie Rechauffement Climatique
5,2 MILLIARDS €La balance commerciale de la France était en déficit de 5,2 milliards d'euros en avril 2016.

Le TAFTA, le traité transatlantique, traverse-t-il une mauvaise passe comme le soutiennent nombre de médias français à l’issue du sommet ministériel européen sur la politique commerciale de vendredi dernier à Bratislava? Les lecteurs ou téléspectateurs français peu attentifs pourraient avoir l’illusion que l’Europe a décidé de surseoir à la négociation et de repousser sine die la conclusion du traité.

Un petit exercice de remise en ordre s’impose ici, car c’est exactement l’inverse qui se passe, quelle que soit la désinformation qui règne en France sur ce sujet.

Une commissaire européenne très attachée au Traité

Premier point: la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, est une farouche partisane du traité, et même des traités. Elle se targue de porter une politique multilatérale de traités commerciaux tous azimuts, dont le TAFTA. L’illusion dominante en France consiste à faire croire que la TAFTA constitue une sorte d’aboutissement. En réalité, il n’est qu’une étape dans un projet beaucoup plus vaste qui vise à installer l’Europe dans un système commercial mondial.

Imaginer que la Commissaire va abandonner son projet en cours de route est non seulement une illusion, mais est même contraire au discours qu’elle a prononcé jeudi dernier…

Une majorité d’Européens favorable au TAFTA…

Deuxième point: la position de la France est minoritaire en Europe. Au sommet de Bratislava, il s’est d’ailleurs trouvé une majorité claire pour réaffirmer son attachement à la conclusion du TAFTA, dont un cycle de négociations reprend le 3 octobre. En l’état de l’organisation européenne, en l’état de sa gouvernance, la France n’a donc aucune chance de bloquer le traité…

… dans l’attente des élections américaines

Troisième point: le traité n’est pas prêt à être signé et les élections américaines changent profondément la donne. L’hypothèse réaliste d’une victoire de Donald Trump, ennemi déclaré du traité, remet en cause le scénario bâti jusqu’ici. Le sommet de Bratislava de la fin de semaine n’a pas dit autre chose: il faut attendre de voir l’évolution de la situation pour prendre une posture définitive.

Cette position n’a rien d’un échec, ni d’un quelconque aveu de faiblesse, contrairement à ce que prétend la presse française. En réalité, les Européens veulent signer ce traité et relanceront les négociations si la partie américaine venait à douter après les élections. Cette attitude est d’ailleurs dangereuse, puisque, en faisant mine de vouloir abandonner une partie à laquelle les Européens tiennent, les Américains se mettent en position de force.

La France encore perdue dans ses illusions

Autrement dit, et une nouvelle fois, la France s’abuse donc sur ses chances de modifier le cours de l’histoire européenne en jouant le jeu de la coopération. L’idée européenne se traduira une fois de plus par un surcroît de libre-échange contre la volonté exprimée par les peuples. Chacun en pense ce qu’il en veut, mais les faits sont têtus: l’Europe ne change pas. Elle est programmée pour mener une politique inexorable.

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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