Deutsche Bank : taxer les télétravailleurs pour augmenter les bas salaires

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 13 novembre 2020 à 11h37
Teletravail Obstacles Freins Sondages
5%Deutsche Bank propsoe une taxe de 5% sur le télétravail.

De nombreux salariés, en France comme ailleurs, sont contraints de télétravailler pour lutter contre la crise de la Covid-19 et réduire les contaminations par le virus. Mais, selon une analyse de Deutsche Bank, c’est le début d’un véritable changement sociétal et managérial : les télétravailleurs pourraient continuer de travailler de chez eux après la fin de la crise sanitaire. Un « privilège », selon la banque allemande… qu’il faudrait taxer !

Le télétravail coûte moins cher au salarié, surtout à long terme

S’il est difficile de voir les bienfaits du télétravail sur le portefeuille à court terme, il est facile de les imaginer à long terme : pas de transports en commun, plus de temps libre, pas de repas hors de la maison (plus chers, logiquement)… bref, pour Deutsche Bank le télétravail est une véritable aubaine pour les salariés qui en profitent. D’autant plus que, généralement, ce sont des salariés ayant des postes à responsabilité qui peuvent télétravailler.

Luke Templeman, stratégiste thématique chez Deutsch Bank à l’origine du Konzept research report publié mardi 10 novembre 2020 et repris par Cnbc, ces économies doivent être taxées. Une question d’égalité entre les personnes qui bénéficient du télétravail et celles qui, au contraire, ne peuvent faire autrement que de se lever tous les jours pour faire leur trajet domicile-boulot.

Le télétravail est parti pour durer

Si la Deutsche Bank s’intéresse à une possible taxation du télétravail, c’est qu’elle estime que cette pratique ne va pas disparaître avec la fin de la crise sanitaire, bien au contraire : selon un sondage qu’elle a mené, plus de la moitié des télétravailleurs souhaiteraient poursuivre le travail à distance deux à trois jours par semaine. C’est la durée conseillée par les spécialistes pour conserver le lien social des collègues tout en profitant du temps libre dégagé par l’absence de trajet.

Ainsi, afin de compenser, les télétravailleurs pourraient être soumis à une taxe malgré tout élevée : 5%. Pour un salaire de 55.000 euros par an, par exemple, cela représente 10 euros par jour (300 euros par mois), le prix moyen des dépenses quotidiennes pour se rendre au travail entre transports, vêtements, repas…

Avec cette taxe, selon Deutsche Bank, les montants collectés pourraient être énormes : en Allemagne, cette taxe appliquée aux salaires de plus de 40.000 euros par an permettrait de collecter, selon les calculs de Deutsche Bank, 15,9 milliards d’euros par an… de quoi verser 1.500 euros par an de plus aux 12% de la population allemande qui vit avec moins de 12.600 euros. Et qui, bien évidemment, ne peut pas télétravailler ayant généralement des emplois incompatibles avec le travail à distance.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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