Le temps – et les crises – s’accélèrent

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Par Bill Bonner Publié le 27 mai 2020 à 5h52
Argent Dollars Crise
35 DOLLARSLe nouveau billet argentin de 5.000 pesos vaut 35 dollars.

Les Etats-Unis sont en route pour l’Argentine : hyperinflation, destruction de la monnaie et tout ce qui va avec. Et cela risque d’aller bien plus vite que prévu…

Le temps s’accélère. Des choses qui devraient prendre des décennies se produisent en quelques mois, semaines, jours…

Ici, dans le nord-ouest argentin, nous avons un petit aperçu d’un avenir qui arrive rapidement. Que voyons-nous exactement ?

La fin de l’empire américain, pour commencer. Et la fin du dollar factice qui le soutient.

Roi du monde

En deux mots, quand v grimpe, $ baisse.

« Je me rappelle la fin des années 1980 », a déclaré notre administrateur à Salta il y a quelques jours. « J’étudiais à Buenos Aires. Mes parents devaient m’envoyer de l’argent tous les jours pour que je puisse manger. Tous les jours, je me précipitais au supermarché. Et là, il y avait plein d’employés qui passaient leur journée à changer les prix, en essayant de suivre le rythme de l’inflation. »

Mais tandis que la devise argentine s’effondrait… le dollar US était le roi du monde.

Lancé en 1971, le système dollar actuel a déjà près d’un demi-siècle. Toutefois, un système de monnaie fiduciaire pure – sans liens rigides avec l’or – ne dure jamais plus d’un cycle de crédit entier.

La fausse monnaie se porte bien tant qu’elle agit comme une vraie devise. C’est facile lorsque les taux d’intérêt baissent et que les prix semblent stables. C’est encore plus facile lorsqu’elle a le statut de devise de réserve mondiale. Les gens l’acceptent sans problèmes en guise de paiement pour les biens et les services.

Ils sont tout aussi prêts à la laisser dans leurs comptes en banque ou sous leur matelas.

Ensuite, quand il y a une crise… ils en veulent plus. Ils rechignent à s’en séparer… s’accrochant à leurs dollars comme à la vie même. Les prix baissent ; la devise grimpe.

Solution de facilité

Mais les économies inspirent et expirent. Elles font des erreurs… et les corrigent. Les gens deviennent avides… puis craintifs. Ils sont surpris par des chocs inattendus… et y réagissent.

Sous la pression de la « nécessité » – guerre, dépression, troubles civils –, les autorités choisissent toujours la solution de facilité. C’est-à-dire qu’elles « impriment » de l’argent, dans l’espoir que la crise passera et que l’économie connaîtra une croissance suffisante pour correspondre à l’augmentation de la masse monétaire.

Durant la majeure partie du XXème siècle, la Réserve fédérale a augmenté la masse monétaire US à un rythme raisonnable – entre 2% et 3% par an. C’était généralement en ligne avec la croissance économique, de sorte que les prix restaient plus ou moins stables (avec de notables exceptions dans les secteurs de l’éduction, de l’immobilier et des soins de santé).

Puis il y a eu la crise suite aux attentats du 11 septembre 2001… la chute du Nasdaq… et une autre crise encore après l’effondrement des prêts immobiliers en 2008-2009.

Chaque fois, la Fed a réagi en « imprimant » plus d’argent. Et à chaque fois, elle a évité la douleur d’une correction réelle, maintenu de mauvais gestionnaires à leur poste, transformé de mauvaises entreprises en « zombies » accros au crédit à des prix inférieurs au marché, et rendu profitables de mauvais investissements en faisant grimper les cours à coups de dollars factices.

Et puis le Covid-19 est arrivé… que pouvait-elle faire ? Imprimer plus d’argent !

Cette fois-ci – le troisième plan de crise de ce siècle – son impression monétaire est plus débridée que jamais. La base monétaire américaine (le bilan de la Fed) se montait à 3 800 Mds$ en septembre 2019. Il a fallu presque 106 ans – depuis la création de la Réserve fédérale en 1913 – pour en arriver là. Au cours des 12 mois qui ont suivi, elle aura ajouté deux fois cette somme.

Les Argentins ne sont pas dupes…

Les Américains – qui n’ont que de vagues souvenirs d’une inflation modérée dans les années 1970 – s’attendent à ce que les choses reviennent bientôt à la « normale ». Les Argentins, eux, ne sont pas dupes. Ils savent que lorsque les gens pigeront l’escroquerie de l’impression monétaire, ils se précipiteront pour se débarrasser de leurs dollars. La vélocité de la monnaie, v – le rythme auquel l’argent change de main – grimpera en flèche… tout comme les prix.

Associant l’expérience des pampas avec l’esprit d’entreprise nord-américain, quelques Américains ont fondé un groupe d’hommes d’affaires en Argentine. Ils ont commencé à partager leurs idées et informations il y a plus de 100 ans. Depuis, « ils ont tout vu ».

Votre correspondant a la chance d’être inclus dans leurs échanges d’e-mails.

Un membre nous informe que le gouvernement argentin vient d’introduire un nouveau billet de 5 000 pesos – aux cours actuels, ce nouveau billet vaudrait environ 35 $.

Un autre intervenant s’inspire d’une expérience douloureuse pour prédire ce qu’il va se passer ensuite : « On est en route ! » écrit-il.

Il continue :

« Il y a près de 40 ans, en 1981, la banque centrale argentine a émis un billet de 1 000 000 pesos, qui valait environ 90 $US. La devise était connue sous le nom de Peso Ley 18.188, et a duré de 1970 à 1983. En 1983, le Peso Ley a été remplacé par le Peso Argentino, et quatre zéros ont été supprimés. Tout cela a eu lieu avant l’hyperinflation de 1989 et 1991. Imaginez ce qui arrivera dans les prochaines années. »

Oui, nous sommes en route. Depuis que nous sommes dans le pays – trois mois seulement – le peso a perdu 30% de sa valeur par rapport au dollar US au marché noir.

Ce qui attend les Etats-Unis

Mais le dollar est maudit aussi – et pour la même raison.

Les autorités américaines impriment encore plus d’argent que les Argentins. Et elles décident qui en bénéficient. La plupart des Américains sont peut-être aveugles… mais ceux qui connaissent l’Argentine savent ce qui nous attend : un désastre !

Autant se préparer : le billet de 5 000 $ arrive aux Etats-Unis aussi. Peut-être portera-t-il l’image d’un aigle masqué sur un côté… et le héros de la guerre contre le Covid-19, Anthony Fauci, de l’autre.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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