L’Europe, jalouse, veut aussi sa crise des subprimes

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 31 mars 2015 à 10h33
Titrisation Credit Immobilier Crise Subprimes Europe
11 MILLIARDS €Le Crédit Agricole va titriser un portefeuille de 11 milliards d'euros

Il y a un principe fondamental dans la vie que peu de gens appliquent : apprendre de ses erreurs. C'est ce qu'aurait dû faire le monde à la suite de la crise des subprimes de 2008 qui a causé la catastrophe économique dans laquelle la France et de nombreux autres pays sont encore empêtrés. Mais non... les banques vont refaire les mêmes exactes erreurs... et sous le regard bienveillant de la BCE.

La titrisation : l'origine de la crise des subprimes

On l'appelle la "titrisation" et son principe est simple : les banques, qui détiennent les crédits (en l'occurrence les crédits immobiliers) mettent sur le marché des "titres" que les investisseurs peuvent acheter. En d'autres termes elles revendent les crédits à des tiers, que ce soient des fonds d'investissements, des Etats ou encore d'autres banques. Pour le client, ça ne change strictement rien.

Pour l'investisseur et pour la banque, par contre, ça change tout : la banque, elle, se défait de ces prêts et rentre du cash... l'investisseur, lui, touche les intérêts du crédit (grosso modo) mais se retrouve avec les risques sur le dos (impayés, chute des intérêts...)

Rien d'illégal et rien de dangereux... sauf quand il y a une bulle qui explose comme ce fut le cas en 2007 aux Etats-Unis : la valeur de l'immobilier s'est effondrée et les maisons valaient moins que le montant total du crédit contracté pour les acheter. Du coup les emprunteurs se sont retrouvés insolvables, les crédits n'ont pas été remboursés et les investisseurs ont tout perdu. Conséquence : la crise économique.

Le retour de la titrisation en Europe... et une nouvelle crise en vue ?

Vu ce qu'il s'est passé on aurait pu imaginer que la titrisation aurait été reléguée aux livres d'Histoire, qu'elle n'aurait plus été utilisée à défaut d'être interdite. Mais non, loin de là. La Banque Centrale Européenne est en train de l'encourager en Europe alors que les banques elles-mêmes s'en méfient.

Le Crédit Agricole va donc mettre sur le marché quelques 11 milliards d'euros de crédits avec un double impact pour l'institution : faire sortir ces crédits de son bilan et améliorer sa solvabilité au regard des règles européennes.

Et si tout s'écroule, cette fois ce ne sera pas l'Europe qui subira une crise économique américaine mais le contraire ! Et toc !

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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