Tout ramène à la Chine et au Président Trump

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 31 août 2018 à 10h35
Chine Etats Unis Commerce
73%L'Asie représente aujourd?hui quelque 73% de la capitalisation de l'indice MSCI EM

Il y a deux lignes de force sur lesquelles il faut revenir ce matin : la situation du monde émergent, avec un focus particulier sur la Chine et l’interview donnée par le Président Trump à Bloomberg, avec évidemment en point d’orgue la politique commerciale, mais aussi celle de change. De quoi dans tous les cas participer de l’ambiance plus lourde observée sur les marchés au cours de la séance d’hier et encore ce matin.

Les marchés émergents seront d’autant résistants que la croissance chinoise reste bien orientée

Commençons par les marchés émergents. On évoquait ce jeudi matin la baisse de la livre turque et du peso argentin. Eh bien, le mouvement s’est amplifié par la suite, s’est élargi à nombre d’autres devises et a engendré une baisse de la bourse émergente, avec l’indice MSCI EM en repli de plus de 1%.

L’origine de ces pressions baissières (une demande du Président argentin au FMI d’accélérer le versement des fonds prévu par le plan d’aide) mérite sans doute moins qu’on s’y attarde que la question de la résistance des marchés émergents. Commençons par rappeler que l’Asie représente aujourd’hui quelque 73% de la capitalisation de l’indice MSCI EM. En 1998, au moment de la grande crise émergente, elle ne « pesait » que 37%. Tout cela pour dire que, au-delà des fragilités propres à tel ou tel pays (le plus souvent hors du continent asiatique), c’est de ce côté-ci du monde qu’il faut regarder. Avec alors le rôle-clé joué par la Chine.

Pour faire simple, disons que les marchés émergents seront d’autant résistants que la croissance chinoise reste bien orientée. On sait que celle-ci est à la croisée de forces de sens contraires : la montée des tensions commerciales versus la relance économique en cours. En la matière, la publication des indices PMI d’août envoie un message plutôt positif, avec une petite hausse tant dans le secteur manufacturier que non manufacturier. A côté des indicateurs de conjoncture il faut suivre de près la dynamique à la fois du financement de l’économie et des dépenses publiques. Les tendances devraient être haussières ; mais c’est à confirmer !

L'essentiel des critiques en matière de relations commerciales de Trump porte sur la Chine et l'Europe

Passons au verbe présidentiel américain. Notons au passage la reprise des critiques sur les GAFA, avec le questionnement sur un éventuel démantèlement de l’une ou l’autre des entreprises concernées au titre de la législation antitrust. Focalisons-nous maintenant sur les propos concernant les politiques commerciale et de change. S’il reprend l’antienne sur une éventuelle sortie des Etats-Unis de l’OMC, l’essentiel des critiques en matière de relations commerciales se porte sur la Chine et l’Europe. Disons de suite que je les trouve moins virulentes que suggérées par les reprises des agences de presse. Il ne dément pas qu’une initiative visant à surtaxer 200 milliards d’USD de nouvelles importations chinoises pourrait être annoncée très rapidement (dès la semaine prochaine). Si ce n’est peut-être le calendrier, ce n’est pas une nouvelle.

Pour ce qui est de l’Europe, il dit refuser la proposition de la Commission d’annuler les taxes sur le commerce transatlantique de voitures automobiles. Avec une remarque étonnante sur l’habitude des consommateurs du vieux continent d’acheter « leurs » voitures et pas les « nôtres ». Qu’est-ce que le Président américain peut-il alors faire ? Plus fondamentalement, ce « coup de canif » est-il un début de remise en cause de la réduction des tensions américano-européennes suite à la réunion de juillet dernier entre Juncker et Trump ? Si on se souvient que l’automobile était hors du cadre de l’accord recherché, la réponse devrait être négative. Mais ceci doit être dit avec prudence.

Et puis, il y a la complainte sur toutes ces devises trop faibles par rapport au dollar. Doit-on redouter une initiative américaine pour le faire baisser ? Qui sait ! Mais affirmons que pour que cela puisse être efficace, deux conditions doivent être réunies : en interne aux Etats-Unis, une coordination entre le Trésor et la Fed et en externe une coordination internationale. Elles ne sont pas réunies ; assurément pour la seconde et vraisemblablement pour la première.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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