Le contexte franco-américain dans le cadre d’un traité transatlantique

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Par Etienne Téqui Publié le 7 juillet 2016 à 5h00
Ttip Traite Transatlantique France Etats Unis
0,5 %En 2011, moins de 0,5 % des PME américaines exportaient en direction de l'UE.

L’aveuglement des élites politiques françaises conduit inlassablement à la domination absolue des Etats-Unis d’Amérique, dans une léthargie aussi inquiétante que suicidaire.

C’est dans un contexte économique déjà peu favorable aux entreprises françaises, que l’administration américaine fait monter d’un cran les risques pesant sur la solvabilité des banques françaises, en particulier sur BNP-PARIBAS.

A travers un super agent de contrôle des flux financiers mondiaux, bras armé du trésor américain, l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) surveille la totalité des échanges financiers en dollars, en particulier vers ceux qu’elle a qualifié de terroristes, dont L’Iran, Cuba, le Soudan, la Birmanie ou la Lybie. C’est à ce titre, par le biais de son implantation sur le territoire américain, qu’une pression est exercée sur BNP PARIBAS, à qui il est reproché des transactions vers L’Iran, en dollars américains, entre 2002 et 2009. La justice américaine pousse la Banque de la rue d’Antin, sous menace de poursuites pénales qui pourraient remettre en cause sa licence bancaire sur le territoire américain, de plaider coupable dans cette affaire, laquelle a déjà nécessité la constitution d’une provision de 1,1 milliards de dollars dans ses comptes à la fin de l’année 2013. « Mais il ne peut être exclu que la pénalité excède très significativement la provision constituée » précise le communiqué de la BNP publié avec ses résultats trimestriels…

La pression sur la banque française est encore montée d’un cran depuis le début du mois de mai 14 avec, notamment, le déplacement de Jean-Laurent Bonnafé (directeur général) le 6 mai auprès du département américain de la justice à Washington, rapporté par un article du 12 mai paru dans le New York Times, qui estime que la pénalité pourrait dépasser la somme de 3 milliards de dollars, quand le Financial Times évoque une somme supérieure à 3,5 Milliards de dollars. Le WSJ estime quant à lui que les pénalités totales pourraient être bien plus élevées, car ce dernier montant ne représente « que » l’équivalent d’à peu près six mois de son bénéfice net. Et ce n’est pas le risque de déstabilisation du financement de l’économie européenne ni le risque systémique pouvant en découler qui freinera les procureurs américains.

Si le régime de Téhéran n’est pas officiellement mentionné, le Wall Street Journal avait déjà révélé que plusieurs grandes banques européennes y manipuleraient toujours des milliards de dollars, transactions interdites aux yeux de l’OFAC, qui ont déjà conduit les banques Standard Chartered et ING à accepter de payer des amendes à l’administration américaine pour des montants respectifs de 600 et 619 millions de dollars. C’est dire si les menaces pensant sur BNP PARISBAS ne sont pas à prendre à la légère.

Sous couvert de ces embargos et des risques financiers pesant sur les banques européennes, se trament pourtant bien d’autres actions contre les entreprises françaises, sous le regard complices des traitres qui gouvernent la France, lesquels ont déjà abandonné toute vélléïté de réaction. Pourquoi, exactement dans ce contexte, le commerce extérieur est-il passé sous dépendance du Quai d’Orsay, sinon dans le cadre d’un contrôle direct permettant à monsieur Fabius de favoriser des intérêts différents de ceux de la France?

Lors de la dernière visite de François Hollande aux Etats-Unis, Barack Obama n’a pas manqué de mettre en garde les entreprises étrangères qui prospectent en Iran…Probablement faisait-il référence à la délégation des 116 entreprises françaises (PSA, GDF Suez, TOTAL ou…BNP PARIBAS) menées par le MEDEF, en visite à Téhéran les 3, 4 et 5 février 2014…à qui le leader américain a promis une « pluie de sanctions » en cas de non-respect de l’embargo international…et le piteux chef d’état français n’a pas trouvé plus malin que de relayer ce message, ayant fait savoir à ces entreprises qu’elles risquaient des sanctions et que ces contacts noués ne pourraient en aucun cas déboucher sur des accords commerciaux…Inutile de préciser que le commerce extérieur sous tutelle ne s’est pas manifesté…

Car si L’OFAC veille jalousement à chaque dollar circulant avec les moyens de sanctionner les Entreprises par des amendes colossales, les Etats-unis ont d’autres ressources pour se réserver à eux seuls le marché iranien, à l’aune de la levée des sanctions. Téhéran se contenterait déjà bien des quelques 80 milliards de dollars gelés en Asie et qui lui permettraient de relancer une économie à bout de souffle à travers le développement des secteurs de l’aéronautique, du pétrole, des centrales thermiques à construire….

Afin de mieux se réserver la part du lion, quoi de mieux que de lancer, à travers l’ONG United Against Nuclear Iran (UANI), fondée en 2008 en amont de la visite du président Ahmadinejad au siège de l’ONU, des campagnes de dénonciations et de menaces à l’encontre des entreprises françaises fraichement revenues de Téhéran (France Campaign), visant à empêcher toute velléité d’implantation ou de prospection, dans le but affiché du respect des sanctions internationales imposées à l’Iran ?

Car si l’objectif officiel de cette ONG est de lutter contre l’acquisition par l’Iran de la bombe atomique, c’est bien le contrôle absolu des prospections non américaines du marché iranien qui est visé…Faire le vide de tout intérêt non américain, et conserver également le contrôle du développement économique à suivre, sous le lobbying évident du voisin le plus proche qui ne peut voir que d’un mauvais œil une reprise de la croissance iranienne…

Cette France Campaign initiée en février dernier s’appuie sur le principe d’action « Name and Shame » visant à désigner les bons et les mauvais élèves…De grandes entreprises ont déjà été contraintes de revenir sur leurs pas comme KPMG ou Shell. Mais ce sont aujourd’hui 11 entreprises françaises qui sont dans le collimateur de l’UANI comme Veolia, GDF Suez, Alstom (sic), Alcatel Lucent, tandis que 3 d’entre elles ont déjà suspendu leurs plans de développement, CMA-CGM, Bureau Véritas et Safran. Et si ces pressions ne suffisaient pas à décourager nos plus vaillantes entreprises nationales, à l’heure ou Alstom est la cible de GE ?

Il reste alors les manipulations, comme peut l’illustrer la prise de participation de GM dans le capital de Peugeot en mars 2012, qui fut assortie d’une condition acceptée par le patron de PSA, Philippe Varin. Cette condition n’était ni plus ni-moins que celle de son abandon du marché iranien, lui coûtant la bagatelle de 458 000 voitures, des milliers d’emplois et plusieurs centaines de millions d’euros de résultat.

Ce gâchis a dû paraître suffisamment considérable à GM, cette mission de nettoyage accomplie, qui annonce déjà la revente de ses 7% de capital dans PSA, avec une moins-value…Carlos Ghosn, lui, a subi une pression beaucoup plus directe sur Nissan aux Etats-Unis le contraignant à quitter le marché tout en provisionnant 512 millions d’euros.

Et tandis que le gendarme mondial fait place nette en Iran, nous découvrons que les groupes Chrysler, CISCO ou Boeing se préparent à remporter des premiers contrats…sous l’œil bien impuissant de l’union européenne à qui il ne reste qu’un euro désavoué, une zone d’échange surendettée à la limite de la faillite. De quelles armes s’est dotée l’Europe pour se donner les moyens de conquérir des marchés ?

Cisco systems a lancé des demandes de licence d’exportation de ses équipements auprès du trésor mentionné plus haut, afin de concrétiser, à la demande de Barack Obama, le développement d’internet pour renforce la démocratie. Pendant ce temps-là, le groupe Chrysler fait passer par le canal diplomatique une offre d’investissement à la présidence iranienne. Et c’est sans compter sur la complicité des occidentaux de tous poils qui viennent de signer un accord iranien autorisant Boeing à livrer des pièces détachées à Iran Air…les autres compagnies iraniennes étant exclues de cet accord, sans doute parce qu’elles sont équipées d’Airbus…

C’est dans ce contexte que le gouvernement s’engage dans la signature d’un traité transatlantique…le marchand de sable américain est passé en Europe, et personne n’a rien vu, rien entendu !

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Étienne Téqui est co-fondateur et président de TAIGA CM, éditeur SaaS de solutions dédiées à l'optimisation du BFR, à la consolidation, et au reporting des flux réels et prévisionnels. Il a 15 ans d'expérience de la trésorerie et du BFR (consultant chez Arthur Andersen), a été Credit Manager Europe du Sud chez Dell et Senior Manager chez Mazars.

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