Ubérisation : la moitié des grandes entreprises sont concernées

Anton Kunin
Par Anton Kunin Publié le 11 janvier 2017 à 15h03
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20 %Seuls 20 % des travailleurs indépendants le sont parce qu'ils n?ont pas pu trouver de contrat de travail traditionnel.

Le recours à des travailleurs indépendants en lieu et place des salariés n’est pas une chose totalement nouvelle, mais les résultats de cette étude d’EY sur l’ampleur du phénomène ont de quoi surprendre.

Une demande forte

Le recours aux travailleurs indépendants dans les grandes entreprises a augmenté de 49% au cours des cinq dernières années. Et 40 % des organisations interrogées comptent avoir davantage recours à ce type de travailleurs dans les cinq années à venir. Pour les entreprises, il s’agit tout d’abord d’acquérir une expertise qu’elles ne possèdent pas, mais aussi de maîtriser les coûts.

Alors, l’ubérisation, est-elle un modèle répandu ? Si l’étude d’EY se limite aux États-Unis, on y apprend toutefois que 17 % de la main-d’oeuvre de ce pays est constituée de consultats, prestataires indépendats et autres free-lances. En même temps, 20 % des entreprises ont déclaré que leur main-d’oeuvre était composée à 30 % en moyenne de travailleurs indépendants. Au Royaume-Uni, leur nombre s’élève à 4,8 millions, et a augmenté de 28 % ces dix dernières années. Sur la même période, les rangs des salariés ont grossi de seulement 6 % dans ce pays.

Alors, quid de la France ? Le modèle du travail salarié, vieux de 70 ans, reste plébiscité par nos compatriotes : 94,6 % de la population active ont une seule profession et travaillent pour une seule entreprise. N’empêche que 1,4 million de Français travaillaient pour plus d’un employeur en 2014. Mais ce chiffre est à nuancer, car il englobe également des contrats de travail à temps partiel.

Les travailleurs indépendants plutôt contents

Si ce mode d’organisation séduit tant les entreprises, il n’est pas sans déplaire aux travailleurs indépendants eux-mêmes, révèle l’étude. Un sondage réalisé par EY aux États-Unis nous apprend que 52 % de ces travailleurs préfèrent ne pas avoir de contrat de travail, même s’ils en avaient le choix, et 66% estiment que les avantages de ce modèle compensent ses inconvénients. 56 % d’entre eux déclarent que ce modèle est le plus à même de faire avancer leur carrière.

80 % des travailleurs indépendants apprécient la flexibilité que leur offre ce mode d’organisation, et 33 % d’entre eux sont contents de pouvoir travailler depuis chez eux. Seuls 20 % déclarent privilégier cette façon de travailler car ils n’ont pas pu trouver de contrat de travail traditionnel. Fait intéressant, selon une étude réalisée sur le même sujet par l’Université de Cornell il y a deux ans, seuls 40 % des travailleurs indépendants étaient contents de leur statut. Autant dire que les façons de penser ont bien évolué depuis.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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