Une monnaie honnête est-elle encore possible ?

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Par Simone Wapler Publié le 6 janvier 2018 à 5h00
Monnaies Fiducieres Cybermonnaies Bitcoin Blockchain
2009Le bitcoin a été lancé en 2009.

Le bitcoin a été la révélation de 2017. Il défie les monnaies officielles qui ne reposent que sur la confiance dans la dette. 2018 verra-t-il le retour à une monnaie honnête ?

Les trois surprises de 2017 auront été les taux négatifs, l’élection de Trump et le succès du bitcoin. En ce qui concerne les taux négatifs, ce phénomène bizarre a réellement débuté en 2014 mais peu de monde y prêtait vraiment attention. Trois ans plus tard, la persistance de l’anomalie est troublante – d’autant plus que plus de 9 000 Mds$ de titres sont dans ce cas.

La monnaie officielle d’aujourd’hui, celle qui est contrôlée par les banques centrales, est essentiellement de la dette et ne repose sur aucune richesse réelle. Lorsque le prêteur paye pour prêter et que la dette ne coûte rien à l’emprunteur, on peut douter de l’honnêteté de cette monnaie. En réalité, il y a embrouille, comme nous l’écrivons presque tous les jours.

Un gigantesque transfert de richesse s’organise par ce biais. Gouvernement et système financier s’approprient les profits du secteur privé sans avoir à recourir à la force et à l’impôt. C’est un élégant braquage fait par des cols blancs, une variante du vol par l’inflation. Dans ce dernier cas aussi, les rendements réels (taux de rémunération diminué du taux d’inflation) sont négatifs et le prêteur est dépouillé par l’emprunteur. Si la monnaie officielle n’inspire plus confiance, il ne faut pas s’étonner du succès du bitcoin, monnaie privée parallèle. Sur mon bureau est arrivé ce matin l’ouvrage de Pascal Ordonneau, Monnaies cryptées et blockchain – La confiance est-elle un algorithme ?. J’apprécie cet auteur, ancien banquier, à la solide culture monétaire et financière.

La confiance est-elle un algorithme ?

Non, définitivement non. La confiance est un sentiment et un sentiment ne se modélise pas par un algorithme, n’en déplaise aux promoteurs de l’intelligence artificielle. Comme le dit le Larousse : « Confiance : sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre, à quelque chose ». Evidemment, on peut avoir confiance dans l’inviolabilité d’un algorithme, ou d’un coffre-fort, ou dans l’insubmersibilité du Titanic. Mais on est souvent déçu…

Une monnaie honnête ne doit pas avoir besoin de confiance pour fonctionner. Cette monnaie honnête a été inventée puis perdue : c’est l’or ou l’argent. Les métaux précieux ne reposent sur aucun algorithme. On en a ou pas et aucun banquier ne peut en créer à volonté. 2017 a vu la consécration du bitcoin. Et 2018 ? L’Agefi titre ce matin : « l’or démarre l’année en trombe ». Tiens, tiens, que se passe-t-il ? Qui pense encore à l’or en ce moment ? Evidemment, les autorités ne voudront jamais le retour à une monnaie honnête. Elles vont lutter avec tous leurs moyens contre toute tentative d’évasion de leur monnaie frelatée. Le combat a déjà commencé, comme nous le verrons dans un prochain article.

Pour plus d’informations et de conseils, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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