Les Etats-Unis, c’est fini…

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Par Bill Bonner Publié le 8 janvier 2020 à 5h54
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35%En termes de PIB, après la Deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis représentaient 35% de la production mondiale.

Les Etats-Unis étaient au sommet du monde à la fin du XXème siècle. Depuis, ils déclinent… et multiplient les erreurs crétines.

Même la fleur la plus belle se flétrit et meurt. Même l’athlète le plus doué, s’il vit assez longtemps, piétine et se voûte. Toutes les choses vivantes plient, rouillent et se décomposent.

Ne nous blâmez pas. Nous faisons aussi partie de la nature, nous n’en sommes pas le créateur ou le concepteur. Nous faisons simplement de notre mieux pour comprendre comment elle fonctionne.

Le début de la fin

Les empires, comme toutes les choses dans la nature, ont eux aussi des cycles de vie. Ils naissent, ils deviennent gras et insolents. Leurs chevilles enflent… et bientôt, on ne peut plus les sortir de chez eux.

Les Américains ont commencé à étendre leur empire dès le départ, poussant toujours plus loin vers l’ouest. A la fin des années 1600, ils étaient au pied des montagnes Appalaches. A la fin des années 1700, ils étaient sur le Mississippi. Et au milieu du siècle suivant, ils voyageaient en train d’une côte à l’autre.

Ils ont conquis le territoire des Indiens… l’ont acheté aux Français et aux Russes… ont évité une tentative schismatique d’indépendance de la part des Etats du Sud, et se sont emparés de gigantesques terres chez les Mexicains.

A la fin du XIXème siècle, ils comptaient déjà un territoire impérial de l’autre côté de la planète – les Philippines –, et ils étaient prêts pour les beaux jours de l’hégémonie américaine… le XXème siècle.

C’est ainsi que l’empire a débuté. Quand finira-t-il ? Nul ne le sait… mais nous pensons savoir quand a commencé le début de la fin.

A la fin des années 1990, la fausse monnaie (née en 1971) avait déjà brouillé les signaux de prix honnêtes d’un système capitaliste. Les autorités avaient aussi désormais le nez dans quasiment chacun des recoins de l’économie – le Registre fédéral [équivalent américain du Journal Officiel de la République française, NDLR] gagnant 50 000 pages de nouvelles réglementations chaque année.

Trop de whisky, trop de cigarettes

Lorsque le XXIème siècle a commencé, les Etats-Unis avaient déjà basculé dans l’âge moyen avancé. La guerre contre la pauvreté durait depuis plus de 36 ans… la guerre contre la drogue était en activité depuis 29 ans. Le système de fausse monnaie, lui aussi, existait depuis plus d’un quart de siècle.

L’imbécilité et l’absurdité de ces politiques idiotes – comme trop de verres de whisky, trop de cigarettes et trop de beignets fourrés à la crème – les rattrapaient.

Après 1999, les Etats-Unis ont décliné (par rapport aux autres pays) selon quasiment tous les critères. La richesse per capita, la mortalité infantile, l’espérance de vie, la liberté, le climat des affaires, l’égalité – dans tous ces domaines, les Etats-Unis n’étaient plus premiers.

En termes de PIB, après la Deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis représentaient 35% de la production mondiale. Ce chiffre a décliné gracieusement jusqu’en 2000. Ensuite, il s’est effondré – pour ne plus représenter que 19% aujourd’hui.

Et en 2009, la Chine est devenue le plus grand exportateur mondial. A présent, une décennie plus tard… un autre seuil est franchi : les économies asiatiques représentent désormais la moitié du PIB mondial.

La valeur des actions américaines a elle aussi chuté. Si l’on en juge par la vraie monnaie pré-1971 – mesurée à 35 $/once d’or –, le Dow a chuté de 84%. Il s’est ensuite remis… mais n’a atteint que la moitié environ de son précédent sommet.

Parallèlement à ce plongeon des actions, il s’est produit après 1999 une considérable détérioration des finances gouvernementales. C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais il y a seulement 20 ans, les autorités américaines enregistraient un excédent budgétaire. Les prévisionnistes annonçaient que les excédents allaient se poursuivre… effaçant l’intégralité de la dette US sous 10 ans.

Ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées. La dette gouvernementale US était toujours inférieure à 6 000 Mds$ en 1999, avec un excédent budgétaire de 125 Mds$. En 2008, on comptait 10 000 Mds$ de dette fédérale… et un déficit budgétaire de 450 Mds$. Ensuite, c’est devenu bien pire. L’an dernier, la Team Trump a enregistré 1 000 Mds$ de déficit… ce qui poussait la dette nationale à 23 000 Mds$.

Corrompus par la fausse monnaie

Qu’est-ce qui a mal tourné ?

Pour commencer, le parti républicain – généralement le gardien des finances de la nation – a disparu dans la nature. Corrompus par la fausse monnaie, les républicains en sont venus à croire que « les déficits n’ont pas d’importance ». Les « budgets équilibrés » sont devenus du passé.

Par ailleurs, la révolution internet tant vantée s’est révélée être un four. Les communications électroniques sont une excellente source d’amusement et de distraction, mais pas de profits et de productivité permettant de payer les factures.

Avec le recul, les années Clinton ont été une période idéale de l’histoire des Etats-Unis. Le vice privé triomphait sur la débauche publique. Au lieu de déclencher des guerres commerciales… de menacer des gouvernements étrangers… ou de forcer le président de la Réserve fédérale à abaisser les taux… M. Clinton est sagement resté dans son placard à polissonner avec une stagiaire de la Maison Blanche.

Mais il y avait plus. La fausse monnaie pervertissait déjà l’économie, et les taux d’intérêt factices d’Alan Greenspan déréglaient déjà les marchés. M. Clinton a profité d’un boom économique et d’une envolée des marchés boursiers ; sa principale vertu a été d’être trop occupé par ses propres fredaines pour entraver la hausse.

Qui plus est, quelques mois seulement avant que Bill Clinton accède à la Maison Blanche, les Etats-Unis ont reçu l’un des plus gros cadeaux de l’Histoire : leur ennemi juré, l’Union Soviétique, a jeté l’éponge. La Guerre froide était terminée.

Tristes conséquences

La fin de la Guerre froide aurait dû libérer au moins 200 Mds$ de dépenses militaires. Mais à l’époque, le complexe militaro-industriel – au sujet duquel Dwight Eisenhower avait tiré l’alarme – avait soudoyé assez de membres du Congrès US pour protéger son propre budget.

Le Deep State – un groupe indéfini et spontané réunissant des initiés, des lobbyistes, des donateurs, des think tanks, des universitaires, des politiciens et des bureaucrates des deux partis – n’était qu’une menace sous l’administration Eisenhower.

En 1990, cette menace était devenue réalité. Ainsi, après une brève pause, les dépenses militaires ont continué à augmenter.

Pendant ce temps, l’argent bizarre a continué à déséquilibrer et perturber l’économie américaine… à tel point qu’une autre bulle – concentrée sur l’immobilier cette fois-ci – a explosé en 2007-2008.

Nous allons examiner prochainement les débris de cette explosion. Nous verrons aussi les tristes conséquences de n’avoir pas repris en main le bras armé du Deep State impérial.

Au XXIème siècle, ces deux échecs ont mené aux désastres les plus crétins de l’histoire des Etats-Unis.

A suivre…

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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