Le voile se lève sur la situation américaine fin 2018

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Par Véronique Riches-Flores Publié le 20 février 2019 à 6h45
Congres Americain Etats Unis Capitole
1%Les ventes d?automobiles se sont plutôt bien comportées, avec une hausse de 1%.

Les perturbations liées au shutdown ont considérablement réduit la visibilité sur la réalité de la situation économique américaine depuis la fin de l’année dernière. Les principales données, jusque-là, disponibles -résultats d’enquêtes PMI et ISM ainsi que les chiffres d’emploi- ayant été plutôt sympathiques ont largement entretenu l’idée d’une poursuite d’une croissance robuste, malgré la fermeture partielle de l’administration fédérale entre le 22 décembre et le 25 janvier. Les statistiques de ventes de détail mettent à mal ce diagnostic quand les premières tendances de janvier ne sont pas, non plus encourageantes.

Mais où en est l’économie américaine ?

A en juger par la dynamique des créations d’emplois des trois derniers mois, la réponse à cette question ne semblait pas poser de problème : la conjoncture américaine se portait bien, conclusion, par ailleurs, validée par la bonne tenue des enquêtes phares, ISM et PMI au premier rang.

Les signaux plus préoccupants en provenance des PME ou de la confiance des ménages ont, dans un tel contexte, été laissés pour compte, relégués aux effets ponctuellement négatifs du shutdown.

Le fort repli des ventes de détail relaté par les données du mois de décembre est, dès lors, assez contrariant.

En décembre, ces dernières se seraient repliées de 1,3 %, enregistrant ainsi leur plus forte baisse mensuelle depuis septembre 2009. L’indicateur synthétique qui comprend les ventes de services alimentaires baisse, quant à lui, de 1,2 %, également son plus mauvais résultat depuis 2019. Enfin, l’indicateur dit de « control » censé le mieux illustrer les sous-jacents de la consommation s’est écrasé de 1,7 %, sa plus médiocre performance depuis 2000 pour ressortir en glissement annuel à 1,9 % au lieu de 4,5 % le mois précédent.

Ces premières estimations, en valeur, résultent pour partie de l’impact fortement dépressif des prix de l’essence durant la période ; les ventes d’essence se sont contractées de plus de 5 % par rapport au mois de novembre. Les effets prix ne permettent pas cependant de rendre compte des baisses importantes enregistrées sur de nombreux postes de dépenses. Ceci d’autant plus que les ventes d’automobiles se sont plutôt bien comportées, avec une hausse de 1 %.

Le shutdown s’est poursuivi jusqu’au 25 janvier, suivi par le Vortex polaire…

Quel que soit l’angle d’analyse, ces chiffres ne sont, donc, pas bons. La responsabilité du shutdown des dix derniers jours du mois de décembre est probablement importante dans ce résultat. Or, celui-ci s’est éternisé jusqu’au 25 janvier, avec un impact vraisemblablement croissant sur les consommateurs au fil du temps. Sauf à ce que les perturbations administratives aient également biaisé le relevé des informations, la consommation devrait avoir été d’autant plus impactée en janvier, tandis que peu de temps après la fin du shutdown, le vortex polaire qui s’est abattu sur une bonne partie du pays n’a probablement pas été propice à la dépense. Les ventes de voitures neuves, déjà publiées, se sont contractées de 5,1 % le premier mois de l’année, une baisse, à son tour, la plus importante depuis 2011...

Il faudra donc, dans le meilleur des cas et même en l’absence d’un nouveau shutdown, un certain temps avant d’observer des statistiques plus encourageantes en provenance de la consommation américaine.

Ces constats sont assez difficilement réconciliables avec les tendances récentes en provenance du marché du travail. La persistance de fortes créations d’emplois finira, en effet, par peser sur les perspectives de résultat des entreprises si l’activité et l’inflation ne suivent pas.

Face à ces incertitudes, les anticipations risquent d’être malmenées. Après avoir vigoureusement réagi à la publication d’une inflation légèrement plus forte qu’attendu, hier, les taux futurs sont à nouveau en net repli aujourd’hui et risquent d’évoluer de manière durablement incertaine dans le contexte en présence.

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Économiste, diplômée de l’Université de Paris I,  Véronique Riches-Flores dirige la société RichesFlores Research - Global Macro & Thematic Independent Research, une société de recherche économique indépendante depuis 2012, après une expérience professionnelle dans le milieu académique -Observatoire Français des Conjonctures Économiques-, et dans la banque d'investissement, en tant que chef économiste chez SG CIB -Société Générale Corporate & Investment Banking- de 1994 à 2012. Son analyse de l'environnement financier international s'assoit sur une double approche à la fois conjoncturelle et structurelle de l'économie mondiale permettant d'avoir un produit spécifiquement adapté aux besoins des professionnels de la gestion d’actifs et des grandes entreprises.

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