Avec Voltalia : la discrète famille Mulliez dans la tourmente des éoliennes !

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Par Louis Marin Modifié le 29 novembre 2022 à 9h22
France Eoliennes Production Electricite France
43%Seulement 43% des habitants des zones rurales sont favorables aux éoliennes.

La société d’exploitants éoliennes Voltalia vient de lancer une action en diffamation contre une association de Normandie qui lutte contre la pollution sonore des centrales électriques à vent qui ont été installées sur le village d’Echauffour.

La première audience de consignation se tiendra le 5 avril au Tribunal correctionnel d’Argentan où ont été cités les victimes des bruits des éoliennes. Le contentieux est doublement symbolique car il concerne d’une part un Tribunal de province qui a été à l’avant-garde de la dénonciation du scandale des prises illégales d’intérêt dans l’éolien, avec la première condamnation d’un élu en France pour une atteinte à la probité dans ce domaine d’activité, et d’autre part d’un village d’irréductibles normands qui sont parvenus, à force de ténacité et de recours, à faire arrêter les éoliennes la nuit en raison du vacarme que celles-ci produisaient. Autant dire qu’il s’agit là d’un duel d’un David normand contre un Goliath puissant consortium industriel financier.

Si la société Voltalia qui poursuit les citoyens résistants à l’éolien a un nom banal et caractéristique des exploitants éoliennes, la famille qui s’abrite derrière cette coquille financière est beaucoup plus intéressante. En réalité la société Voltalia est détenu à hauteur de 70% environ par la holding Creadev, le fonds d’investissement de l’Association Familiale Mulliez. D’ailleurs, la société Voltalia a pour Présidente Laurence Mulliez membre de la famille Mulliez dont le patriarche est Gérard Mulliez plus connu pour avoir été le créateur des supermarchés Auchan. D’ailleurs les Echos évoquait dans un article que la société Voltalia était la pépite de la famille Mulliez.

Mais qui est exactement la discrète famille Mulliez ?

Partie d’un petit commerce de textile « Les Textiles d’Art » à Poitier dans les années 40, la famille Mulliez a créé l’enseigne Auchan dans les années 60 dans le nord de la France à Roubaix et est devenue au fils des décennies un des acteurs français les plus importants de la grande distribution, propriétaire d’un nombre d’enseignes très connues et diversifiées comme Décathlon, Leroy Merlin, Norauto, Flunch, Pimkie et Kiabi etc… C’est donc une formidable réussite française, exemplaire et légitime, de petits commerçants partis de rien et qui ont fondé un remarquable empire.

Ayant développé ses activités dans le monde entier, la réussite de la Famille Mulliez dépasse les frontières de la France au point que son implication dans la Russie de Poutine suscite – dans ce contexte de guerre en Ukraine - de nombreuses indignations. Le quotidien le Monde titrait d’ailleurs le 17 mars 2022 un article de la journaliste Cécile Prudhomme intitulé « Les Mulliez en Russie, une« success story » en eaux troubles ».

En effet l’empire Mulliez comprend de nombreuses participations capitalistes dans des sociétés de la grande distribution installées en Russie. Et de manière très intéressante, la famille a annoncé par la voix de son PDG vouloir rester en Russie afin de « protéger le pouvoir d’achat des habitants ». C’est
que la famille Mulliez a de véritables valeurs chrétiennes. Elle milite pour le catholicisme social et humaniste et on comprend bien que c’est son attachement à ses valeurs qui l’incite à rester en Russie pour « aider les populations locales ! ».

C’est probablement aussi au nom de ses valeurs charitables que la famille Mulliez a décidé en 2005 de participer au développement de la société Voltalia spécialisée dans l’installation d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques en France ou à l’étranger quitte à perturber la vie des riverains. Là il ne s’agit pas pour l’entreprise de réaliser une marge légitime sur des produits de grande distribution (souvent fabriqués en Chine d’ailleurs), non il s’agit pour la société de profiter de la manne considérable d’argent public qui est distribuée aux producteurs d’électricité d’origine éolienne ou solaire en particulier en France.

L’entreprise Voltalia s’enrichit cette fois en vendant à EDF de l’électricité à tarif subventionné et garanti, financé soit par la CSPE (contribution au service public de l’électricité) prélevée sur les factures d’électricité des français, soit via la Taxe carbone prélevée sur les français lors de leur plein d’essence. Et s’il n’y a aucune atteinte à l’honneur à vouloir profiter des largesses des gouvernements successifs, est-ce pour autant éthiquement et socialement responsable ?

La famille Mulliez ne se contente plus de gagner de l’argent sur la marge prélevée sur leurs clients mais s’enrichit en touchant une partie de l’argent public financé par les citoyens également clients de leurs enseignes de grande distribution. C’est donc de l’argent public qui sert à alimenter les bénéfices de cette entreprise privée. C’est d’ailleurs une dépêche AFP qui titrait « Renouvelables : Voltalia affiche un bénéfice net 2020 en forte progression »

Mais le grand souci c’est qu’installer des éoliennes de 140 mètres de haut dans la campagne ne passe pas inaperçu et trouble le cadre de vie de nos concitoyens. Et en ce sens le village d’Echauffour est devenu un village emblématique de la lutte entre ces grands groupes familiaux qui veulent gagner de l’argent en touchant les subventions issues d’argent public et les habitants des communes rurales qui aspirent à une préservation de leur cadre de vie fortement perturbé par l’installation de ces immenses monstres d’acier et de fibres de verre sous prétexte de transition écologique.

Et là, il faut le souligner, la famille Mulliez est tombé sur un os ! L’association Echauffour Environnement a d’abord réussi à faire brider les éoliennes qui causaient un incroyables vacarme la nuit : autant de manque à gagner financier de la pauvre multinationale. Et la situation s’envenime !
Non décidée à se laisser faire par la multinationale, l’association locale des résistants remet légitimement en cause le travail de l’expert soi-disant indépendant diligenté par la préfète pour réaliser les mesures des bruits des éoliennes. Il s’avère que ce bureau d’étude serait aussi au service
d’une filiale de Voltalia au Brézil !

Tout cela ne sent pas bon et les problèmes des éoliennes de Voltalia est dévoilé par les opposants sur Facebook. Et comme l’adage le précise : « il n’y a que la vérité qui blesse », le groupe Voltalia mécontent de ces révélations se lance un peu trop rapidement dans une action en diffamation contre les opposants en espérant à tort les intimider pour obtenir peut-être leur silence. Et là, la société Voltalia a commis une forte erreur d’analyse de la situation car tout exploitant éolien doit avoir à l’esprit que, dans cette guerre asymétrique, toute agression ou menace d’un géant éolien contre un membre de la communauté de résistance à la pollution éolienne est une attaque contre l’ensemble de la communauté des 1800 associations françaises avec des réactions immédiates.

D’autant que le groupe Voltalia est régulièrement dénoncé pour ses atteintes à la nature. Tout récemment c’est la Ligue de protection des oiseaux qui a alerté contre la potentielle disparition d’un rare perroquet brésilien en raison des éoliennes implantées dans ce pays par cette société. Le producteur a été également pointé du doigt pour ses investissements dans les énergies renouvelables en Birmanie où elle a décidé finalement de se retirer en février 2021.

Bref l’investissement dans les éoliennes n’est pas de tout repos pour la famille Mulliez qui implante ses machines industrielles dans la campagne française et à l’étranger. Et il y a fort à parier qu’à vouloir s’attaquer au petit David normand elle finisse par se casser les dents face à la ténacité et l’opiniâtreté des habitants du petit village d’Echauffour, prêts désormais à contrattaquer durement après leur victoire judiciaire qui s’annonce comme inéluctable.

Et là le risque est grand désormais que la famille Mulliez se trouve emportée par le cyclone qui s’annonce à l’horizon dans le domaine des éoliennes.

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Louis Marin est sur le site Economiematin le pseudonyme de Fabien Bouglé lanceur d’alerte écologiste français et auteur du livre Éoliennes : la Face noire de la transition écologiques, publié en 2019 aux éditions du Rocher.  Depuis 10 ans, il dénonce le désastre écologique et financier des éoliennes. Entre 2011 et 2016, il est en lien avec le SCPC (service central de prévention de la corruption) du ministère de la Justice français qui dévoile le scandale de la corruption dans l’industrie éolienne. Il contribue à rendre public en 2018, le prix exorbitant de rachat de l'électricité des éoliennes en mer. A la suite de ces révélations, ce tarif a été renégocié à la baisse par le gouvernement français. Il a été auditionné en juillet 2019 à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête parlementaire sur les énergies renouvelables.

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