La White Economy, un nouveau modèle économique pour la transformation énergétique !

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Par Benoît Ferres Modifié le 29 novembre 2022 à 9h24
White Economy Modele Energetique
24 milliards €Depuis dix ans, la White Economy représente au niveau mondial plus de 24 milliards d'euros.

La transition énergétique est sur toutes les lèvres, pourtant parler de « transformation énergétique » est plus adapté.

Plus qu’une simple transition, il s’agit d’une profonde transformation qui nous amène à changer de paradigme économique. La « Green Economy » (énergies renouvelables) finira certes par remplacer la « Black Economy » (énergies fossiles), mais nous assistons en ce moment à l’émergence d’une nouvelle forme de création de valeur, « la White Economy » (économie des économies d’énergie).

La White Economy est déjà là !

Au début des années 2000, pour accélérer le lancement de travaux d’économies d’énergie (changement de chaudière, isolation, etc…), le Royaume-Uni met en place une prime à l’investissement versée au moment des travaux et proportionnelle aux économies d’énergie futures. On investit et on gagne tout de suite.

Comment financer cette prime à l’investissement ? Cette fois, ce ne seront pas les pouvoirs publics mais les distributeurs d’énergie qui financeront. Les Britanniques ont créé un marché de l’évitement de la consommation d’énergie. Les distributeurs d’énergie se voient fixer des quotas de projets de travaux d’économies d’énergie (White Certificates) à financer sous peine de sanction financière. Cette dernière est si dissuasive que les fournisseurs d’énergie préfèrent payer ces primes à l’investissement. Ils « achètent » ainsi les projets de travaux qui leur permettront de réaliser leurs quotas.

Un marché d’évitement de la consommation d’énergie est possible

Il en est ainsi de notre fonctionnement économique : il faut un gain immédiat pour que les agents économiques se saisissent d’un sujet. Il nous faut donc créer un nouveau modèle économique qui donne au plus vite une valeur marchande à l’énergie non consommée pour que les agents économiques s’en emparent rapidement et à grande échelle. C’est ce qu’on appelle la « White Economy », une approche économique loin d’être théorique. En France, nous avons les Certificats d’Economies d’Energie depuis 2006. Ce marché va représenter deux milliards d’euros par an pour la période 2018-2020, soit le double par rapport à la période 2015-2017 et 1/5 du budget annuel du Ministère de l’Ecologie en comparaison.

Cette logique a fait des émules dans une cinquantaine de pays. Au niveau mondial, elle représente depuis 10 ans une économie de plus 24 milliards d’euros par an. Rien qu’en Europe, 32% des économies d’énergies annuelles réalisées sont dues à ces nouveaux mécanismes (dits White Certificates ou Energy Efficiency Obligations). Un chiffre en pleine explosion à mettre en parallèle avec les 28% d’économies réalisées par les très médiatiques taxes Carbone. L’ordre de grandeur est semblable mais la comparaison s’arrête là : on constate que les taxes Carbone répondent à un modèle punitif de taxation de la production qui encourage les stratégies d’évitement des agents économiques. Ce modèle ne peut fonctionner qu’à l’échelle mondiale. Or, il n’est pas certain que l’urgence climatique nous autorise à prendre le temps nécessaire pour mettre toutes les nations d’accord et obtenir des outils efficients.

A contrario, la White Economy s’active à l’échelle d’un pays, gage de rapidité de mise en œuvre. Elle met tous les distributeurs d’énergie d’un État dans les mêmes conditions d’accès au marché et de concurrence. Par ailleurs, la White Economy ne grève pas le budget des États. Les pouvoirs publics continuent d’avoir un rôle clé, celui du régulateur qui organise le marché, mais sans être le seul acteur. Là où le concept de « nudges », de coups de pouce en français, crée une incitation individuelle, souvent non monétaire, afin de modifier les comportements de manière plus vertueuse, la « White Economy » franchit une étape supplémentaire en permettant un gain monétaire immédiat et donc un changement d’échelle quant aux acteurs impliqués. Cela décuple et accélère les investissements pour plus d’efficacité énergétique.

Le XXIème siècle, le siècle de la gestion de la rareté, sera celui de la « White Economy »

Le XXIème siècle est déjà le siècle de la rareté pour les questions énergétiques. Tous les efforts dans le développement des énergies renouvelables ne pourront suffire s’ils ne sont pas accompagnés de progrès gigantesques en termes d’efficacité énergétique. Dans un contexte plus large où nos communs sont menacés (la biodiversité, la qualité de l’air ou de l’eau, notre alimentation), l’évitement peut devenir un marché à part entière. En effet, les coûts vertigineux des externalités négatives qui découlent des modèles économiques actuels pour la société nécessitent une mobilisation rapide et efficace des agents économiques sur ces sujets.

La France a ainsi expérimenté la mise en place des certificats d’évitement pour valoriser la moindre utilisation des produits phytosanitaires. Pour mobiliser à grande échelle nos sociétés dans l’action, la White Economy est probablement l’un des modèles économiques les plus adaptés. En donnant une valeur marchande à la rareté, c’est l’un des outils indispensables pour faire face aux contraintes du XXIème siècle.

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Benoît Ferres est président et co-fondateur de CAMEO Energy. En 2009, Benoît Ferres participe chez Total à la création de la direction des Certificats d’Economies d’Energie. Convaincu de l’efficacité du dispositif qui permet de financer la transformation énergétique sans argent public, il fonde en 2012, CAMEO Energy, tiers de confiance pour le financement et le montage de projets d’efficacité énergétique. CAMEO Energy développe une plateforme de services B2B d'optimisation et de financement des projets d'économies d'énergie. Aujourd’hui, CAMEO Energy, c’est plus de 1 000 projets optimisés, tant dans les secteurs de l’industrie que du résidentiel collectif et du tertiaire (santé, distribution, tourisme...), et 50 millions d’euros de financements attribués.

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