L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié, le 21 juin, une étude qui renverse l’un des dogmes écologiques les plus enracinés. Les bouteilles en verre ne seraient pas le refuge sain et pur que l’on croyait. En analysant les niveaux de microplastiques présents dans les boissons vendues en France, les chercheurs ont conclu que les flacons de verre sont plus contaminés que leurs cousins en plastique. Oui, plus.
Bouteilles en verre : plus de microplastiques que dans le plastique selon l’Anses

Le revers invisible des bouteilles en verre
Qui aurait cru que le fléau des microplastiques rôdait davantage autour des bouteilles en verre que dans les fioles en PET ? Pour beaucoup, le plastique est le coupable idéal, symbole d’un consumérisme polluant. Le verre, lui, traîne son image de durabilité et de noblesse. Pourtant, selon les analyses dirigées par Iseline Chaïb, doctorante au laboratoire de Boulogne-sur-Mer, cité par Midi Libre, les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Les boissons comme les colas, limonades ou bières conditionnées en bouteilles de verre contiennent en moyenne une centaine de particules de microplastiques par litre. C’est 5 à 50 fois plus que dans les bouteilles en plastique ou les canettes métalliques ».
On atteint là un niveau de dissonance écologique rarement égalé. Car oui, même les eaux embouteillées ne sont pas épargnées, l’étude a détecté 4,5 particules par litre dans le verre, contre 1,6 seulement dans le plastique ou les briques.
Capsules métalliques : le talon d’Achille du verre
La source de cette contamination n’est ni un défaut du matériau, ni une pollution extérieure, elle se loge dans ce détail industriel que personne ne soupçonnait. Ce n’est pas le contenant, mais ce qui le ferme. Les capsules métalliques, plus précisément leur revêtement de peinture, sont les véritables coupables. Leur dégradation, due aux frottements pendant le stockage, génère de fines particules plastiques.
L’équipe scientifique l’a prouvé par une double observation : « Les particules retrouvées dans les boissons ont la même couleur et la même composition chimique que la peinture des capsules » et « ces capsules présentent de minuscules éraflures, invisibles à l’œil nu », précise l’étude citée dans Midi Libre. Ce n’est donc pas l’emballage qui trahit, mais l’assemblage. Et c’est là toute l’ironie de la situation, dans la quête du contenant parfait, le détail invisible ruine l’intention écologique.
Microplastiques et industrie : vers une réponse technique immédiate
L’alerte lancée par l’Anses n’est pas qu’un cri d’indignation scientifique : elle est aussi un appel à l’action pragmatique. Des tests simples ont été menés pour limiter cette contamination. Résultat : « un simple soufflage d’air sur les capsules fait chuter le nombre de particules de 287 à 106 par litre. En ajoutant un rinçage à l’eau filtrée et à l’alcool, on descend encore à 87 particules par litre », peut-on lire sur Midi Libre.
Ce n’est pas une fatalité. Il suffirait d’un ajustement technique, d’un protocole industriel, d’un sursaut de volonté pour que le verre regagne sa réputation. L’industrie des boissons peut et doit repenser ses pratiques : modifier le stockage, changer la composition des peintures, insérer une étape de nettoyage. Rien d’insurmontable. Tout d’urgent.
