Cessation d’activité d’un micro-entrepreneur : ce qu’il faut faire

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By Partenaire Last modified on 23 juin 2025 15h26
Petites entreprises : les dirigeants misent sur des transformations stratégiques
Cessation d’activité d’un micro-entrepreneur : ce qu’il faut faire - © Economie Matin
14 MILLIARDS €Les micro-entrepreneurs représentent un chiffre d’affaires de 14 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2024.

Une démarche encadrée par la législation française

La fermeture d’une micro-entreprise, loin d’être un simple arrêt d’activité commerciale, constitue une opération juridique formelle encadrée par plusieurs corpus de règles. Elle obéit aux dispositions du Code de commerce, du Code général des impôts et du Code de la sécurité sociale. Elle repose sur une déclaration administrative obligatoire et déclenche de nombreuses conséquences fiscales, sociales, et administratives. L’auto-entrepreneur, bien que soumis à un régime simplifié, ne peut échapper à ces obligations qui participent à la régularisation de sa situation vis-à-vis de l’État, des organismes de protection sociale et des administrations fiscales.

Depuis le 1er janvier 2023, toute cessation d’activité doit être déclarée via le guichet unique électronique des formalités d’entreprise, géré par l’INPI, conformément au décret du 18 mars 2021. Cette centralisation des formalités vise à fluidifier les procédures et à harmoniser les échanges entre les professionnels et l’administration. Cette étape, bien qu’accessible en ligne, engage des responsabilités précises. Elle marque la fin de l'existence administrative de la micro-entreprise, qui est alors radiée du répertoire SIRENE et, le cas échéant, du registre national des entreprises.

La radiation administrative et ses implications juridiques

La déclaration de cessation ne produit pas seulement un effet déclaratif. Elle est génératrice d'effets juridiques immédiats. À compter de la date d’arrêt mentionnée, l’auto-entrepreneur perd la qualité d’assujetti à ce régime. Cette radiation vaut également auprès des organismes sociaux tels que l’URSSAF, la Sécurité sociale des indépendants (SSI), ou la caisse interprofessionnelle le cas échéant. Elle conduit à la désactivation du numéro SIRET et à la suspension des droits afférents au statut.

Le professionnel concerné ne doit pas omettre de déclarer ses derniers encaissements. Cette étape, bien que postérieure à la cessation effective, demeure impérative pour établir la dernière assiette de calcul des cotisations sociales. Le Code de la sécurité sociale impose un délai d’un mois pour les micro-entrepreneurs déclarant mensuellement, ou trois mois dans le cadre d’une déclaration trimestrielle. À défaut, l’URSSAF est en droit d’émettre une taxation d’office, entraînant des majorations et pénalités.

Se faire accompagner pour sécuriser la procédure

Fermer une micro-entreprise est une opération qui engage de nombreux domaines du droit : droit fiscal, droit social, droit commercial, et même droit civil en matière patrimoniale. Pour éviter tout risque d’omission ou d’irrégularité, il est fortement conseillé de s’entourer d’un accompagnement compétent.

Des plateformes spécialisées proposent une aide administrative complète, y compris la saisie de la déclaration, la transmission aux bons organismes, et la vérification des obligations fiscales restantes. Le Portail Auto-Entrepreneur met notamment à disposition des ressources pédagogiques et un service dédié à aider les professionnel à fermer une micro-entreprise, permettant ainsi d’effectuer les démarches en toute sécurité.

Le traitement fiscal à l’issue de la cessation

Dès lors que l’activité cesse, le régime fiscal de la micro-entreprise s’interrompt, mais les obligations fiscales ne s’arrêtent pas immédiatement. Le Code général des impôts prévoit que les revenus générés jusqu’à la date de cessation doivent être intégrés dans la déclaration annuelle du contribuable au titre de l’année concernée. Cette règle s’applique même lorsque le chiffre d’affaires est nul sur la période, dès lors que le statut reste actif pendant une fraction de l’année.

Pour les auto-entrepreneurs ayant opté pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu, la régularisation de l’impôt s’effectue également via la déclaration finale de chiffre d’affaires. L’administration fiscale applique alors le taux correspondant à la nature de l’activité exercée (commerciale, artisanale ou libérale) au prorata du chiffre d’affaires réalisé.

Lorsque le professionnel était assujetti à la TVA — situation possible en cas de dépassement des seuils ou de renonciation volontaire à la franchise en base — une déclaration spécifique de cessation d’activité doit être adressée au service des impôts des entreprises. Cette formalité comprend la régularisation de la TVA déductible et collectée, en particulier sur les stocks et les immobilisations, conformément à l’article 286 du Code général des impôts.

Conséquences sur le plan social et patrimonial

Au plan social, la cessation d’activité entraîne une radiation des organismes sociaux, notamment de l’URSSAF, et la fin du rattachement à la sécurité sociale des indépendants. Toutefois, les droits acquis pendant l’exercice de l’activité restent valables, notamment en matière de retraite de base, proportionnellement aux cotisations versées. L’interruption de l’activité suspend également l’affiliation à la contribution à la formation professionnelle ainsi qu’à la CFP. La validation de trimestres pour la retraite dépend directement du montant du chiffre d’affaires déclaré sur l’année civile.

Concernant la protection patrimoniale, la réforme de l’entrepreneuriat individuel mise en place par la loi du 14 février 2022 a renforcé la séparation entre patrimoine personnel et professionnel. Ainsi, l’entrepreneur individuel bénéficie désormais d’une protection automatique de sa résidence principale et de ses biens personnels, sauf renonciation expresse de sa part. Cette règle reste applicable après la cessation, mais ne l’exonère pas des dettes professionnelles contractées pendant l’activité.

Conservation des documents et obligations post-clôture

Même après la radiation de la micro-entreprise, l’entrepreneur reste soumis à une obligation légale de conservation de ses documents commerciaux et fiscaux. L’article L123-22 du Code de commerce impose un délai de dix ans pour la conservation des pièces justificatives, tels que les factures, les relevés bancaires professionnels, les déclarations sociales et fiscales, ainsi que les correspondances comptables. Ce devoir de conservation vise à permettre l’exercice d’un droit de contrôle ultérieur par l’administration fiscale ou les organismes sociaux.

Il est aussi recommandé, bien que non imposé par un texte spécifique, de clôturer le compte bancaire professionnel dédié à l’activité, une fois toutes les régularisations terminées. Ce compte ne peut plus être utilisé à des fins commerciales après la cessation, sauf réouverture ultérieure d’une nouvelle structure.

Reprise d’activité : conditions et restrictions

La cessation d’activité n’empêche nullement un professionnel de créer à nouveau une micro-entreprise. Il peut reprendre une activité identique ou différente sous le même régime, sous réserve de se réinscrire via le guichet unique. Néanmoins, certaines aides à la création, telles que l’ACRE, ne sont pas automatiquement renouvelées. Le décret du 20 novembre 2019 précise les conditions de réattribution de cette exonération, notamment en cas de reprise dans un délai trop court.

Il est par ailleurs important de noter que si la nouvelle micro-entreprise est créée dans le même secteur, avec la même clientèle et les mêmes caractéristiques, l’administration peut requalifier cette réouverture comme une continuité d’activité. Cette requalification peut entraîner une perte du bénéfice du régime micro, notamment si les seuils de chiffre d’affaires avaient été dépassés précédemment.

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