La livraison de repas, devenue incontournable dans le quotidien des Français, cache des pratiques frauduleuses révélées par la DGCCRF. Tromperies sur l’origine, allégations mensongères et manque d’informations réglementaires menacent les consommateurs.
Livraison de repas à domicile : de la fraude dans 1 établissement sur 5

Le 8 août 2025, la DGCCRF a rendu publiques les conclusions d’une vaste enquête menée en 2023 sur la livraison de repas. Les chiffres inquiètent : sur 646 établissements inspectés dans 79 départements, 21 % étaient en infraction. Cette étude, qui vise autant les restaurants traditionnels que les cuisines virtuelles et les grandes enseignes, révèle un ensemble de pratiques contraires à la réglementation. Au-delà du simple respect des règles, c’est la confiance des consommateurs dans la livraison qui se retrouve menacée.
La livraison à domicile : un secteur à risques pour le consommateur
La DGCCRF, organe de contrôle du ministère de l’Économie, mène chaque année des enquêtes thématiques. En 2023, l’accent a été mis sur les repas en livraison, un secteur en plein essor depuis la pandémie de Covid-19. Selon le communiqué officiel, les agents ont visité 292 établissements de restauration rapide, 191 restaurants traditionnels et 103 « dark kitchens ». Ce dernier modèle, exclusivement dédié à la livraison sans salle de restauration, connaît une croissance rapide et concentre de nouvelles formes de fraude.
Les résultats sont sans appel : près de 136 restaurants ont été pris en défaut, soit environ un sur cinq. Comme l’indique la DGCCRF, ces manquements traduisent « des pratiques trompeuses courantes », parfois liées à un manque de rigueur, mais aussi, selon ses termes relayés par Boursorama, « plus ou moins délibérés ».
Fraude sur l’origine et la qualité : quand la livraison masque la tromperie
Le premier constat de l’enquête concerne l’absence ou la manipulation d’informations essentielles. L’origine des viandes, par exemple, doit légalement être mentionnée sur les cartes en ligne. Or, dans de nombreux cas, cette indication est absente ou mensongère. Des restaurants ont présenté des produits comme français alors qu’ils venaient de l’étranger.
Plusieurs exemples concrets illustrent la gravité des dérives. Dans un établissement, du foie gras importé de Bulgarie a été vendu sous l’appellation prestigieuse AOP Sud-Ouest. Dans un autre, un steak annoncé comme « frais », accompagné de cheddar, s’est révélé être une viande surgelée avec un substitut industriel à base de protéines de lait. Autant de cas qui, selon les contrôleurs, relèvent d’une tromperie délibérée.
Mentions valorisantes et prix abusifs : l’illusion d’un repas premium
Au-delà des produits, les mots choisis pour décrire un plat en livraison jouent un rôle clé. Les enquêteurs de la DGCCRF ont constaté un usage abusif de termes attractifs tels que « frais », « bio », « fait maison » ou « local ». Or, ces mentions, lorsqu’elles sont infondées, constituent une pratique commerciale trompeuse. L’objectif est clair : justifier un prix plus élevé et séduire le consommateur en quête de qualité.
Ces allégations fallacieuses affectent particulièrement les repas livrés, car le client n’a aucun moyen de vérifier avant dégustation. L’absence de transparence sur la composition, la substitution d’ingrédients et le jeu sur les appellations rendent la fraude presque invisible.
Une chaîne de responsabilité complexe : restaurants, plateformes et enseignes
La DGCCRF insiste : les pratiques frauduleuses ne concernent pas seulement les petits établissements isolés. L’enquête a montré que des restaurants indépendants, des grandes enseignes nationales et même des plateformes de livraison étaient concernés.
Si la fraude sur la livraison touche d’abord le portefeuille du consommateur, elle comporte aussi un volet sanitaire. L’absence d’indication sur les allergènes, signalée à plusieurs reprises, expose directement les personnes sensibles à des risques graves. La DGCCRF rappelle que l’omission de ces données constitue une infraction pouvant donner lieu à des sanctions sévères.
Le ministère de l’Économie, par l’intermédiaire de la DGCCRF, a fait savoir que ces constats ne resteront pas sans suite. Des procédures ont été ouvertes à l’encontre des établissements en infraction. L’organisme annonce par ailleurs un renforcement de ses inspections, notamment dans les grandes villes où la livraison représente une part importante de la restauration.
