Un quart de l’humanité reste privé d’accès à l’eau potable en sécurité, malgré des progrès mesurés mais inégaux. L’alerte, lancée fin août 2025 par les Nations unies, rappelle l’ampleur d’une crise de santé publique où l’eau potable manque d’abord aux enfants, aux filles et aux zones rurales ; elle appelle, cependant, une accélération majeure des réponses et des financements.
1 personne sur 4 privée d’eau potable dans le monde, l’ONU alerte

Le 26 août 2025, à l’occasion de la Semaine mondiale de l’eau, l’ONU via l’OMS et l’Unicef a confirmé que 1 personne sur 4 n’a pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité. Cette photographie mondiale de l’eau potable éclaire des inégalités persistantes, mais aussi des tendances positives depuis 2015, car des centaines de millions d’habitants ont rejoint des services jugés sûrs. Toutefois, l’objectif universel d’eau potable fixé pour 2030 s’éloigne, et le coût sanitaire de ce retard se mesure en maladie évitable et en vies perdues.
Qui est privé d’eau potable en sécurité ? Les lignes de fracture sociales et géographiques
La dernière évaluation conjointe OMS/Unicef montre que 2,1 milliards de personnes restent sans eau potable en sécurité en 2024, soit une personne sur quatre, selon l’OMS et l’Unicef. Dans les contextes fragiles, l’écart atteint 38 points de pourcentage avec les autres pays, ce qui illustre la profondeur des inégalités d’eau potable et de sécurité, d’après l’OMS (26 août 2025).
De plus, 106 millions de personnes boivent encore des eaux de surface non traitées, ce qui accroît directement le risque de maladie d’origine hydrique, a indiqué l’Unicef dans son communiqué mondial publié pendant l’événement. Ainsi, les pays à faible revenu et les zones rurales supportent la charge la plus lourde, tandis que les villes, pourtant mieux dotées, laissent encore des poches de vulnérabilité où l’eau potable n’est pas fiable.
Les inégalités de genre demeurent, et elles pèsent sur l’eau potable au quotidien. « L’eau, l’assainissement et l’hygiène ne sont pas des privilèges, ce sont des droits humains fondamentaux », a déclaré le Dr Ruediger Krech, directeur à l’OMS, selon Unicef France (26 août 2025). « Lorsque les enfants n’ont pas accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène, leur santé, leur éducation et leur avenir sont menacés », a insisté Cecilia Scharp, directrice du programme WASH à l’Unicef, selon Unicef France (26 août 2025).
Dans la plupart des pays disposant de données, les femmes et les filles collectent l’eau ; en Afrique subsaharienne et en Asie centrale et du Sud, beaucoup y consacrent plus de 30 minutes par jour, d’après l’OMS. Par conséquent, les règles deviennent un frein supplémentaire, car les installations d’eau potable et d’hygiène restent insuffisantes, ce qui alimente l’absentéisme scolaire et, partant, la reproduction des inégalités.
Pourquoi l’accès reste-t-il si inégal ? Les ressorts structurels de l’insécurité hydrique
Depuis 2015, la couverture de l’eau potable gérée en toute sécurité est passée de 68 % à 74 %, soit 961 millions de personnes supplémentaires, selon l’Unicef Data (JMP, 25 août 2025). En zones rurales, la couverture a progressé de 50 % à 60 %, tandis que l’urbain reste à 83 %, d’après le même suivi.
Cependant, ce progrès global masque des systèmes de distribution vétustes, des ressources locales surexploitées, des contaminations chimiques ou microbiologiques, et des services inabordables pour les ménages précaires ; autant de facteurs qui fragilisent l’eau potable et qui nourrissent la maladie hydrique. En outre, le changement climatique accentue les sécheresses et les crues, donc la variabilité et la sécurité de l’eau potable, ce qui impose des investissements résilients et durables.
Parallèlement, l’assainissement et l’hygiène conditionnent l’eau potable en amont et en aval. Depuis 2015, 1,2 milliard de personnes supplémentaires ont accès à un assainissement géré en sécurité, faisant passer la couverture globale de 48 % à 58 %, selon l’Unicef Data. Néanmoins, 3,4 milliards de personnes restent privées d’assainissement sûr, 1,7 milliard sans service d’hygiène de base, et 611 millions sans aucune installation d’hygiène à domicile, d’après l’OMS (26 août 2025).
Ces déficits entretiennent la circulation des pathogènes et sapent la santé publique. Or, sans assainissement et hygiène, l’eau potable ne peut être protégée, et l’ODD 6.1 demeure hors de portée. Au rythme actuel, « la promesse d’une eau potable et d’un assainissement pour chaque enfant s’éloigne », a prévenu Cecilia Scharp, selon Unicef France (26 août 2025).
Où et comment agir ?
La situation appelle une accélération considérable : il faudrait multiplier par huit la vitesse de progression pour atteindre la cible ODD 6.1 sur l’eau potable gérée en sécurité d’ici 2030, selon le document de lancement OMS/Unicef (août 2025). Concrètement, cela suppose de cibler les contextes fragiles, où l’eau potable accuse 38 points de retard ; d’orienter les financements vers les réseaux ruraux et périurbains ; et de soutenir la maintenance des installations.
Ainsi, la réduction des 106 millions de personnes exposées à l’eau de surface, recensées en 2024, doit devenir prioritaire, car cette exposition se traduit directement par de la maladie évitable, selon les Nations unies. De surcroît, la tarification sociale et la transparence des coûts peuvent limiter l’exclusion et consolider la sécurité de l’eau potable dans la durée.
La preuve épidémiologique est claire : dès que l’eau potable gagne en sécurité, les maladies diarrhéiques et les infections liées à l’eau reculent, ce qui soulage les systèmes de santé et libère du temps pour l’école et le travail. Or, la dynamique actuelle reste insuffisante, mais elle a déjà protégé 961 millions d’habitants supplémentaires depuis 2015, selon l’Unicef Data. La baisse du recours à l’eau de surface a atteint 61 millions de personnes sur la période 2015–2024, d’après le même suivi.
« L’eau potable n’est pas un privilège, c’est un droit », a martelé le Dr Ruediger Krech, selon Unicef France, rappelant que l’ONU fixe la ligne : sécurité, équité, pérennité. Autrement dit, l’eau potable doit être rapprochée des foyers, garantie en qualité, et gouvernée avec redevabilité, afin de réduire durablement la maladie liée à l’eau.
