Un Français sur trois envisage de quitter son employeur dans les deux ans, révèle le Baromètre 2025 de l’évolution professionnelle réalisé par l’IFOP pour Avenir Actifs. Dans un marché du travail tendu, cette volonté de mobilité traduit à la fois une perte de confiance envers les entreprises et une quête accrue de reconnaissance et de sens.
Emploi : 1 salarié sur 3 souhaite changer d’entreprise d’ici deux ans

Les salariés en quête de reconnaissance et de meilleures conditions de travail
C'est un chiffre qui ne saurait passer inaperçu : 33% des salariés envisagent de changer d’entreprise d’ici deux ans. Il s'agit d'ailleurs d'une hausse cinq points par rapport à 2024, peut-on lire dans la dernière édition du Baromètre IFOP–Avenir Actifs. Cette donnée, issue d’une enquête menée auprès de 4.810 actifs représentatifs de la population française, illustre un mouvement de fond : la mobilité externe est redevenue une stratégie de sécurisation de carrière, dans un contexte de tensions économiques, d’automatisation croissante et de transformations liées à l’intelligence artificielle.
La motivation première de ce désir de changement reste le salaire, cité comme « déterminant ou important » par 93% des répondants. Mais derrière la rémunération se cache un malaise plus large : 86% des salariés estiment manquer de reconnaissance, 81% souhaitent réduire la pression quotidienne, et 78% veulent une charge de travail plus raisonnable. Ces chiffres traduisent un glissement culturel profond : les salariés n’aspirent plus seulement à gravir les échelons, mais à retrouver un équilibre et un bien-être au travail.
3 salariés sur 5 souhaitent une promotion au sein même de leur entreprise
Si 33% des salariés privilégient une mobilité externe, le Baromètre montre également que 58% des actifs souhaitent évoluer au sein de leur entreprise. Enfin, 9% envisagent de quitter le salariat pour l’entrepreneuriat. La fidélité à l’employeur n’est donc plus acquise. Pour une part croissante des Français, changer d’entreprise devient un moyen de relancer sa carrière, d’obtenir de meilleures conditions ou d’échapper à une hiérarchie jugée pesante.
Le phénomène touche surtout les cadres et les salariés des grandes métropoles, où les opportunités sont plus nombreuses. En Ile-de-France, 37% des salariés se disent prêts à quitter leur entreprise, contre 30% en moyenne dans les autres régions.
Deux générations, deux stratégies face au changement
Les différences d’attitude selon l’âge sont frappantes néanmoins. Les moins de 40 ans, et particulièrement les moins de 30 ans, perçoivent le changement d’entreprise comme une opportunité : 31% réfléchissent déjà activement à leur avenir professionnel, et 18% ont amorcé une évolution concrète. Ils recherchent davantage d’autonomie, une meilleure ambiance et des perspectives d’apprentissage.
À l’inverse, les plus de 50 ans se montrent plus prudents : 51% de cette classe d'âge préfèrent « attendre et voir », privilégiant la stabilité et la formation continue à une rupture de parcours. Pour ces salariés expérimentés, la fidélité à l’entreprise reste synonyme de sécurité, surtout dans un contexte d’incertitude économique et de réforme des retraites.
Mais, toutes générations confondues, l’envie de se sentir utile et reconnu domine. Si les jeunes veulent changer pour accélérer, les seniors veulent évoluer pour durer. « Le changement d’entreprise n’est plus vécu comme une prise de risque, mais comme une stratégie de survie professionnelle », résument les auteurs du rapport.
L’intelligence artificielle, déclencheur de mobilité
Facteur inédit : l’intelligence artificielle s’impose comme le premier moteur de transformation du travail, citée par 35% des salariés — contre 29% en 2024 et 22% en 2023. Cette évolution bouleverse les repères traditionnels de la carrière. Pour les plus jeunes, l’IA représente une promesse : elle ouvre la voie à de nouveaux métiers et favorise la mobilité intersectorielle. Pour les plus de 50 ans, elle est perçue comme un défi d’adaptation nécessitant davantage de formation.
En parallèle, la transition écologique recule dans les préoccupations (10%, –7 points sur un an), tandis que la sécurité de l’emploi et la montée en compétences deviennent centrales. Les salariés veulent désormais se former pour anticiper ces mutations : 15% souhaitent acquérir une nouvelle qualification, et 9% envisagent de changer de métier. Ce besoin d’anticipation explique l’intérêt croissant pour les dispositifs d’accompagnement : 64%** des actifs déclarent qu’ils se tourneraient vers un conseil professionnel en cas de difficulté persistante dans leur emploi.
