Le groupe de vente en ligne Showroomprivé va supprimer jusqu’à 121 postes en France, soit 11 % de ses effectifs. Cette réorganisation marque un virage stratégique pour un pionnier français du e-commerce fragilisé par une année 2024 décevante.
Showroomprivé : 11 % d’emplois remplacés par l’IA pour relancer la machine

L’annonce est tombée le 4 novembre 2025 : Showroomprivé engage un plan de réorganisation de grande ampleur, avec jusqu’à 121 emplois supprimés, principalement en Seine-Saint-Denis.
Emploi : un plan social qui touche le cœur du modèle français de Showroomprivé
En tout, 11 % des effectifs français sont concernés, dont 80 postes à La Plaine Saint-Denis, 23 à Roubaix et 18 aux Sables-d’Olonne. Aucun site ne fermera, mais la mise en œuvre débutera au deuxième trimestre 2026.
Le PDG David Dayan assume la décision : « Conscients de l’ultra-compétitivité des marchés sur lesquels nous opérons, nous devons repenser notre modèle organisationnel », déclare-t-il relayé par Les Echos. Ce plan de suppressions d’emplois s’inscrit dans un contexte tendu : concurrence accrue, ralentissement du trafic en ligne et recul de la rentabilité. L’entreprise parle d’un « projet de réorganisation opérationnelle », destiné à adapter son fonctionnement à un marché du e-commerce plus exigeant. Derrière la formule, une réalité plus dure : la réduction d’effectifs comme levier de survie économique.
Showroomprivé, qui emploie environ 1 100 personnes, a longtemps été présenté comme un modèle de réussite du numérique français. Mais l’essoufflement du secteur, combiné à la montée des plateformes internationales et de la seconde main, fragilise désormais ce pionnier du commerce en ligne.
La technologie et l’Intelligence artificielle au centre d’une stratégie de redressement
La direction assume un virage technologique net. Dans son communiqué, le groupe évoque « une plus grande automatisation des process et l’adoption de l’intelligence artificielle dans la production de contenus ». Ce choix illustre une tendance : pour rester compétitif, Showroomprivé mise sur la technologie et réduit les coûts liés aux tâches humaines. En somme, l’IA est en train de remplacer l’humain.
Selon Sud Ouest, la majorité des suppressions se concentreront dans les fonctions support et logistiques. Le groupe explique vouloir s’adapter à « un environnement macroéconomique défavorable », marqué par la désintermédiation des marques et la croissance du marché de la seconde main, qui grignotent ses parts de marché traditionnelles.
Ce repositionnement repose aussi sur la transformation interne : réorganisation des équipes, fusion de pôles et redéfinition des métiers. L’entreprise veut « valoriser ses atouts au bénéfice de ses clients », tout en rationalisant sa structure. En clair, plus de digitalisation, moins d’emplois, mais l’espoir d’un regain de compétitivité sur le marché français.
Des résultats 2024 dans le rouge et une pression accrue sur l’emploi
Les difficultés du groupe ne datent pas d’hier. En 2024, Showroomprivé a enregistré un volume d’affaires d’environ 1 milliard d’euros, quasiment stable (-0,5 %), mais son chiffre d’affaires net a reculé de 4,5 %, à 646,5 millions d’euros. L’EBITDA, indicateur de performance opérationnelle, s’est effondré de 23,6 millions à 2,3 millions d’euros (-90 %), et le résultat net s’est enfoncé dans le rouge à -39,7 millions d’euros, notamment à cause d’une réévaluation comptable liée à l’acquisition de la start-up The Bradery. Ces pertes expliquent la recherche urgente de marges de manœuvre. L’emploi devient ici synonyme de variable d’ajustement.
Fondée en 2006 par Thierry Petit et David Dayan, l’entreprise avait pourtant bâti sa réputation sur l’innovation et la proximité avec les marques. Introduite en Bourse en 2015, valorisée alors à plusieurs centaines de millions d’euros, elle incarnait la réussite française du numérique. Mais la pression concurrentielle et la volatilité du marché du e-commerce ont peu à peu érodé ses marges.
