En 2021, alors que commençait à se calmer la crise de la Covid-19 et que les pénuries faisaient grimper les prix, tous les spécialistes et les banques centrales étaient d’accord : l’inflation ne serait que temporaire. Au pire, elle serait restée élevée jusqu’au 2e semestre 2022, avant de retomber en fin d’année. Un scénario optimiste auquel la BCE ne croit plus : l’inflation élevée est là pour rester.
Zone euro : la hausse des prix atteindra 5,1% en 2022
Lors d’un colloque auquel elle était invitée le 17 mars 2022, Christine Lagarde, ancienne ministre de l’Économie française désormais à la tête de la Banque Centrale Européenne, l’a annoncé : la « dynamique de l’inflation » a changé. La BCE ne prévoit plus que la hausse des prix retombe sous la barre des 2% par an, niveau bas d’avant pandémie de Covid-19 et niveau plus bas que l’objectif fixé par la BCE de 2% par an.
Au contraire, les premiers éléments pour l’année 2022 laissent penser que l’inflation sera deux à trois fois supérieure. En zone euro, en février 2022, l’inflation annuelle a grimpé à 5,8%. Et la situation, selon les nouvelles prévisions de la BCE revues en hausse, ne va pas s’améliorer rapidement : une inflation à 5,1% en moyenne en zone euro est attendue sur l’année 2022.
Vladimir Poutine et sa guerre en Ukraine sont responsables
La dégradation de la situation concernant la hausse des prix a un coupable : Vladimir Poutine et sa décision d’attaquer l’Ukraine. Une guerre qui a été critiquée quasi-unanimement dans le monde et qui, surtout, conduit à des tensions géopolitiques d’une ampleur inédite. Les sanctions économiques contre la Russie ont été légion.
Les prix de l’énergie et des matières premières ont explosé à la suite du début du conflit, alors qu’ils étaient déjà élevés à cause de la fin de la pandémie, de la reprise économique et de la relance industrielle. Autant d’éléments qui se répercutent sans surprise sur les prix à la consommation.
Inflation : un peu mieux dès 2023 ?
Le conflit ukrainien devrait, en outre, amputer la croissance de la zone euro : la BCE s’attend désormais à 3,7% de croissance en 2022, une révision à la baisse liée notamment à la hausse des prix qui crée des problèmes pour les entreprises et devrait freiner la consommation des ménages.
Malgré tout, l’inflation élevée ne devrait pas, selon la BCE, se poursuivre au-delà de 2022, sauf si le conflit en Ukraine ne donne pas lieu à d’autres conflits en Europe ou dans le monde. De fait, dès 2023, la situation s’améliorera : l’inflation est attendue à 2,1% sur l’année, puis à 1,9% en 2024. Des prévisions qui restent néanmoins très incertaines, mais qui devraient rassurer les marchés et les ménages puisqu’elles sont conformes à l’inflation idéale visée par la Banque Centrale Européenne.