Gestation pour autrui : une pratique anthropo-illogique

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Par Henri Joyeux Modifié le 5 février 2013 à 2h04

Le mariage pour tous a pour but l'adoption d'enfants par les couples de même sexe. Il évoluera vers l’Aide Médicale à la Procréation (AMP), pour tous. Pour les hommes, qui réclament déjà, il faudra passer par la grossesse pour autrui (GPA) ou la greffe d'utérus. Cette greffe a déjà réussi de femme à femme, on attend BB. Nul doute qu’elle est techniquement possible dans un organisme masculin émasculé ou pas, inondé d’hormones un an avant une FIV puis le 1er trimestre de la grossesse ; ensuite le placenta prendra le relais jusqu’à la naissance par césarienne.

Au nom de l’égalité les comités d’éthique, des ministres obsédés par l’égalité, la discrimination et l’”hétérophobie” donneront le feu vert. A distance la GPA ne sera plus nécessaire. Pour l’instant on contourne la loi pour aller dans des pays en retard sur le plan humain. Ils ne respectent pas l’enfant. Ils l’exploitent, ainsi que la jeune femme porteuse, vendent des enfants pour le plaisir d’adultes en mal d’affection. Ainsi, les techniques médicales ne seraient plus seulement faites pour soigner l'infertilité maladie mais pour infertilité sociale, détournant la médecine de son but tout en disant le contraire : c’est du soin, alors qu’elle est instrumentalisée.

Le désir d’enfant se transforme en droit à l’enfant, qui ne serait plus que le fruit de la volonté : un enfant « parce que je le veux et je le vaux bien ». Cet enfant du besoin n’est imaginé que dans une perspective d’être à choyer, à éduquer, à voir grandir en le coupant radicalement de la scène de sa naissance qui n’existera plus dans le projet de Loi (acte de naissance déniant la naissance propre à l’engendrement) ou de son besoin de différence auprès d’un homme et d’une femme. Le discours à la mode nous répète : l'enfant pour tous est possible, il suffit de le désirer, c'est de l'amour. Alors même que l’amour n’a jamais suffi : Un enfant a plus besoin de parents que d’amour, rappelait Winnicott. Mais sait-on de nos jours ce que sont des « parents » ? L’amputation voulue du père ou de la mère auprès de l’enfant est une grave erreur anthropologique.

Le discours républicain

PMA, Adoption, GPA sont au service de l'égalité et de la liberté républicaines. Quant au devenir des enfants, élevés par des personnes de même sexe, suite à une union antérieure ou à une AMP à l’étranger ou via l'adoption ou GPA, il ne poserait aucun problème, ce qui se révèle de plus en plus faux, au fur et à mesure que la manipulation des études est révélée au grand jour. Mais qu’importe cette réalité, des émissions nous apportent la preuve par les média audio-visuels très prosélytes : « on en voit tous les jours à la télé, tout va bien, sans papa ou sans maman, c’est même mieux ! » Qui aura le courage – en dehors du Dr Pierre Levy-Soussan* - de montrer les achoppements, les difficultés, les malaises de ces enfants ?

Un homme influent et richissime des médias a affirmé que louer ses bras ou son utérus revient au même. Une autre forme d’esclavage féminin ? Pourquoi notre société a tant de mal à penser les limites ? Ce qui est appelé « progrès » en matière de droit à l’enfant est une régression à une toute puissance infantile où « le désir fait loi ».

Preuve en est cette urgence à légiférer, puis en mars, un bouleversement plus grand dans le champ des lois sur la famille. Désinstituer la filiation serait la priorité absolue ! Ainsi programme-t-on l'absence de père dans une famille ou l'absence de mère ? Le crédo écologique impose la parité dans toutes les institutions, mais curieusement pas dans la famille. Un père, une mère, quelle importance ! Est-ce vrai pour les enfants ?

Le père ”spermatique” et la mère ”ovulaire”

La biologie, ne ment pas. Pour faire un enfant, il faut unir les gamètes masculins et féminins et un couple d’homme et femme pour qu’il rêve de ses origines où il est identique à l’un et radicalement différent de l’autre. Ainsi se construit son psychisme, dans l’altérité de ses origines. On veut remettre en question ce modèle si fondamental. Le suivi des enfants adoptés ou bien issus d’AMP nous a appris que ce n’est pas le lien biologique qui permet à l’enfant de se construire, mais le lien psychique de ses parents seuls « père et mère de toujours », car c’est leur désir qui a pris le relais des origines interrompues que l’enfant a tant besoin de dépasser.

Le moindre malaise avec l’adoption, ou sur les enjeux psychiques de l’AMP ou de la GPA pousse toujours l’enfant à retourner dans le passé au lieu de construire sa vie vers l’avenir. Combien d’errance filiative pour rechercher son père spermatique, sa mère ovulaire ou porteuse, généreux donneurs présents dans quelques documents secrets à l'hôpital qu'on hésite à ouvrir au nom de la « vérité biologique » qui semble régner en maîtresse de nos jours ? Nos responsables politiques ont perdu la tête.

* Destins d’adoption – Ed Fayard

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Ancien président de Familles de France, auteur "Les enfant d'abord" Editions du Rocher

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