Agriculture : il faut sauver le soldat chou-fleur !

La filière française du chou-fleur traverse une crise brutale et inattendue. En quelques semaines, les champs se sont remplis plus vite que prévu, les ventes ont ralenti et les producteurs alertent. Face à cette situation rare, maraîchers et grande distribution lancent un appel clair aux Français pour sauver un légume emblématique de l’agriculture nationale.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 15 décembre 2025 6h54
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Agriculture : il faut sauver le soldat chou-fleur ! - © Economie Matin
80%La Bretagne produit près de 80% des choux-fleurs de France.

Mi-décembre 2025, la France fait face à une crise aiguë du chou-fleur, conséquence directe de conditions climatiques exceptionnelles et d’une consommation en berne. En Bretagne, cœur historique de la production, les volumes récoltés dépassent largement les prévisions, mettant en difficulté des milliers de maraîchers et toute une filière agricole déjà fragilisée.

Le chou-fleur au cœur d’une crise agricole sans précédent en France

Depuis plusieurs semaines, le chou-fleur s’accumule dans les champs et sur les quais de conditionnement. En cause, une météo anormalement douce à l’automne, qui a accéléré la croissance des légumes. Ainsi, des volumes initialement prévus pour janvier ont été récoltés dès décembre, créant un afflux massif sur le marché. Par conséquent, l’offre dépasse largement la demande, alors même que la consommation n’a pas suivi le même rythme, comme l’expliquent les représentants de la filière agricole.

Cette situation touche particulièrement la Bretagne, région qui concentre environ 80 % de la production nationale de chou-fleur, selon TF1 Info. Or, dans le même temps, les habitudes alimentaires évoluent lentement. Certains consommateurs disent manquer d’idées pour cuisiner ce légume, tandis que d’autres évoquent une lassitude ou des contraintes pratiques. De plus, malgré des prix bas et une origine France clairement affichée, la vente ne décolle pas. Ainsi, près de 30 % des choux-fleurs mis sur le marché resteraient invendus chez certains maraîchers bretons, toujours selon TF1 Info.

Le chou-fleur face à l’appel pressant des maraîchers et de la grande distribution

Face à cette crise du chou-fleur, les producteurs ont décidé de sortir de leur silence. Marc Kérangueven, président du Cerafel, a résumé la situation en expliquant que « l’on récolte en ce moment la production prévue pour le mois de janvier, ce qui explique que les volumes sont deux fois plus importants que la normale », relaye RTL. Dès lors, l’équilibre économique des exploitations est menacé, car les prix chutent tandis que les coûts de production restent élevés, notamment en énergie et en main-d’œuvre.

Dans ce contexte, la grande distribution s’est également mobilisée. Cinq grands groupes, dont Carrefour, Intermarché ou encore Coopérative U, ont publié un communiqué commun appelant explicitement les consommateurs à acheter du chou-fleur français. Selon ce texte relayé par RTL, « la sortie de crise repose également sur l’acte d’achat ». Autrement dit, chaque consommateur peut jouer un rôle direct dans le soutien à l’agriculture nationale.

Consommation, cuisine et responsabilité collective autour du chou-fleur

Au-delà de la production, la crise du chou-fleur interroge les habitudes de consommation en France. Pourtant, le légume reste accessible et peu cher. Selon Agri-Mutuel, la France exporte environ 110 000 tonnes de choux-fleurs chaque année, preuve d’un savoir-faire reconnu et d’un produit compétitif à l’international. Cependant, lorsque la consommation intérieure ralentit, ces volumes deviennent difficiles à écouler rapidement, surtout pour un légume frais et périssable.

Pour les maraîchers, l’enjeu dépasse la simple vente immédiate. Julien Quillévéré, producteur dans le Finistère, explique que « le moral des producteurs est quand même en berne » et que « si tous les Français achetaient un chou-fleur aujourd’hui, on arriverait peut-être à sauver notre filière », selon TF1 Info. Ainsi, derrière le chou-fleur, c’est toute une chaîne agricole, des exploitations familiales aux coopératives, qui dépend d’un sursaut de consommation. Choisir ce légume, le cuisiner différemment et le valoriser dans les repas quotidiens devient alors un acte concret de soutien à l’agriculture française.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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