Alimentation : l’aspartame bientôt interdit pour lutter contre le cancer ?

Un édulcorant omniprésent dans notre alimentation, une controverse scientifique qui dure depuis des décennies et une nouvelle offensive des associations de défense des consommateurs : l’aspartame se retrouve au centre d’une bataille décisive. Yuka, la Ligue contre le cancer et Foodwatch réclament son interdiction à travers une pétition européenne. Une démarche jugée nécessaire pour protéger la santé publique.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 4 février 2025 à 10h31
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40 mg par kg de poids corporelLa dose journalière admissible d'aspartame serait de 40 mg par kg de poids corporel.

Le 4 février 2025, Yuka, Foodwatch et la Ligue contre le cancer ont officiellement lancé une pétition européenne exigeant l’interdiction de l’aspartame dans les produits alimentaires. Cet édulcorant, utilisé dans plus de 2 500 produits en Europe, fait l’objet de critiques récurrentes depuis plus de 30 ans. En juillet 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) l’a classé parmi les substances « peut-être cancérogènes », ravivant les craintes quant à ses effets sur la santé. L’objectif de cette pétition est clair : exercer une pression politique sur l’Union européenne pour que cet additif soit interdit sur l’ensemble du marché.

Un édulcorant omniprésent et contesté

L’aspartame est largement utilisé comme substitut au sucre dans les boissons light, les chewing-gums, les produits laitiers allégés et même certains médicaments. Son pouvoir sucrant est environ 200 fois supérieur à celui du sucre, ce qui permet aux industriels de proposer des produits à faible apport calorique. Parmi les produits concernés, on retrouve notamment des marques grand public comme Coca-Cola Zero, Pepsi Max, Sprite Zero, les yaourts Yoplait 0%, ainsi que des chewing-gums Mentos et Hollywood.

Malgré cette large utilisation, les préoccupations se multiplient. En 2022, une étude de l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale a mis en évidence un risque accru de cancer dès la consommation d’une demi-canette de soda allégé par jour. D’autres recherches établissent un lien entre l’aspartame et un risque accru de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. Plusieurs études suggèrent que ce substitut au sucre ne favoriserait pas la perte de poids, mais pourrait au contraire contribuer au surpoids sur le long terme.

Une pétition européenne pour obtenir l’interdiction de l’aspartame

Face à ces risques, Yuka, Foodwatch et la Ligue contre le cancer ont décidé d’agir au niveau européen. Leur pétition vise 11 pays et appelle les consommateurs à se mobiliser massivement. Selon Julie Chapon, co-fondatrice de Yuka, 95 % des utilisateurs de l’application ont déjà cessé d’acheter des produits contenant des additifs controversés. L’objectif est donc de transformer cette prise de conscience individuelle en action collective, capable de faire pression sur les décideurs politiques.

Les associations dénoncent l’inaction des autorités européennes et des États membres face aux signaux d’alerte répétés. Pour elles, il faudrait bannir cet édulcorant, comme cela a été fait pour d’autres substances controversées. Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer, rappelle que « l’OMS et de nombreuses études scientifiques mettent en évidence ce risque. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas ».

Les résistances de l’industrie agroalimentaire et des autorités sanitaires

Si les défenseurs de la pétition demandent une interdiction immédiate, les industries agroalimentaires et les autorités sanitaires ne partagent pas leur avis. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) maintient que les preuves scientifiques sont insuffisantes pour justifier une interdiction. Elle rappelle que la dose journalière admissible reste fixée à 40 mg par kg de poids corporel et qu’une consommation raisonnable ne présenterait pas de danger.

Les industriels de leur côté défendent l’aspartame, estimant qu’il est utilisé depuis plus de 40 ans sans qu’un lien de causalité définitif ait été établi avec le cancer. Une interdiction représenterait un choc économique majeur, forçant des multinationales comme Coca-Cola ou Nestlé à reformuler des centaines de produits.

L’issue de cette bataille dépendra de la mobilisation citoyenne et des prochaines avancées scientifiques. Si la pétition parvient à rassembler un million de signatures, la Commission européenne sera contrainte d’examiner le dossier. Les consommateurs restent libres de vérifier les étiquettes et de choisir de limiter leur exposition à l’aspartame. Pour les associations à l’origine de cette initiative, il est temps que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard.

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Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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