Allemagne : la croissance recule au deuxième trimestre 2025

Après une embellie modeste au premier trimestre, l’économie allemande replonge légèrement entre avril et juin 2025. Le Produit intérieur brut (PIB) de la première puissance économique de la zone euro a reculé de −0,1 % au deuxième trimestre par rapport aux trois premiers mois de l’année, selon les données publiées ce 30 juillet par l’Office fédéral de la statistique (Destatis).

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 30 juillet 2025 13h28
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Allemagne : la croissance recule au deuxième trimestre 2025 - © Economie Matin
0,2%La croissance allemande a été négative de 0,2% en 2024.

Une contraction modeste mais symbolique pour la croissance allemande

Selon le communiqué officiel de Destatis, le PIB en volume corrigé des variations saisonnières, calendaires et des prix a baissé de 0,1 % au T2 2025, après une croissance révisée à la baisse de +0,3 % au T1 (contre +0,4 % précédemment annoncée). « Après un début d’année dynamique, la performance économique allemande s’est légèrement contractée au deuxième trimestre », indique Destatis. Cette évolution confirme la volatilité de la reprise post-Covid, dans un pays encore fragilisé par deux années consécutives de récession en 2023 et 2024.

Les données préliminaires publiées par Destatis révèlent une croissance modérée de la consommation privée, soutenue par la baisse du taux d’inflation et la stabilisation des prix de l’énergie. Les dépenses publiques ont également progressé, mais cela n’a pas suffi à compenser le recul de l’investissement.

Les investissements en biens d’équipement et en construction ont enregistré un net ralentissement au T2, après une envolée temporaire au T1 due à l’anticipation de sanctions douanières américaines. Cette chute contribue largement à la performance négative du trimestre.

Le commerce extérieur a joué un rôle ambigu : si les exportations restent soutenues vers certains marchés asiatiques, le reflux des livraisons vers les États-Unis, premier partenaire commercial de l’Allemagne, pèse lourdement. Ce reflux s’explique par la fin de l’effet d’anticipation observé au T1 en réponse aux droits de douane de 15 % négociés entre Washington et Bruxelles, annoncés début avril.

Le contexte budgétaire : des marges de manœuvre limitées

Depuis son arrivée à la chancellerie début mai 2025, Friedrich Merz tente de relancer l’économie avec un programme de relance de plusieurs centaines de milliards d’euros, principalement destiné à moderniser les infrastructures, soutenir la transition énergétique et renforcer l’industrie de la défense. Mais ses effets ne seront perceptibles qu’à partir de 2026. Dans l’immédiat, la levée partielle du frein à l’endettement votée par le Bundestag en juin suscite un débat intense entre orthodoxie budgétaire et volontarisme économique.

La Bundesbank, dans son rapport mensuel de juillet, estime que l’économie allemande devrait globalement stagner sur l’ensemble de l’année 2025, après une contraction de −0,2 % en 2024. Le Fonds monétaire international, de son côté, anticipait une légère croissance de +0,1 %, mais cette prévision ne tenait pas compte du recul observé au T2 ni de l’impact à moyen terme des nouvelles taxes douanières américaines. La Commission européenne, dans sa note de conjoncture publiée le 25 juillet, prévoit une croissance de 0,0 % en Allemagne pour l’année en cours, avec un redémarrage graduel à partir de 2026.

Pendant que l’économie allemande recule, la France enregistre une croissance de +0,3 % au T2, tirée par un rebond modéré de la consommation des ménages et un renforcement des stocks industriels, selon l’Insee. L’Espagne affiche +0,7 %, tandis que l’Italie, à l’instar de l’Allemagne, est en recul de −0,1 %.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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