Anne Hildago, les trottinettes et la dépense sociale

Anne Hildago parle le suisse ! La maire de Paris nous annonce en effet une « votation », un concept aux contours en France mal définis. Écoutons-la : il s’agira, nous dit-elle, d’un vote organisé par ses services et par lequel les Parisiens diront s’ils souhaitent ou non l’arrêt des trottinettes en free-floating.

Francois Garcon
Par François Garçon Publié le 19 janvier 2023 à 6h00
Trottinettes électriques Hidalgo Paris Votation
15.000 La ville de Paris recenserait 15.000 trottinettes en libre service, soit 69 trottinettes pour 10.000 habitants.

Pour l’heure, la date (2 avril 2023), l’objet (l’arrêt des trottinettes) et le caractère impératif du choix des électeurs sont connus : « Je respecterai le choix des Parisiens ».

La presse de ce jour livre quelques détails sur la procédure prévue, et notamment l’envoi à chaque électeur de la capitale d’un exposé des motifs.

S’il faut saluer cette initiative ressortissant de la démocratie participative, une initiative sans précédent à Paris, on se permettra quelques observations en regard du mode d’emploi utilisé en Suisse, un pays où les « votations » se pratiquent par dizaines chaque année.

D’abord, regrettons qu’entre l’annonce de la votation et le scrutin, le délai (moins de deux mois) soit si court.

Pour que la votation ait du corps, il aurait fallu permettre aux différentes parties de s’exprimer, de faire valoir leurs arguments, de les exposer à destination des électeurs parisiens appelés à trancher.

Une campagne d’affichage, dans tout Paris et pourquoi pas dans la proche banlieue, devrait permettre aux opérateurs de trottinettes de justifier leur valeur ajoutée, aux utilisateurs d’exposer leurs arguments, aux associations de Parisiens excédés par les débordements de ces engins de dire pourquoi leur suppression est une bonne chose, etc.

Dans cette affaire, on devine un truc précipité, mal agencé, bref un bricolage combiné à un coup de com'.

L’argument invoqué par la maire de Paris pour justifier sa votation se résume en ces termes : les trottinettes doivent être retirées de la circulation car leurs utilisateurs se comportent en sauvages, cannibalisant notamment les trottoirs, sans égard pour les piétons.

L’argument est dévastateur pour la mairie de Paris et la Préfecture de police qui, à ce que l’on croit savoir, disposent d’importants contingents de policiers (42 616) et d’agents municipaux (555) à qui reviennent la mission de sanctionner ces débordements.

A quelle tâche sont donc affectés ces agents de sécurité ? Que font-ils de leur journée ? On les voit circuler en voiture dans la capitale, souvent à raison de quatre par véhicule, mais au-delà ?

De son côté, la mairie n’aurait-elle pas pu exiger la pose d’une plaque d’immatriculation sur les trottinettes, bon moyen pour identifier les contrevenants et les verbaliser ?

Les caméras de surveillance n'ont-elles pas également pour finalité d’aider à traquer le banditisme et la délinquance ?

Dans les capitales européennes où ces engins sont en libre-service, on n’observe pas l’incivisme parisien. Sans doute que là-bas les outils de surveillance fonctionnent et les sanctions sont dissuasives.

Pourquoi ne pas s’inspirer des méthodes ayant fait la preuve de leur efficacité ?

Pourquoi, au motif que l’État est incapable de faire respecter la loi et l’ordre, s’en prendre aux trottinettes et à tous leurs usagers ?

Mais ne boudons pas notre plaisir : l’annonce de cette « votation » sur les trottinettes est une excellente nouvelle.

Souhaitons qu’elle ouvre la porte à d’autres votations ; souhaitons que celles-ci deviennent régulières, que toutes soient contraignantes.

Et, surtout, qu’elles n’émanent pas du seul gouvernement local mais aussi des électeurs, les principaux intéressés. Ceux-ci pourraient ainsi demander que, par voie de votation, soient soumis à leur approbation les centaines de millions d’euros que, chaque année, la majorité municipale attribue à des associations aux contours plus ou moins équivoques ; que soit vendu le parc de 2 000 voitures de fonction au service de la Mairie de Paris ou encore que soit cédé au plus offrant ce Stade de France dont l’entretien est à la charge des contribuables.

Bref, la maire de Paris s’apprête à ouvrir la boîte de Pandore. Il faut s’en réjouir.

Plus les citoyens pourront s’exprimer sur les dépenses publiques, sur leurs montants, sur leurs destinations, mieux notre démocratie s’en portera.

Vive donc les « votations » !

L’exemple de notre voisin suisse montre que les « votations » riment avec calme social, stabilité politique et prospérité économique.

Encore un effort Madame Hidalgo pour faire le bonheur du peuple, votre ambition affichée !

Francois Garcon

François Garçon, membre de l'assemblée générale de Contribuables Associés, essayiste, auteur de «France, démocratie défaillante. Il est temps de s’inspirer de la Suisse» (Éditions L'Artilleur), prix ALEPS du livre libéral 2022.

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2 commentaires on «Anne Hildago, les trottinettes et la dépense sociale»

  • Je fais partie des résidents secondaires à Paris mais domiciliés hors de France, payant leurs taxes foncière et d’habitation (+60%) mais n’ayant pas le droit de vote aux municipales, ce qui n’est pas, à mon sens, pas normal. Je réside la moitié de mon temps légal à Paris et bénéficie ou subis comme tous les électeurs parisiens les avantages ou inconvénients de la vie de la Cité dérivant notamment de la politique de gestion du maire en place. Ces « «votations » devraient être ouvertes à tous les habitants de la ville, qu’ils soient électeurs ou non.

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  • très bon article, bravo !

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