Antarctique : record inquiétant pour la banquise d’hiver

En 2025, l’Antarctique enregistre un triste record. La banquise d’hiver atteint son troisième plus bas niveau en 47 ans d’observations satellites, soulignant une accélération du phénomène.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 2 octobre 2025 11h00
Antarctique : record inquiétant pour la banquise d’hiver en 2025
Antarctique : record inquiétant pour la banquise d’hiver - © Economie Matin

L’Antarctique a enregistré, le 17 septembre, un maximum de banquise limité à 17,81 millions de km², selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC, Université du Colorado). C’est le troisième plus faible étendu hivernal depuis 1979, confirmant que le continent austral subit désormais de plein fouet le réchauffement climatique.

Une banquise antarctique en recul structurel

La banquise de l’Antarctique, qui s’étend chaque hiver austral, a atteint un maximum largement inférieur à la moyenne historique de la période 1981-2010, estimée à près de 18,7 millions de km². Le constat est sévère, 2023 reste l’année du record absolu du plus bas niveau, suivie de 2024, et 2025 complète ce triste podium selon le NSIDC. Jusqu’en 2016, les chercheurs observaient une légère tendance à la hausse de la surface de glace. Mais la dynamique s’est brutalement inversée. « Ce qui semble se produire, c’est que la chaleur des océans se mêle désormais à l’eau la plus proche de l’Antarctique », explique Ted Scambos, chercheur au NSIDC, cité par l’AFP.

Cette infiltration de chaleur océanique accélère la fonte et fragilise durablement la banquise. Cette glace flottante, si elle ne contribue pas directement à la hausse du niveau de la mer, joue pourtant un rôle central. Elle réfléchit la lumière solaire grâce à son fort albédo, ce qui limite l’accumulation de chaleur. Sa disparition favorise donc l’absorption d’énergie par l’océan, amplifiant le réchauffement régional et créant une boucle de rétroaction climatique inquiétante.

Des répercussions environnementales et économiques

La diminution de la banquise modifie aussi la dynamique océanique. Selon des projections relayées par la communauté scientifique, un affaiblissement de près de 20 % du courant circumpolaire antarctique d’ici 2050 est possible si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent à un niveau élevé. Un tel ralentissement perturberait l’équilibre des échanges thermiques mondiaux, avec des répercussions sur les climats régionaux et la biodiversité marine. Le retrait de la glace a également des conséquences écologiques immédiates.

La banquise constitue un habitat essentiel pour de nombreuses espèces polaires et un socle pour la production de phytoplancton. Or, la diminution de cette plateforme glacée bouleverse la chaîne alimentaire, mettant en danger la faune locale. Sur le plan économique, les impacts indirects sont tout aussi préoccupants. L’exposition accrue des glaces continentales à la fonte accélère la montée du niveau des mers, augmentant la vulnérabilité des zones côtières et pesant sur les infrastructures et les activités maritimes.

L’Antarctique face aux inconnues et à la crise climatique

Les scientifiques rappellent que l’Antarctique reste un système complexe, où interagissent vents, courants et oscillations climatiques. Mais les observations concordent. Le recul rapide de la banquise s’installe dans la durée. « La banquise agit comme un tampon pour protéger la calotte glaciaire », souligne encore Ted Scambos, dans le Huffington Post, alertant sur le risque d’une fragilisation accrue des glaciers terrestres.

Les outils de surveillance s’affinent. Les satellites ICESat et ICESat-2 permettent de reconstruire l’épaisseur de la glace grâce à des mesures laser, et de suivre l’évolution de la masse totale. Ces avancées technologiques sont indispensables pour anticiper les seuils critiques et orienter les politiques climatiques. Mais au-delà des progrès scientifiques, la conclusion reste claire. Seule une réduction rapide et massive des émissions peut limiter l’ampleur du phénomène et préserver la stabilité des mers gelées de l’Antarctique.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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