Arrêts de travail : la prévention et la prévoyance, deux piliers contre l’absentéisme

Problème structurel du salariat français, l’absentéisme est en hausse constante depuis quelques années, sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs : bouleversement des modes de travail post-Covid, nouvelles attentes sociétales, augmentation de certaines maladies ou des risques psychosociaux. Pour lutter contre ce phénomène, les entreprises peuvent s’appuyer sur deux leviers ayant fait la preuve de leur efficacité : la prévention des risques, d’une part, et la prévoyance, de l’autre, trop peu de salariés français bénéficiant encore d’une couverture contre les aléas de la vie.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Rédacteur Publié le 23 mars 2023 à 9h52
Chômage Cadres écart Diplome âge Marché Du Travail
40%40%d es salariés ont été en arrêt de travail en 2022.

Alors que la réforme des retraites mobilise défenseurs et adversaires du projet gouvernemental et que les manifestations battent leur plein, la question du travail s'est, de nouveau, invitée au cœur du débat public. Durée du travail, pénibilité, télétravail, rémunération, conditions de travail... Parmi tous ces sujets, l'absentéisme demeure une question malheureusement centrale en France. Ainsi, quatre salariés sur dix (40 %) se sont arrêtés au moins une fois au terme de l'année dernière, alors qu'ils n'étaient qu'un peu plus de trois sur dix (32,3%) en 2011, selon le baromètre absentéisme 2022 de Malakoff Humanis. Plus fréquents, les arrêts sont aussi en moyenne plus longs, avec les conséquences en termes de coûts et de gestion que l’on imagine pour les employeurs.

L'absentéisme, un phénomène en hausse chez tous les salariés

Inquiétante, cette tendance à la hausse de l'absentéisme s'explique notamment par le vieillissement de la population active française : plus on est âgé, plus on est susceptible de souffrir de maladies entraînant une absence prolongée du travail. Mais les séniors ne sont pas les seuls concernés, loin s'en faut. Contre toute attente, toujours selon le baromètre de Malakoff Humanis, les jeunes actifs ont aussi davantage recours aux arrêts maladie que les autres : assumant, dans l'entreprise, moins de responsabilités que leurs aînés, les jeunes entretiennent aussi un rapport très différent au travail ; une évolution sociétale qui a un impact sur leur engagement et, in fine, sur leur taux de présence. Enfin, les problématiques de santé mentale et les profondes transformations des modes de travail, liées ou pas aux conséquences de la crise sanitaire, contribuent, elles aussi, à cette hausse tendancielle de l'absentéisme.

Plus nombreux, les arrêts maladie sont également plus longs. Toujours selon Malakoff Humanis, le nombre d'arrêts maladie de longue durée, excédant trente jours, a sensiblement augmenté dans le privé entre septembre 2019 et septembre 2020. En hausse de 33 % sur douze mois, ces arrêts longs se sont aussi étalés, en moyenne, sur plus de 90 jours. Et, sur la même période, six entreprises sur dix (60 %) ont enregistré au moins un arrêt long, selon la même étude. Si la pandémie de Covid-19 a bien entendu eu un effet non négligeable sur ces chiffres, la tendance haussière ne s'est pas infirmée depuis. Aujourd'hui, même les managers, traditionnellement moins sujets à l'absentéisme, ne sont plus épargnés. En cause, bien-sûr, les fragilités personnelles propres à chaque individu, mais aussi les nouvelles exigences du travail ainsi que les lacunes dans la prise en charge, privée comme publique, des risques psychosociaux (RPS).

La prévention, levier indispensable contre l'absentéisme

Psychologue du travail, Adrien Chignard pointe également « une culture de la prévention insuffisante » en entreprise, tout en reconnaissant que ces dernières sont de plus en plus nombreuses à mettre cet aspect en avant afin d'attirer de nouveaux talents. Encore sous-investie par les entreprises, la prévention des risques est pourtant indispensable pour espérer faire durablement baisser l'absentéisme.

Il peut s'agir, par exemple, de décliner des actions prévenant l'apparition de troubles musculo-squelettiques, ou encore de diminuer le stress au travail en misant sur l'amélioration des relations entre salariés et managers. Renforcer le sentiment d'appartenance permet également d'augmenter l'engagement des collaborateurs. Enfin, pourquoi ne pas tout simplement contacter celles et ceux qui s'absentent pour s'enquérir de leur état ? Loin d'être perçue comme intrusive, la pratique serait, au contraire, plébiscitée par huit salariés sur dix.

La prévoyance pour accélérer la convalescence

S’il est primordial, pour les entreprises, de développer de véritables politiques de prévention des risques, il l’est tout autant de faire en sorte que leurs salariés arrêtés à cause d’un accident ou d’une maladie bénéficient des meilleures conditions de convalescence possibles, et se rétablissent au plus vite. Aujourd'hui, encore trop peu d'entreprises proposent à leurs collaborateurs une couverture prévoyance. Or, « sans couverture prévoyance, un salarié du privé en arrêt de travail de longue durée peut voir ses revenus chuter de plus de 80 % », met en garde un livre blanc récemment publié par le groupe mutualiste VYV.

Disposer d’une couverture prévoyance renforcée leur permettrait précisément d’amortir cette baisse de revenus et de s’équiper par exemple de dispositifs de soin non-couverts par leur système de santé. Libérés de la question de l’argent, ils peuvent se concentrer pleinement sur leur guérison et bénéficient de meilleures conditions de convalescence. À côté de la nécessaire prévention, la prévoyance permet de réduire la durée des arrêts de travail dus à des maladies ou à des accidents en facilitant le rétablissement des personnes concernées. Gagnante pour le salarié, la couverture prévoyance est donc aussi gagnante pour l'entreprise.

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Arrêts de travail : la prévention et la prévoyance, deux piliers contre l’absentéisme»

Laisser un commentaire

* Champs requis