La saison froide approche, et les commandes de bois de chauffage explosent sur internet. Dans cet afflux de demandes, les escroqueries prolifèrent, portées par des offres séduisantes mais mensongères. Pour éviter de tomber dans le piège des arnaques, il faut comprendre les méthodes des fraudeurs et savoir distinguer les vendeurs fiables des acteurs douteux.
Arnaques au bois de chauffage : comment les éviter

Le 18 septembre 2025, la DGCCRF a diffusé un rapport alarmant sur la multiplication des fraudes dans la vente de bois de chauffage, confirmant une tendance déjà observée lors des deux hivers précédents. Avec la hausse du recours au bois comme source de chaleur – utilisée par près de 7 millions de ménages selon les autorités –, les offres suspectes pullulent, notamment sur des sites internet peu transparents. C’est le moment d’adopter les bons réflexes.
Arnaques et fraudes : les nouveaux visages d’un vieux piège
Sous des apparences anodines, les méthodes employées par les escrocs au bois de chauffage sont de plus en plus élaborées, mêlant tromperie commerciale, fausse livraison et non-conformité du bois.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a révélé que 53 % des professionnels contrôlés enfreignaient la réglementation sur la vente à distance, notamment sur le droit de rétractation, souvent omis ou mal présenté. Plus d’un tiers des vendeurs ne fournissaient pas une information claire sur les prix ou les conditions de livraison.
Les fraudeurs visent d’abord les acheteurs via de fausses plateformes : visuels attrayants, remises importantes, promesses de livraison rapide. Mais une fois le paiement effectué, les victimes ne reçoivent rien. Certains sites usurpent même le nom de fournisseurs réputés, comme l’a observé le réseau France Bois Bûche.
Réglementation du bois de chauffage : ce que tout acheteur doit exiger
La protection du consommateur repose aussi sur la maîtrise des normes en vigueur. Tout vendeur sérieux doit respecter plusieurs règles précises.
Depuis l’entrée en vigueur du décret n° 2022-446, les vendeurs sont obligés d’indiquer sur chaque facture les caractéristiques du bois vendu : essence, taux d’humidité, longueur des bûches et quantité exprimée en mètre cube (le « stère » n’étant plus une unité légale).
Si le bois est commercialisé comme « prêt à l’emploi », son humidité doit être inférieure à 20 % pour les bûches, et à 10 % pour les granulés. Faute de quoi, la mention « à sécher avant emploi » devient obligatoire. Or, les inspecteurs constatent régulièrement des écarts importants entre la réalité et les informations fournies par les vendeurs.
Selon la DGCCRF, 62 % des professionnels n’indiquaient pas l’existence du médiateur de la consommation dans leurs conditions générales de vente, ce qui est pourtant une obligation légale depuis 2016.
Commandes en ligne : reconnaître les signaux d’alerte
Alors que la majorité des consommateurs passent désormais par internet pour commander leur bois de chauffage, certains indicateurs doivent immédiatement éveiller la méfiance.
Une offre trop alléchante est souvent une arnaque. En septembre 2025, le prix moyen d’un stère livré de bois sec de feuillus durs était de 97,63 € en France, selon Bois-de-Chauffage-Energie.fr. Une différence de plus de 20 % par rapport à ce tarif doit être considérée avec prudence.
Par ailleurs, l’absence de mentions légales claires, de conditions générales de vente complètes ou de numéro SIRET vérifiable constitue un indice sérieux de site frauduleux. Les faux vendeurs exploitent souvent des noms similaires à des sociétés existantes, parfois accompagnés de logos copiés.
Pierre Fougères, journaliste pour TF1 INFO, résume la situation : « Les consommateurs doivent systématiquement vérifier la fiabilité du site, car une fois l’argent transféré, il est souvent trop tard ».
Ce que la densité du bois ne dit pas toujours
Un bois plus lourd semble souvent meilleur — mais c’est un piège classique. L’humidité influence fortement la densité apparente, ce qui fausse le jugement du consommateur.
Un bois mouillé paraît plus dense qu’un bois sec, car il contient de l’eau… mais il est en réalité moins efficace et dangereux pour les installations. Il génère plus de suie, encrasse les conduits, et produit une chaleur réduite. D’où l’importance de demander le taux d’humidité réel, mesuré et affiché clairement, sur le devis ou la facture.
Il faut aussi distinguer densité « apparente » et densité « énergétique ». Un bois sec et dur (comme le hêtre ou le chêne) est plus performant, mais encore faut-il qu’il ait été stocké correctement. Les termes utilisés par les vendeurs (compact, compressé, ultra-dense) n’ont parfois aucune valeur réglementaire. Seuls les chiffres vérifiables permettent d’estimer le rendement.