Avec le Schakal, l’Allemagne et les Pays-Bas scellent un contrat à 3,41 Md€

Schakal entre dans l’arsenal européen. L’Allemagne et les Pays-Bas ont acté une commande conjointe de 222 véhicules d’infanterie « Schakal » pour 3,41 milliards d’euros. À la clé, un saut capacitaire mêlant mobilité 8×8 Boxer et puissance de feu Puma, avec options anti-drones et montée en protection.

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By Adélaïde Motte Published on 21 octobre 2025 16h00
Avec Le Schakal Lallemagne Et Les Pays Bas Scellent Un Contrat A 341 Mde
Avec le Schakal, l’Allemagne et les Pays-Bas scellent un contrat à 3,41 Md€ - © Economie Matin

Berlin, La Haye et l’OCCAR ont officialisé le marché Schakal, scellé à Bonn et annoncé par Rheinmetall. Ce contrat de 3,41 Md€ porte sur 222 Schakal, sous la maîtrise d’ouvrage de l’OCCAR via ARTEC (Rheinmetall/KNDS).

Schakal : l’accord Allemagne–Pays-Bas, chiffres clés et gouvernance

Le marché Schakal cristallise une approche industrielle intégrée. L’OCCAR notifie ARTEC pour 222 véhicules : 150 pour la Bundeswehr, 72 pour les Pays-Bas. Le ticket s’élève à 3,41 Md€ brut, dont presque 3 Md€ pour Rheinmetall. La structure contractuelle inclut un paquet logistique (formation, pièces, outillage), des options de protection anti-armes antichars et des briques de détection de tirs et de lutte anti-drones. Enfin, l’accord prévoit la possibilité d’appeler jusqu’à 248 unités additionnelles, ce qui sécurise l’échelonnement capacitaire et la charge industrielle.

Au-delà du volume, la gouvernance compte. ARTEC, co-entreprise Rheinmetall/KNDS Germany, reste le pivot du programme Boxer et de la variante Schakal. L’OCCAR, en tant que maître d’ouvrage plurinational, plaque une standardisation contractuelle et technique qui fluidifie les livraisons binationales et les évolutions incrémentales. « La valeur totale de la commande atteint 3,41 Md€, dont presque 3 Md€ pour Rheinmetall », précise le groupe dans son communiqué ; une formulation qui éclaire la répartition économique du marché et son poids pour l’équipementier.

Pourquoi ce choix séduit Berlin et La Haye

Sur le plan technique, Schakal agrège le châssis 8×8 Boxer — réputé pour sa modularité et sa mobilité stratégique — et la tourelle Puma RCT30 armée du canon MK30-2/ABM de 30 mm. Ce couplage marie la survivabilité d’un 8×8 blindé moderne à la létalité et aux capteurs d’une tourelle d’IFV de dernière génération. L’OCCAR qualifie ainsi le Schakal de « VCI très performant, offrant une létalité, une survivabilité et une flexibilité tactique accrues ». Cette phrase, lourde de sens, résume l’ambition : fournir un système apte aux combats de haute intensité, tout en restant déployable rapidement sur théâtre.

L’intérêt économique n’est pas secondaire. Les modules optionnels — protection renforcée contre les armes antichars, détection/identification de tirs, capacités anti-drones — ouvrent une trajectoire de revenus récurrents : rétrofits, MCO et incréments technologiques. « Les prochaines années verront des livraisons en continu ainsi que des développements et investissements pour de nouvelles variantes et capacités », insiste l’OCCAR. Cette feuille de route conforte la valeur vie du programme et lisse la charge pour la base industrielle, du donneur d’ordre au tissu de sous-traitants.

Schakal et l’économie du programme Boxer : effet d’échelle, options et calendrier

Schakal s’insère dans un paquet plus large autour du Boxer. Le 17 octobre, l’OCCAR a signé un contrat de 4,5 Md€ pour 270 véhicules supplémentaires (ambulances, véhicules école, modernisation de flottes), portant l’investissement total Boxer à plus de 10 Md€. Cet effet d’échelle sécurise les chaînes, amortit les coûts non récurrents et ancre la modularité Boxer comme « solution pérenne et évolutive » pour les participants. Pour les industriels, c’est un pipeline de commandes lisible ; pour les forces, la promesse d’une convergence logistique.

Côté cadencement, Reuters évoque une fenêtre de livraisons allemande 2027–2031 pour les Schakal, en cohérence avec les horizons industriels 8×8. La part de chiffre d’affaires « presque 3 Md€ » annoncée par Rheinmetall illustre la centralité du groupe dans l’assemblage, l’intégration et le soutien initial. Pour les Pays-Bas, la mutualisation avec Berlin via l’OCCAR sécurise volumes et standards tout en réduisant les frictions administratives de l’achat en coopération.

Schakal dans la doctrine : des « forces moyennes » plus rapides et plus dures au combat

Pour la Bundeswehr, Schakal devient le « système d’armes principal » des forces moyennes. Concrètement, il comble l’intervalle entre forces lourdes chenillées et unités légères, avec la capacité de franchir « rapidement de grandes distances en autonomie », grâce à la mobilité routière 8×8 et à une signature logistique contenue. Cette agilité opérationnelle répond aux exigences européennes : réactivité sur le flanc Est, interopérabilité OTAN, protection de convoi et combat débarqué sur terrains semi-urbains.

La conséquence est claire : Schakal, par conception, internalise des briques de valeur ajoutée exportables — tourelle téléopérée, capteurs, suites C2, kits de protection — qui se prêtent à des mises à jour continues. « Les années à venir verront des livraisons et des évolutions de variantes déjà planifiées », rappelle l’OCCAR. Autrement dit, le contrat Schakal n’est pas un « one-shot » ; c’est un socle industriel et capacitaire autour duquel viendront se greffer services, pièces et versions dérivées.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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