Sodium, 800 km, 5 minutes : CATL redéfinit la batterie de la voiture électrique

Des annonces qui bouleversent les repères, des promesses dignes de la science-fiction, des chiffres à faire pâlir Tesla. CATL revient sur le devant de la scène, armé d’une technologie qui pourrait bien redéfinir les contours de l’électromobilité mondiale.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 22 avril 2025 6h30
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voitures électriques, batteries, lfp, stellantis, catl, accord - © Economie Matin
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Le 21 avril 2025, le géant chinois CATL (Contemporary Amperex Technology Co. Limited) a secoué l’industrie automobile avec une double annonce fracassante lors du Salon de Shanghai. En dévoilant la seconde génération de sa batterie ultrarapide Shenxing, ainsi qu’un système révolutionnaire combinant sodium-ion et lithium-ion, CATL devient un acteur déterminant du futur de la voiture électrique.

Nouvelle batterie CATL au sodium : des performances inédites

Impossible d’ignorer les chiffres avancés : la nouvelle batterie Shenxing V2 permettrait à une voiture électrique de récupérer 520 kilomètres d’autonomie en seulement cinq minutes de recharge. Ce n’est pas une promesse lointaine : CATL prévoit de l’équiper sur 67 modèles dès cette année. L’autonomie totale annoncée grimpe à 800 kilomètresune performance qui défie les standards actuels et rebat les cartes du marché.

Dévoilée à Shanghai, cette technologie repose sur une chimie optimisée et des améliorations structurelles internes permettant un passage de 0 à 80 % de charge en 15 minutes. Une prouesse confirmée par Gao Huan, directeur technique de CATL, qui a affirmé que « la batterie est désormais prête pour une production industrielle à grande échelle ».

CATL promet une recharge ultra-rapide pour sa nouvelle batterie

Mais la révolution ne s’arrête pas à l’autonomie. L’un des nerfs de la guerre, c’est la vitesse de recharge, domaine où les constructeurs se livrent une lutte sans merci. CATL ne se contente plus de suivre : il devance BYD et Tesla, jusqu’ici champions autoproclamés de la charge rapide. Tandis que BYD évoque des véhicules acceptant 1 MW pour 400 km de charge en 5 minutes, CATL monte d’un cran avec une autonomie supérieure pour un laps de temps identique.

L’enjeu stratégique est immense. Dans les zones urbaines denses, ou les conducteurs pressés refusent encore l’électrique à cause des délais d’attente aux bornes, cette avancée pourrait être décisive. CATL prévoit par ailleurs d’accompagner cette technologie de systèmes d’échange de batteries, comme celui mis en place avec Nio, afin d’optimiser encore la rapidité de recharge.

Les batteries au sodium : le futur de l’électrique ?

CATL ne se contente pas d’optimiser l’existant. Il attaque un bastion encore peu exploré à grande échelle : la batterie sodium-ion. L’objectif est limpide : diminuer la dépendance au lithium et au cobalt, dont les chaînes d’approvisionnement sont à la fois coûteuses, polluantes et géopolitiquement instables.

La première vague de batteries au sodium sortira des usines en juin 2025 sous la marque Naxtra. Elles seront d’abord utilisées pour les véhicules industriels, notamment les poids lourds, où leur grande tolérance aux basses températures constitue un atout. Une seconde vague, destinée aux voitures électriques, est annoncée pour décembre.

Robin Zeng, PDG de CATL, s’est félicité de cette avancée en déclarant que ces batteries sont « sorties du laboratoire après dix ans de recherche », relate Boursorama. D’après lui, elles pourraient « rapidement remplacer la moitié des batteries LFP du marché ».

Deux batteries pour une voiture ?

Dans une démonstration d’audace technique, CATL a également levé le voile sur une architecture à double batterie. Ce système permet de combiner deux types de cellules dans un même véhicule, offrant ainsi une redondance en cas de panne et augmentant la sécurité, notamment dans les véhicules autonomes. Selon Gao Huan, ce système est le fruit de cinq années de développement et serait déjà en cours de déploiement auprès d’un constructeur non nommé. L’idée est de garantir une alimentation continue, même si l’une des batteries venait à défaillir — une solution particulièrement adaptée aux usages critiques.

Mais cette dynamique technologique pourrait être ralentie par des vents contraires venus de Washington. Le département de la Défense des États-Unis a récemment classé CATL parmi les entreprises soupçonnées de liens avec l’armée chinoise. Une accusation fermement rejetée par l’entreprise, qui nie toute implication militaire.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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